Ce dernier s’est éteint jeudi dernier au centre hospitalier Honoré-Mercier de Saint-Hyacinthe, où il avait été transporté d’urgence après avoir été terrassé par un malaise à son domicile. Il était âgé de 88 ans et il mordait encore dans la vie à pleines dents.
L’onde de choc provoquée par la mort de celui qui s’est fait connaître pour son apport au monde de l’éducation et son implication dans les milieux politique et communautaire maskoutains était encore bien vive en début de semaine parmi tous ses proches et anciens collaborateurs.
Mais la consternation et la tristesse ont eu tôt fait de se transformer en un véritable concert d’éloges à l’endroit de ce natif de Granby qui n’a eu de cesse de s’investir sur à peu près tous les comités et toutes les instances depuis qu’il s’était installé à Saint-Hyacinthe en 1962.
Parmi ses implications notoires, on retiendra qu’il a été trésorier et cofondateur du Centre de bénévolat de Saint- Hyacinthe, administrateur, puis président de la bibliothèque municipale de 1975 à 2000, vice-président du conseil d’administration de l’hôpital Honoré-Mercier de 1999 à 2004 et président du Rendez-vous des papilles de 2009 à 2012. Il a aussi piloté le comité chargé de déterminer l’avenir des locaux vacants du Séminaire à la suite de la fermeture du Collège Antoine-Girouard. Ancien pensionnaire et professeur du Séminaire, puis responsable de l’organisation des célébrations de son 200e anniversaire en 2011, il a assuré une transition en douceur vers le secteur public. « Que ce soit public ou privé importe peu. Le [réseau] public, ce n’est pas le diable en personne », mentionnait-il au COURRIER en 2014.
Du cégep…
« Un gentleman avec un grand G, un véritable leader, un grand rassembleur qui savait s’entourer, un pilier de notre communauté, un bon vivant, un ami sincère et toujours disponible, un être qui savait écouter et convaincre, un grand homme », voilà autant de traits de personnalité propre à Ray-Marc Dumoulin qui sont ressortis de nos échanges avec ses anciens collègues et amis.
L’ex-maire de Saint-Hyacinthe Claude Bernier est même sorti de la réserve qu’il s’impose depuis sa retraite politique en 2013 pour rendre hommage à son vieil ami, complice, partenaire de golf et voisin. Il faut dire que la relation entre les deux hommes ne date pas d’hier.
Elle remonte au temps où, comme directeur de la polyvalente Hyacinthe-Delorme, Claude Bernier avait été invité à siéger au conseil d’administration du Cégep de Saint-Hyacinthe, une institution qu’a dirigée Ray-Marc Dumoulin pendant 10 ans, à partir de 1994. M. Bernier avait alors été impressionné par l’attitude et le leadership calme et rassurant manifestés par M. Dumoulin.
Serge Cloutier, qui a œuvré avec M. Dumoulin au collège maskoutain et qui lui a même succédé à la direction générale en 1994, peut en témoigner. « Une force tranquille qui pratiquait la technique de la porte ouverte, dira-t-il à propos de celui qu’il a côtoyé de près pendant une bonne vingtaine d’années. Il m’a sorti de l’entreprise familiale [P.P. Électrique] pour me ramener dans le secteur de l’éducation en 1984 en me confiant l’éducation aux adultes, puis la Direction des études et enfin son propre poste. Son impact sur moi est encore plus grand que je ne le réalisais jusqu’ici. Il avait une habileté politique indéniable et il le fallait pour survivre 10 ans à la direction du Cégep à une époque assez tumultueuse. Il voyait venir les coups et il savait les parer comme pas un. »
Quand Serge Cloutier a pris la relève de M. Dumoulin, il ne l’a pas laissé s’éloigner du collège pour autant. Il est même devenu son patron. « Le Groupe CTT, le centre de transfert technologique du cégep axé sur le textile, manquait cruellement de leadership et je savais qu’il était la personne toute désignée pour lui en donner. Il a pris les choses en main pendant deux ans. Ray-Marc est même revenu par la suite nous donner un coup de main pendant la crise du verglas en prenant en charge la cafétéria quand le cégep a été transformé en centre d’hébergement improvisé. Il a pratiqué tous les métiers! »
Collègue de longue date de M. Dumoulin, Guy Gagné, ex-directeur des services administratifs du Cégep, estime que celui-ci n’est pas étranger à l’essor spectaculaire de cet établissement entre 1984 et 1994. Son règne est survenu à un moment charnière de son histoire. « Les tensions à l’interne se sont calmées et il a entrepris de faire rayonner positivement le cégep dans sa communauté en assurant sa présence et sa visibilité sur tous les comités. Il ne voulait pas gérer en vase clos ni diriger dans une tour d’ivoire. Il a donné du lustre et sa fierté au cégep. Les inscriptions sont passées de 2000 à 3000, Synor a vu le jour, les centres de transferts technologiques se sont développés et il y a eu trois agrandissements de locaux successifs. »
C’est d’ailleurs pour « avoir donné ses lettres de noblesse au Cégep de Saint-Hyacinthe » que Ray-Marc Dumoulin avait été consacré Personnalité de l’année 2015 par Le Courrier de Saint-Hyacinthe et la Chambre de commerce locale.
