10 novembre 2022 - 07:00
Louis Bilodeau à l’aube de la retraite
Rétrospective sur 39 ans de carrière
Par: Sarah-Eve Charland
Le directeur général de la Ville de Saint-Hyacinthe, Louis Bilodeau, passera le flambeau à la directrice générale adjointe, Chantal Frigon. Photo Robert Gosselin| Le Courrier ©

Le directeur général de la Ville de Saint-Hyacinthe, Louis Bilodeau, passera le flambeau à la directrice générale adjointe, Chantal Frigon. Photo Robert Gosselin| Le Courrier ©

Il a été parachuté à la direction générale d’une Municipalité une première fois alors qu’il n’avait que 26 ans. Près de 39 ans plus tard, le directeur général de la Ville de Saint-Hyacinthe, Louis Bilodeau, quittera d’ici quelques semaines pour prendre sa retraite avec le sentiment du devoir accompli.

« Je me suis levé tous les matins en me disant qu’il fallait que je change le monde une journée à la fois », souligne M. Bilodeau à quelques semaines de sa retraite. Il quittera la direction générale le 1er janvier 2023. La directrice générale adjointe actuelle, Chantal Frigon, prendra la relève.

« Ça a été un plaisir de travailler avec M. Bilodeau. Ce que je retiens de Louis, c’est que c’est un homme très engagé, rigoureux et avec une éthique de travail irréprochable. C’est quelqu’un qui ose, qui nous a proposé des chemins moins fréquentés pour nous faire ressortir du lot », souligne Mme Frigon.

À l’âge de 26 ans

Ayant en poche une maîtrise en urbanisme, il a commencé à travailler à l’Épiphanie, après un court mandat sur la Rive-Sud de Montréal, comme inspecteur municipal. Trois mois après son arrivée, il a rédigé, à la demande du conseil municipal, un rapport sur la réorganisation de la gouvernance à la suite du décès d’un collègue. Les élus ont semblé apprécier ses observations puisqu’ils lui ont offert le poste de directeur général.

« J’avais 26 ans, se rappelle M. Bilodeau. Je leur ai dit : vous faites une erreur. Qu’est-ce que la population va penser? Le monsieur qui me précédait avait 58 ans. Ils m’ont dit que c’était à eux de gérer ça. C’est ce qui m’a lancé dans le milieu municipal. J’ai travaillé en direction générale pendant 39 ans. Je n’ai fait que ça pendant 39 ans. »

Ses 14 années à l’Épiphanie lui laissent de très beaux souvenirs, mais aussi une grande fierté. Il a contribué à l’embellissement de la Ville qui est passée d’un village avec des maisons sur terre battue à récipiendaire du prix Villes et villages fleuris du Québec à son départ.

En 1998, il a voulu migrer vers une plus grande ville. C’est alors qu’il a atterri à Sainte-Rosalie juste avant le regroupement des municipalités. « J’ai joué un rôle très actif dans la négociation pour le regroupement des villes. Je pense qu’aujourd’hui, on peut dire que ce regroupement-là a été pleinement réussi. L’ensemble des municipalités vivent en harmonie. On a une vision plus globale du territoire. Ça ne tiraille plus parmi les paroisses et les villes. »

Côtoyer plusieurs maires

Il a obtenu le poste de directeur général adjoint dans la nouvelle Ville de Saint- Hyacinthe. À la fin de 2007, il en est devenu directeur général. Pendant ces 15 années, il a côtoyé trois maires différents.

« Quand on est fonctionnaire municipal, une des qualités essentielles, c’est la souplesse. Dans ma carrière, j’ai travaillé avec six maires, tous avec des personnalités différentes. Il faut savoir entretenir des relations saines et un lien de confiance avec chacun. Avec ça, on peut tout faire. »

Il assure avoir appris de chacun d’eux. « Claude Bernier, c’est quelqu’un qui était plus âgé que moi. Il y avait une certaine forme de distance. J’étais très respectueux de ce qu’il était. Il a quand même été à la tête de la Ville pendant vingt ans. Il avait un sens politique aiguisé. S’il disait qu’on tournait à droite, on tournait pas mal à droite. Avec Claude Corbeil ou Léon Plante [Sainte-Rosalie], on était plus dans le développement économique. Ça m’a complètement animé, stimulé. On avait des idées. On se les partageait. On s’appelait tôt le matin ou le soir. On travaillait d’une manière plus rapprochée. J’ai adoré ça », raconte-t-il.

À quelques reprises, on lui a reproché de prendre beaucoup de place à la Ville. Pour M. Bilodeau, il s’agit de s’adapter à la volonté de chacun des maires. Certains lui ont laissé une plus grande place, comme l’ex-maire Claude Corbeil. D’autres préfèrent répondre eux-mêmes aux citoyens, comme le maire actuel André Beauregard, observe M. Bilodeau.

« Le directeur général, c’est celui qui a la responsabilité et l’imputabilité au niveau de toute l’administration. On a parfois l’impression que le directeur général en mène large, mais quand il se couche le soir, il regarde l’ensemble pour s’assurer que rien ne retrousse. Est-ce que j’ai été souvent à l’avant-plan? La réponse est oui, surtout à l’époque de M. Corbeil qui souhaitait que je sois souvent à ses côtés pour compléter l’information. C’est mal me connaître de dire que je cherche l’exposure. Je vais retourner dans l’ombre sous peu et je vais m’en trouver fort aise. »

Ses grandes fiertés

La liste des projets auxquels il a participé est longue, mais l’une de ses plus grandes fiertés est d’avoir contribué à la modernisation des réseaux d’égout. Il se rappelle qu’en 2004, près de 2000 résidences rejetaient leurs eaux usées dans les cours d’eau vers la rivière Yamaska. Cela aura pris près de 10 ans pour régler la problématique des égouts.

« Aujourd’hui, quand j’entends les jeunes dire qu’il y a une préoccupation importante au plan environnemental, je suis d’accord parce que nous sommes en urgence climatique, mais on oublie souvent le chemin qui a été fait. Il s’est fait un travail énorme à Saint-Hyacinthe sur la question de la qualité de l’eau, et ce, bien avant plusieurs villes. Ce prolongement de réseau, c’est une grande fierté », affirme-t-il.

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