24 novembre 2022 - 07:00
Service de sécurité incendie
Saint-Hyacinthe met en suspens l’équipe Hazmat
Par: Sarah-Eve Charland
L’équipe Hazmat a été délaissée par les pompiers au cours des derniers mois. Photothèque | Le Courrier ©

L’équipe Hazmat a été délaissée par les pompiers au cours des derniers mois. Photothèque | Le Courrier ©

Les tensions s’enveniment entre les pompiers et la Ville de Saint-Hyacinthe. Les pompiers continuent de délaisser la spécialité Hazmat au point où la Ville en est réduite à suspendre ce service en attendant la signature de la nouvelle convention collective.

Il y a deux semaines, le Service de sécurité incendie de la Ville de Saint-Hyacinthe comptait cinq techniciens Hazmat, alors que le service en demande 15 pour être opérationnel. Cette équipe est spécialisée dans les interventions en matières dangereuses dans le but de répondre aux appels à Saint-Hyacinthe, mais également dans les MRC des Maskoutains et de La Vallée-du-Richelieu en plus des villes de Saint-Césaire, de Saint-Constant et de Sainte-Catherine. Au moment de l’entrevue, le président du syndicat, Simon Laflamme, annonçait qu’il restait trois techniciens spécialisés à Saint-Hyacinthe.

À la séance du conseil municipal du 21 novembre, la Ville a confirmé la suspension de l’équipe Hazmat. En cas de sinistre, la Ville pourra faire appel aux services de sécurité incendie de Sorel- Tracy, de Granby et de Drummondville. Des ententes d’entraide et de réciprocité étaient déjà conclues avec ces organisations. Au cours des quatre dernières années, Saint-Hyacinthe a fait appel à son équipe Hazmat à quatre reprises.

« [La Ville] a déjà dit que les gens quittent [la spécialité] à cause des moyens d’expression, mais ces moyens n’ont aucun rapport. Ils délaissent la spécialité parce qu’ils n’ont plus le temps de suivre des heures de formation et l’employeur est très peu accommodant », affirme Simon Laflamme.

Le maire de la Ville de Saint-Hyacinthe, André Beauregard, estime toutefois que le climat entourant les négociations pour une nouvelle convention collective a causé l’effritement de l’équipe. Bien que la résolution adoptée en séance du conseil annonce la mise en place d’un plan d’action pour reconstituer l’équipe, M. Beauregard admet que ce plan consiste à signer une convention collective.

« Ce sont des jeux de négociation. Le délaissement de la spécialité Hazmat, c’est un moyen de pression. Ils ont quitté la spécialité en bloc. Lorsque la convention collective sera signée, ils vont revenir. Le service va revenir à la normale », assure le maire.

Concernant l’état des négociations, il n’a pas voulu commenter. « Nous ne souhaitons pas négocier avec les pompiers sur la place publique et resterons discrets à ce sujet. […] Notre souhait est d’arriver à la signature d’une convention collective avec nos pompiers comme c’est le cas avec tous nos corps de métier. La porte a toujours été grande ouverte pour négocier et elle l’est encore. Nous invitons le syndicat à retourner à la table de négociation. »

Des mesures disciplinaires

La Ville de Saint-Hyacinthe a aussi imposé des mesures disciplinaires à deux pompiers qui seront suspendus sans salaire pendant 12 h. Le conseil municipal a aussi mis fin à la probation d’un autre pompier.

« Il y a des moyens d’expression pour montrer notre mécontentement face à la façon dont l’employeur négocie, souligne M. Laflamme. Il se dit de bonne foi, mais refuse à peu près toutes nos demandes. Pour nous, les mesures disciplinaires sont la continuité de ça. »

Selon le syndicat, des employés ont peinturé sur les camions en utilisant de la gouache comme moyen de pression. On aurait demandé aux pompiers de nettoyer le tout, mais ces derniers auraient refusé. M. Laflamme souligne que les pompiers ont très peu de moyens de pression à leurs dispositions, mais celui de s’afficher sans abîmer les camions en fait partie. Le syndicat compte contester toutes les mesures disciplinaires.

« On va aussi dénoncer la façon de faire. Ce n’est le fun pour aucun salarié d’apprendre ça à la séance du conseil. […] On a été informés qu’il y aurait des mesures disciplinaires, mais on ne savait pas à qui elles étaient destinées. On l’a su hier. Les gens visés l’ont su hier en même temps que tout le monde. Il n’y a eu aucune rencontre par les ressources humaines au préalable. C’est totalement irrespectueux », déplore le président du syndicat.

Selon le maire de Saint-Hyacinthe, peu importe que les pompiers soient en négociation pour une convention collective, les gestes étaient inacceptables.

En octobre, la Ville de Saint-Hyacinthe avait aussi dû débourser 3300 $ pour faire enlever des collants qui ornaient la flotte de camion, un moyen de pression qui avait été mis de l’avant par les pompiers.

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