« J’ai besoin de me sentir chez moi présentement et, avec les Lauréats, je me sens chez moi. Je me suis dit que ça vaudrait la peine de revenir jouer une dernière année ici pour regagner la flamme et la passion du football », confie Antoine Ouimet en entrevue avec LE COURRIER.
Le quart-arrière étoile des Lauréats, qui avait été élu le joueur le plus utile de la division 2 collégiale du RSEQ l’an dernier, était devenu le tout premier joueur dans l’histoire de l’équipe maskoutaine à être recruté par le Rouge et Or. « Une grande fierté », dit-il avec sincérité. Sauf qu’une fois rendu à Québec, où il avait emménagé en décembre pour se joindre à sa nouvelle équipe, tout ne s’est pas passé comme il l’avait anticipé.
« Il y a plein de trucs qui sont arrivés dans ma vie personnelle qui ont fait en sorte que je me sentais un peu isolé là-bas. J’avais besoin d’être proche de mon monde », affirme-t-il en se gardant bien d’étaler les détails de sa vie privée.
À ce moment, Antoine Ouimet avait déjà entamé les entraînements avec le Rouge et Or. Mais pendant qu’il touchait enfin à ce rêve de faire le saut dans les rangs universitaires, son moral, lui, était à son plus bas.
« Je me sentais un peu déboussolé et pas à ma place, dit-il. Je ne voulais pas perdre cette flamme-là du football et je sentais que je la perdais un peu en étant là-bas. »
« Me lever pour aller m’entraîner, c’était devenu difficile, raconte-t-il. La motivation n’y était pas. Quand j’étais sur le terrain, je donnais quand même mon 100 % parce que je ne savais pas quelle allait être ma décision, mais ça me demandait plus d’effort qu’à l’habitude pour me lever le matin. »
Le joueur originaire de la région de Beloeil/Mont-Saint-Hilaire a mûrement réfléchi sa décision avant d’annoncer aux entraîneurs qu’il comptait quitter l’équipe pour prendre soin de lui. « Il fallait que je sois sûr que c’était la bonne décision parce que je ne pouvais pas revenir en arrière. Je ne voulais pas que ce soit un coup de tête. Au final, c’était la bonne décision à prendre. Ça fait du bien d’être revenu à la maison. »
Supporté dans sa décision
Même si quitter l’une des plus prestigieuses équipes universitaires au pays peut avoir semblé être une décision déchirante, elle ne l’a pas été pour Antoine Ouimet.
« Je l’ai prise pour mon bien-être. Je pensais juste à ça, confie-t-il avec sérénité. Si je suis à Québec et que je ne suis pas bien, est-ce que ça va affecter ma vie présente et future? Finalement, j’ai tranché et c’était primordial pour moi de me sentir mieux et ça m’a ramené à Saint-Hyacinthe, à la maison. »
Les entraîneurs du Rouge et Or ont par ailleurs fait preuve d’empathie à l’égard d’Antoine Ouimet lorsqu’il a annoncé qu’il allait quitter l’équipe.
« Ils se mettaient dans ma peau et ils étaient là si j’avais besoin d’aide, souligne le quart-arrière. C’était la même chose pour les joueurs. Quand ils l’ont appris, il y en a qui m’ont écrit pour voir si j’allais bien et pour me dire qu’ils étaient là pour moi si ça allait moins bien. »
Son histoire, qui avait d’abord été rapportée par le journaliste Mikaël Lalancette dans Le Soleil ce printemps, témoigne de l’ouverture grandissante démontrée dans le milieu sportif québécois lorsqu’il est question de santé mentale.
« C’est sûr qu’il faut s’attendre à tout quand tu prends une décision comme ça, ça ne va pas faire le bonheur de tout le monde, poursuit Ouimet. Il y en a qui pensaient peut-être autrement ou qui se disaient que je m’en allais parce que j’avais peur de la compétition, mais ils ne savent pas la vraie raison de mon départ. Mais la plupart des joueurs et les entraîneurs ont été là pour me supporter. »
Continuer d’avancer
Antoine Ouimet n’a pas hésité à parler de sa situation aux entraîneurs des Lauréats, sa famille sportive des dernières années. Au fil des discussions, il a été soulevé qu’il était admissible pour jouer au cégep une dernière année s’il le désirait. Une option à laquelle il n’avait pas vraiment pensé jusque-là, mais qui s’avérait logique dans le contexte.
« Après une grande réflexion et après avoir évalué ce qui s’accordait le mieux avec mon parcours scolaire, j’ai décidé de revenir pour une quatrième saison », mentionne le joueur de 19 ans, qui venait de compléter un DEC en administration.
« Je ne voulais pas revenir au cégep juste pour jouer au football et ne pas avancer dans mes études, ajoute-t-il. J’en ai parlé à coach Seb [Sébastien Deschamps, l’entraîneur-chef des Lauréats] et on a trouvé une solution. Je vais continuer mes cours à l’université en ligne, mais je vais aussi être inscrit à une technique en comptabilité [au Cégep de Saint-Hyacinthe]. »
Le redoutable quart-arrière est conscient qu’il ne pourra sans doute jamais retourner avec le Rouge et Or après avoir décidé de quitter l’équipe. Comment voit-il donc son avenir dans le football maintenant?
« Au niveau universitaire, toutes les portes sont ouvertes, affirme-t-il. Quand les autres équipes ont su que je quittais Québec, elles m’ont écrit pour savoir quel était mon futur et pour savoir si c’était sûr que je revenais une quatrième année avec les Lauréats. Présentement, je garde toutes les portes ouvertes et j’y vais au jour le jour. Je pense juste à ma saison [avec les Lauréats] et je verrai ensuite où je me dirige. »
Mais la question la plus importante : comment se sent-il présentement?
« Beaucoup mieux, répond-il avec le sourire. Ça fait du bien de revenir avec mon monde, proche de mes amis et dans la famille du football des Lauréats. C’est au bon moment que j’ai réalisé que ça allait moins bien et qu’il fallait que j’agisse. Si je m’étais dit que c’était juste une passe et que j’avais attendu après l’été, ça aurait peut-être été encore pire. D’avoir pris la décision avant l’été, d’être revenu pour décompresser un peu et voir ma famille, ça a fait du bien au moral. »