Imaginez un moment que vous ayez l’occasion de prendre le volant d’un véhicule de plusieurs centaines de milliers de dollars et de le conduire dans des conditions exigeantes. Ou mieux encore, de le faire déraper comme bon vous semble, pour le simple plaisir de comprendre comment fonctionne le rouage intégral.
C’est exactement ce que j’ai eu l’occasion de faire en bordure de la piste du Mont-Tremblant, au volant de la Rolls Royce Spectre. Sur une portion de terrain à peine déneigée comme sur les routes sinueuses entourant la station de ski, c’est au volant de la tout électrique Rolls Royce Spectre que s’est déroulée la majeure partie de cette expérience.
Car oui, comme les autres, le constructeur de grand luxe britannique a décidé de prendre le tournant électrique. La Spectre est un véritable bijou dans ce domaine. Il est vrai qu’elle partage certaines de ses composantes avec BMW, la maison mère de la firme. Mais la Spectre pousse l’audace beaucoup plus loin.
Si on se fie uniquement à la fiche technique, on pourrait croire qu’on a affaire à une véritable soucoupe volante : plus de 141 000 capteurs-répartiteurs installés à la maison, 7 kilomètres de câble, une batterie de 102 kWh, voilà ce qui se cache sous la robe exclusive de ce grand coupé, fournissant une autonomie de 414 kilomètres.
Ainsi outillée, la voiture peut développer jusqu’à 586 chevaux et 664 livres-pied de couple et atteindre les 100 kilomètres à l’heure en moins de 4,5 secondes, malgré un poids imposant de plus de 2890 kilos. Cela aurait pu être encore pire, cependant, si les ingénieurs de Rolls Royce n’avaient pas retranché quelque 700 kilos de matériaux insonorisant, devenus inutiles en raison de la présence du très silencieux moteur électrique.
La calandre est imposante – c’est la plus grande de l’histoire – et rétroéclairée de surcroît, une option coûteuse mais charmante. La ligne de toit descend vers l’arrière avec aisance, laissant une silhouette allongée de plus de 5 mètres, mais dont le coefficient de friction est tellement bas que la voiture fend l’air.
Quant à la conduite, elle est exceptionnelle. La voiture ne fait aucun compromis, mue par un rouage intégral efficace et une direction qui s’avère plus précise qu’on ne pourrait le croire. En matière de tenue de route, la rigidité exceptionnelle du châssis, améliorée de 30 % en comparaison des autres modèles de la famille, rend le tout sans reproche.
Des suspensions appelées Planar, faisant notamment appel aux caméras de la voiture et à son GPS pour anticiper les soucis, donnent littéralement l’impression de rouler sur un tapis volant. En fait, électrique ou non, la Rolls Royce Spectre est une voiture sportive sans compromis.
Lancée à fond de train sur une piste enneigée, système de traction désactivé, la Spectre se maîtrise quand même du bout des doigts, offrant au conducteur un contrôle exceptionnel et un sentiment de maîtrise absolue.
L’habitacle déborde aussi de matériaux riches et de finition exceptionnels. Seul l’infodivertissement semble un peu ordinaire, et la visibilité arrière est réduite en raison de la taille de la fenêtre, mais ce ne sont que de petits détails.
Un peu de spectaculaire
Comme moi cependant, vous avez envie d’être ébloui par le détail de la Rolls Royce Spectre. Du nombre, la statuette Spirit of Ecstasy logée au somment du capot est exceptionnelle, la belle dame ayant nécessité plus de 800 heures de soufflerie pour conserver son aérodynamisme.
Dans l’habitacle, le plafond étoilé simulant une constellation avec ses 4796 perforations illuminées rend le séjour à bord magique. Les roues de 23 pouces, au moyeu rotatif garantissant la meilleure position du logo Rolls Royce dans toutes les positions, sont aussi du nombre des éléments qui donnent de la personnalité à la voiture.
Il faut y ajouter les nombreux systèmes avancés, et optionnels, d’aide à la conduite ainsi que les matériaux exceptionnels qui donnent au cockpit une sensation de salon de grand luxe, et vous aurez une idée de la qualité de la voiture.
Bien sûr, on doit aussi parler du prix qui, dans le cas de ma Spectre d’essai, excédait les trois quarts de million de dollars. Bien sûr, ce n’est à la portée que d’une poignée de personnes au pays. Mais on l’a dit, conduire une Rolls Royce, ce n’est pas de s’acheter une voiture ordinaire, c’est adopter un autre mode de vie. La Spectre confirme cela sans compromis.