Il y a un peu plus de trois ans, je vous parlais de Ristigouche, ce petit village de 168 personnes (aujourd’hui 157), qui affrontait courageusement la compagnie Gastem à larecherche de gaz de schiste sur son territoire. Celle-ci, frustrée d’un règlement voté par les citoyens pour protéger leurs sources d’eau potable, poursuivait la municipalité pour 1,5 millions de dollars. Cinq fois le budget annuel du petit village gaspésien à qui un géant gazier venait de lancer une bombe atomique juridique.
Eh bien, Goliath a été battu par David, qui heureusement n’était pas seul, aidé par des milliers d’autres citoyens mobilisés partout au Québec. Parce que l’issue de cette bataille concernait toutes les municipalités qui font passer les intérêts de leurs citoyens avant ceux des compagnies privées.
Rappelons que, devant l’attaque légale de l’ancien ministre libéral et président de Gastem, Raymond Savoie, le gouvernement Couillard a préféré ne pas s’en mêler et n’envoyer aucun renfort aux citoyens de Ristigouche.
Pourtant, dans sa décision, la juge Nicole Tremblay a salué la bonne foi des villageois qui n’ont fait qu’exercer leur droit le plus fondamental : décider de leur sort. Autant l’historique défaite de Ristigouche en 1760 (un an après les plaines d’Abraham) se concluait par une ultime défaite qui scellait le destin d’un peuple devant l’empire britannique, autant la victoire de Ristigouche de 2018 doit marquer un tournant dans la lutte à la dépossession de notre territoire et nos ressources devant les nouveaux empires, les corporations.
Après les victoires citoyennes à Anticosti, contre Énergie-est et les gazières dans la vallée du St-Laurent, cela devrait nous encourager pour les prochaines batailles. Car la guerre est loin d’être terminée.