2 novembre 2023 - 03:00
Palmarès des déversements d’eaux usées de la Fondation Rivières
Saint-Hyacinthe dans le top 10 des villes ayant les plus grands déversements
Par: Sarah-Eve Charland

Malgré les nombreux investissements réalisés depuis 2019, la Ville de Saint-Hyacinthe fait encore piètre figure dans le palmarès de la Fondation Rivières qui répertorie les déversements d’eaux usées dans les cours d’eau en 2022. Saint-Hyacinthe se hisse au 7e rang des villes au Québec ayant eu l’indice d’intensité le plus élevé par habitant.

Un déversement se produit lorsque le réseau d’égout municipal n’est pas en mesure de traiter l’entièreté des débits des eaux usées. Cela est occasionné lors de précipitations de forte intensité. En 2022, on a compté 1365 déversements d’eaux usées dans la rivière Yamaska. En comparaison, en 2020, le nombre de déversements était de 1317, plaçant la Ville au 31e rang avec un indice d’intensité de 35,32. L’année 2021 a présenté des conditions idéales avec une fonte des neiges lente et peu de précipitations, ce qui a permis une diminution des déversements pour l’ensemble de la province.

L’indice d’intensité est calculé en fonction de la capacité des ouvrages et la durée des déversements. Notons toutefois qu’il est impossible de connaître le volume d’eau qui a été rejeté dans le cours d’eau pour chacun des débordements.

À la Fondation Rivières, on indique que les débordements planifiés ne sont pas comptabilisés dans leurs données habituellement. Toutefois, le déversement planifié du 5 et 6 novembre 2022 (voir autre texte page 6) a été enregistré comme un débordement d’urgence et un débordement causé par la pluie dans la banque de données Suivi des ouvrages municipaux d’assainissement des eaux usées (SOMAEU) du ministère. Cet événement fait donc partie des données utilisées par l’organisme pour établir le palmarès.

Alors qu’en 2020, Saint-Hyacinthe avait déversé ses eaux usées à neuf reprises par temps sec, ce qui signifie qu’il n’y avait pas de pluie et que le débit de la rivière était faible, on n’en observe aucun en 2022. En vertu du Règlement sur les ouvrages municipaux d’assainissement des eaux usées, les débordements d’eaux usées non traitées par temps sec sont interdits.

L’âge des infrastructures et le relief plat de la Ville accentuent le nombre de débordements d’eaux usées, explique la Ville dans un communiqué de presse. Le relief plat du territoire nécessite un plus grand nombre d’ouvrages de surverses, d’où un nombre de débordements plus grand en période de précipitations. De plus, près de 40 % du réseau est pourvu d’égouts unitaires où les eaux usées et pluviales se côtoient.

« Le palmarès 2022 que la Fondation Rivières [a publié] nous confirme ce qu’on sait déjà. Notre plan est solide et nous faisons appel à toutes les subventions disponibles, mais nous avons besoin d’une aide financière supplémentaire du gouvernement. Nous poursuivons nos efforts avec l’objectif d’élargir notre assiette fiscale, soit d’aller chercher des sommes supplémentaires notamment pour les infrastructures », affirme le maire de Saint-Hyacinthe, André Beauregard.

Des centaines de millions de dollars

Le plan de gestion des débordements de la Ville de Saint-Hyacinthe a été adopté au début 2019. Entre ce moment et l’année 2024, près de 100 millions de dollars ont été ou seront investis en travaux correctifs et compensatoires sur le réseau d’égouts. La Ville estime que près de 200 M$ en investissements seront effectués au cours des 10 prochaines années.

« Les élus municipaux sont très sensibles aux enjeux de la qualité de l’eau et nous pourrions accélérer les travaux qui restent à réaliser si, tout comme nous, le gouvernement du Québec avait des objectifs de réduction de déversements et débloquait les investissements nécessaires pour les rencontrer », ajoute le maire Beauregard.

La Ville de Saint-Hyacinthe a tenu à rappeler qu’elle a adopté un règlement de contrôle intérimaire, à l’automne 2022, afin d’encadrer le développement résidentiel et de le limiter seulement aux secteurs ou les infrastructures souterraines permettaient de recevoir des débits supplémentaires.

Selon les données SOMAEU, les stations de pompage Delorme, Saint-Maurice et Bibeau présentent les indices d’intensité les plus élevés. Du côté de la station Pratte, où les eaux usées de près de 80 % de la population circulent et qui a fait l’objet d’importants travaux l’année dernière, elle n’offrait pas une bonne performance en 2020, mais s’est améliorée au cours des deux dernières années.

« C’est clair que ça prend plusieurs années pour voir les résultats. Même si on sépare des réseaux dans certains secteurs, les eaux usées peuvent passer d’un réseau unitaire à un séparé, et vice-versa, dans leur cheminement avant d’atteindre l’usine d’épuration. Tant que le réseau n’est pas complètement séparé sur tout un territoire, ce sera difficile de voir les impacts. […] On comprend que les municipalités font ce qui est en leur pouvoir. C’est très difficile à financer, ce genre de travaux », souligne le conseiller en valorisation de données et qualité de l’eau chez Fondation Rivières, Gabriel Cliche.

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