Même s’il faudra encore du temps avant que toutes les pièces du grand projet de 48 millions $ soient bien en place – il est financé aux deux tiers par Québec et Ottawa -, l’heure était à l’inauguration du nouveau Centre de valorisation des matières organiques (CVMO), complément indispensable aux équipements de biométhanisation de la station d’épuration des eaux usées.
Tout le monde s’était d’abord donné rendez-vous à l’édifice Gaétan-Bruneau, du 1000, rue Lemire – le garage municipal -, où se trouve le nouveau poste de ravitaillement des véhicules municipaux qui sont passés de l’essence au gaz naturel.
Cette conversion a été effectuée sur sept voitures jusqu’ici, mais leur nombre atteindra 50 au cours de la prochaine année, a-t-on appris. La Ville prévoit produire jusqu’à 13 millions de mètres cubes de biométhane par année lorsque ses installations fonctionneront à pleine capacité; elle en consommera elle-même 1 250 000 m3 et vendra tous ses surplus à Gaz Métro.
« Nous vivons ce matin un moment très important pour la ville de Saint-Hyacinthe, et je suis heureux de le vivre avec des gens qui ont travaillé d’arrache-pied pour réaliser ce projet », a souligné dans son mot de bienvenue le maire de Saint-Hyacinthe, Claude Corbeil.
Il a présenté le conseiller technique en traitement de l’eau à la Ville de Saint-Hyacinthe, Pierre Mathieu, comme « le grand visionnaire à l’origine de ce projet », ce qui a valu à M. Mathieu d’être chaleureusement applaudi.
Le ministre du Développement durable, de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, David Heurtel, a aussi pris part à l’événement, le qualifiant même de moment historique. « Dans cinq, dix ou quinze ans, on va se souvenir d’aujourd’hui, parce que c’est à Saint-Hyacinthe que ça a commencé », a-t-il lancé, ajoutant que les grands principes du développement durable étaient parfaitement mis en application dans le projet maskoutain. « À terme, on parle de 100 000 tonnes de matières organiques valorisées : c’est 15 000 tonnes d’émission de gaz à effet de serre de moins, ce projet-là », a-t-il souligné.
La tournée inaugurale s’est poursuivie au nouveau CVMO, situé dans le parc industriel Théo-Phénix, puis à la station d’épuration de la rue Girouard Est, où d’autres biodigesteurs vont bientôt s’ajouter. C’est aussi à cet endroit que sera construit le poste de traitement du biométhane en vue de son injection dans le réseau de distribution de Gaz Métro, une étape qui nécessite toutefois l’approbation de la Régie de l’Énergie.
Depuis le mois de septembre, deux entreprises de récupération qui ont signé des ententes avec Saint-Hyacinthe, Sanimax et Services environnementaux Richelieu, transportent au CVMO des résidus organiques solides provenant, entre autres, des épiceries. Et à compter du 1er décembre, c’est aussi au CVMO que seront acheminées les matières organiques que la Régie intermunicipale d’Acton et des Maskoutains recueille dans les 23 municipalités qu’elle dessert avec la collecte sélective à trois voies.
Les matières organiques traitées au CVMO passent par des broyeurs-séparateurs qui les débarrassent des emballages de plastique et des autres impuretés, même des étiquettes sur les fruits, tout en les réduisant en purée. Ce consommé – le substrat – est ensuite transporté par camion-citerne à la station d’épuration de la rue Girouard Est pour y subir la biométhanisation. Bientôt, la station sera aussi équipée pour le stockage d’intrants liquides qui y seront envoyés directement, dont du lactosérum généré par l’industrie agroalimentaire. « Ce qu’on va traiter annuellement, ce sont 224 000 tonnes humides de matières organiques », a indiqué Pierre Mathieu.
Outre du méthane, la Ville obtiendra par biométhanisation environ 100 000 tonnes de digestat lorsque le système fonctionnera à plein régime. Après une période de maturation de 30 jours au CVMO, ce digestat générera entre 25 000 et 30 000 tonnes d’un terreau (l’extrant) qu’elle pourra commercialiser. Mais la plate-forme de maturation du CVMO n’est pas encore prête à recevoir du digestat, ce qui nécessite toujours son transport vers le site de compostage de Burry, dans les Cantons-de-l’Est. Selon Pierre Mathieu, il faudra quelques mois encore avant que la plate-form e soit entièrement équipée et que la Ville reçoive de Québec l’autorisation de l’utiliser.