9 juillet 2020 - 13:51
Mes bavardages : lettres à mon fils Louis 1876-1905
Saint-Hyacinthe décrite par la plume de Rosalie Dessaulles-Laframboise
Par: Olivier Dénommée
À travers les correspondances de Rosalie Dessaulles-Laframboise avec son fils publiées dans Mes bavardages : lettres à mon fils Louis 1876-1905, on en apprend beaucoup sur le quotidien de Saint-Hyacinthe à cette époque et sur cette famille qui a grandement marqué l’histoire de cette ville. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

À travers les correspondances de Rosalie Dessaulles-Laframboise avec son fils publiées dans Mes bavardages : lettres à mon fils Louis 1876-1905, on en apprend beaucoup sur le quotidien de Saint-Hyacinthe à cette époque et sur cette famille qui a grandement marqué l’histoire de cette ville. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

L’archiviste Anne-Marie Charuest en connaît plus sur l’histoire de Saint-Hyacinthe que bien des Maskoutains de longue date, elle qui a travaillé cinq années au Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe et qui a toujours gardé un intérêt pour la région. Avec l’historien Georges Aubin, elle a consacré deux années de travail sur le livre Mes bavardages : lettres à mon fils Louis 1876-1905.

Cet ouvrage regroupe certaines des 500 correspondances que Rosalie Dessaulles-Laframboise, fille de Jean Dessaulles et femme de Maurice Laframboise, a envoyées à son fils Louis alors qu’il vivait à Ottawa. Des correspondances qui permettent de brosser un portrait de notre région vue par les yeux d’une femme qui n’avait pas peur de dire ce qu’elle pensait.

C’est en 2012 qu’Anne-Marie Charuest a été chargée de faire le tri dans la documentation d’un fonds d’archives remis au Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe quelques années auparavant et qu’elle a découvert qu’il s’agissait d’une série de correspondances sur des dizaines d’années. Mme Charuest a tout de suite pensé à Georges Aubin, spécialisé dans l’histoire de la famille Papineau, pour lui faire part de l’existence de ce fonds d’archives qui donne la parole à une descendante de cette illustre famille – elle est aussi la nièce de Louis-Joseph Papineau -, mais le projet de livre n’a vraiment débuté qu’en 2018 après que M. Aubin eut insisté pour le faire avec Mme Charuest.

« Dans ce livre, on trouve de la généalogie, de l’histoire sociale, de l’histoire économique, de l’histoire politique… Les archives nous parlent beaucoup de notre histoire et du quotidien de l’époque! On en apprend plus sur les décisions de Rosalie, des problèmes d’argent de Maurice et des opinions qu’elle a sur certaines personnalités de l’époque », explique Anne-Marie Charuest, qui a fait un grand travail de tri pour retenir les extraits de lettres les plus intéressants dans le cadre du livre. Elle a aussi tenu à inclure une série de tableaux généalogiques pour permettre aux lecteurs de mieux comprendre qui étaient les personnages nommés dans les correspondances.

Femme de tête

Rosalie Dessaulles-Laframboise était une femme fascinante, mais qui est pourtant restée dans l’ombre des hommes de sa famille aux yeux de l’histoire. Le livre tente, en quelque sorte, de lui redonner la place qui lui revient. « Dans les premières correspondances, elle vit à Montréal, mais s’informe très bien de la situation à Saint-Hyacinthe. Elle a aussi des opinions très tranchées sur certaines personnalités : celle qu’elle a sur Sir John A. Macdonald est savoureuse! Elle raconte aussi le grand incendie de 1903 à Saint-Hyacinthe parce qu’elle était là. Les grands livres d’histoire ne parlent pas assez du quotidien, et c’est bien dommage », raconte Mme Charuest.

« Ce que je retiens du projet, c’est que les femmes de l’époque avaient des opinions qu’elles n’avaient pas peur d’écrire, alors que les hommes, impliqués dans la politique, ne pouvaient pas le faire », remarque Anne-Marie Charuest, rappelant que Louis Laframboise, à qui sa mère écrivait tout le mal qu’elle pensait du premier ministre Macdonald, était lui-même un employé du gouvernement fédéral! Elle admet aussi que, même si certaines lettres sont vieilles de près de 150 ans, elles gardent un aspect contemporain. « Ce qu’elle dit à son fils, je l’ai déjà dit au mien. Certaines choses ne changent pas! »

Mes bavardages : lettres à mon fils Louis 1876-1905 est en vente depuis peu, mais ne sera malheureusement pas distribué à grande échelle. Seulement une centaine de copies sont disponibles au coût de 25 $, en contactant Mme Charuest au amcharuest@gmail.com. Quelques copies sont aussi en vente à la librairie L’Intrigue de Saint-Hyacinthe.

D’autres projets

Archiviste passionnée, Anne-Marie Charuest a aussi fait paraître au début de l’été un autre livre, cette fois sur des archives photographiques de sa région adoptive. Belœil-Mont-Saint-Hilaire : une montagne, une rivière regroupe 200 images prises en 1860 et 1960, racontant l’histoire de la région en photos. Un autre projet qui pourrait voir le jour dans les prochaines années est un livre « historico-touristique » sur la vallée du Richelieu en collaboration avec Pierre Lahoud. Le travail ne manque décidément par pour Mme Charuest!

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