L’ex-arbitre de la Ligue nationale de hockey, animateur de Bonsoir les sportifs et voix d’or unique de l’univers médiatique québécois, annonce sa retraite des ondes et je n’y crois pas une seconde.
Dans le domaine artistique, tout le monde connaît Ronald « Ron » Fournier. En revenant de travailler après les spectacles ou en tournée, c’est sa voix qui nous accompagne. Sur la route de nuit, y a peut-être souvent du mauvais café, mais y a toujours du bon Ron.
Après les parties de hockey, l’ancien « za-re-bitre » nous offrait une démonstration de patinage verbal, une classe de maître pour combler le vide. Quand il posait une question à quelqu’un en ondes, vous pouviez être sûr que Ron avait la réponse dans sa manche sous forme de monologue prêt à emporter jusqu’à la pause. Même quand il n’y avait personne pour poser de question, Ron se clonait pour se répondre. « Hein mon Ron? Oui Ron. Merci Ron. De rien Ron. » Et il pouvait tourner en Ron de même pendant des heures pour notre plus grand bonheur.
Ses soliloques épiques, ponctués d’onomatopées Raoûl Duguaysques, « Allô-allô Armand allô, Tabaslack! Bybybybybye mes beaux ti-beubés! », mais aussi d’élans poétiques comme « À chacun sa patate frite » ou « C’est zéro comme dans Ouellet! », resteront gravés dans nos mémoires. Mille fois avons-nous tenté d’imiter l’inimitable original, mais n’avons fait qu’effleurer la surface de l’océan géant qu’était le carré de sable de cet équilibriste du chaos mental. Pour paraphraser le cow-boy Woody dans Histoire de jouets 1 : « Ron ne vole pas, il tombe avec style. »
Je ne connais pas grand monde qui ne connaisse pas « Ron, le prophète ». Il est même connu de ceux qui n’ont jamais entendu ces bonnes paroles. Alors, si Ronald Fournier prendra effectivement sa retraite, son personnage lui survivra.