… aux Fêtes du 250e…
Une fois élu maire, Claude Bernier a tout de suite vu un défi taillé sur mesure pour M. Dumoulin. Il lui a offert la présidence du comité organisateur des Fêtes du 250e de la Ville de Saint-Hyacinthe prévues pour 1998, une offre assortie d’un mandat bénévole… échelonné sur quatre ans!
« J’ai été un peu effronté de lui proposer ça, raconte M. Bernier, mais il a accepté de prendre la tête d’un comité de 25 personnes et il l’a mené de main de maître. Il est allé chercher pour 1 M$ de financement et les Fêtes ont été un immense succès populaire. On a même réussi à dégager un surplus de 60 000 $. Ses qualités de meneur sont ressorties comme jamais auparavant! »
Directrice générale des Fêtes du 250e et bras droit de Ray-Marc Dumoulin, France Guilmain conserve de précieux souvenirs de l’homme et de ses enseignements. « C’était un gentleman pragmatique, toujours dans l’action, un leader respecté et respectueux qui a toujours su bien s’entourer. Il avait toujours le sourire aux lèvres. Il multipliait les implications, mais étrangement, il était toujours disponible, c’est vraiment particulier », confie celle qui avait ensuite attiré M. Dumoulin au conseil d’administration de la Société de diffusion de spectacles (SDS), opérateur du Centre des arts Juliette-Lassonde.
« Sa contribution pour l’éducation et le milieu communautaire ne doit pas faire ombrage à son apport indéniable dans le domaine des arts et de la culture, note l’ancienne directrice générale et artistique de la SDS. Plusieurs personnes lui sont redevables. Personnellement, il m’a stimulée à foncer dans la vie et à toujours aller de l’avant. C’est l’un de ceux qui m’ont le plus marquée, le plus impressionnée, avec André H. Gagnon. »
… en passant par l’Ordre national du Québec
Une fois son mandat complété avec brio aux Fêtes du 250e, Ray-Marc Dumoulin ne se tournera pas les pouces très longtemps. Et c’est encore Claude Bernier qui aura l’idée de lui tendre une perche – plus précisément un bâton de golf – pour l’inviter à se présenter comme conseiller municipal en 2000 pour prendre la relève de Normand Bergeron dans le district Bois-Joli.
« L’envergure de l’homme a découragé tous les autres prétendants et Ray-Marc a été élu par acclamation et même réélu jusqu’à son départ en 2009. Comme conseiller, il a toujours su se montrer intéressé, disponible et solidaire de ses collègues. Ses grandes qualités de gestionnaire hors pair et d’administrateur chevronné nous ont été fort utiles. »
Le conseiller du district Sainte-Rosalie, Donald Côté, se souvient particulièrement de l’implication de M. Dumoulin au Rendez-vous des papilles, une activité-signature qui était chère à son ancien collègue. « Je m’entendais très bien avec lui. Il avait une belle vision, toujours orientée vers les résultats. Il avait une diplomatie exemplaire. Ce n’est pas donné à tout le monde. »
Avec un bilan de réalisations si étoffé, on comprend facilement que l’ensemble de son œuvre a été soulignée. En plus de recevoir la Médaille du Lieutenant- gouverneur pour les aînés, il avait été décoré du grade de Chevalier de l’Ordre national du Québec en 2015, la plus haute distinction remise par le gouvernement du Québec. Un honneur qu’il avait accueilli avec son humilité légendaire. « Quand je regardais autour de moi, j’avais du mal à réaliser que j’étais à ma place, car la majorité des personnalités qui ont été honorées se sont démarquées au niveau national, à plus grande échelle que moi. Sans l’appui du milieu maskoutain, cela n’aurait pas été possible. Je dois mon implication à ma femme et mes enfants, ce sont eux qui méritent cet insigne », avait-il raconté au COURRIER à la suite de cette consécration fort méritée.
Outre une pléthore d’amis, Ray-Marc Dumoulin laisse entre autres dans le deuil son épouse et fidèle complice, Pauline, ainsi que ses trois enfants. La famille recevra les condoléances le dimanche 23 février de 13 h à 17 h au Complexe funéraire Ubald Lalime de l’avenue Bourdages Nord à Saint-Hyacinthe. Ses funérailles seront célébrées le lendemain à 10 h 30 à la cathédrale de Saint-Hyacinthe.