Les voisins de ce terrain, situé au 2800, boulevard Laframboise à Saint-Hyacinthe, ont pu se prononcer en défaveur du projet puisque celui-ci était soumis à un projet particulier de construction, de modification ou d’occupation d’un immeuble (PPCMOI), un outil utilisé lorsqu’un projet présente plusieurs dérogations au règlement d’urbanisme.
La Ville de Saint-Hyacinthe termine justement sa réflexion visant à réviser tous ses règlements d’urbanisme qui dataient de 2010. Dans le nouveau plan d’urbanisme, la Ville prévoit qu’on retrouvera de la « très forte densité » dans le secteur de l’intersection des boulevards Laframboise et Casavant Ouest, incluant le terrain adjacent à l’hôpital. Cela signifie qu’elle visera une densification d’au moins 80 logements à l’hectare. C’est le seul secteur de la ville où la densité sera aussi forte.
« Quand on fait de la densification, on veut maximiser les services en place. À cet endroit, les infrastructures souterraines sont suffisamment costaudes pour accueillir des projets de densification. Il y a des espaces qui mériteraient d’être requalifiés. Et en plus, s’étaler, ça coûte très cher pour une Municipalité », ajoute la directrice du Service d’urbanisme de la Ville de Saint-Hyacinthe, Gabrielle Piché.
Après le dévoilement du plan d’urbanisme, la population pourra participer à une consultation publique et produire des mémoires. Elle pourra aussi s’opposer aux différents règlements d’urbanisme qui seront présentés par la suite. Par exemple, les citoyens pourront signer un registre afin de s’opposer au règlement de zonage ou au règlement sur les plans d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA), si la Ville choisit ces outils pour encadrer le plan d’urbanisme. Par la suite, tout projet immobilier qui respectera le zonage et les règlements d’urbanisme en place ne sera pas soumis aux personnes habiles à voter.
De moyenne à forte
Actuellement, les zones de densification sur le territoire de Saint-Hyacinthe ne dépassent pas la moyenne densité, entre 20 et 40 logements à l’hectare. « On n’a plus le choix. Il faut densifier. On ne retrouvera plus de nouveaux secteurs à faible densification (moins de 20 logements par hectare). Tout le monde est d’accord sur le fait qu’il faut densifier, mais personne ne la veut dans sa cour. Les gens ne sont pas habitués », lance le maire de Saint-Hyacinthe, André Beauregard.
Ce dernier n’a pas voulu confirmer le nombre d’étages ou la hauteur qui sera permis dans la nouvelle réglementation dans les quartiers Saint-Sacrement et Bois-Joli, à proximité de l’hôpital. Il ajoute toutefois avoir appris de l’épisode récent impliquant les promoteurs Anthony Marcil et David Pion. La hauteur permise des bâtiments sera moins élevée de ce côté-là du boulevard Laframboise que de l’autre côté où on retrouve déjà des immeubles de 14 étages, comme la résidence Cibèle.
D’emblée, la Ville exigera aussi une étude de circulation pour tout projet de construction d’envergure au moment d’analyser le projet, avant même qu’il soit soumis au conseil municipal.
« La circulation et le stationnement sont toujours une grande préoccupation. Les promoteurs nous disent que ça coûte 50 000 $ par case de stationnement souterrain. C’est très dispendieux. Souvent, en contrepartie, ils demandent à ajouter un étage ou deux au projet pour le rentabiliser. D’un autre côté, les citoyens déplorent souvent ces étages supplémentaires », mentionne Mme Piché.
Au centre-ville, la Ville souhaite une densification forte, c’est-à-dire plus de 40 logements par hectare. C’est aussi le cas pour les terrains longeant le boulevard Laframboise à Saint-Thomas-d’Aquin. Au nord du parc Les Salines, où Jefo projette un grand développement immobilier, on prévoit une densification moyenne, entre 20 à 40 logements par hectare.
Référendum ou non
De son côté, le projet Biophilia de 180 logements abordables, qui verra le jour sur le terrain de stationnement adjacent au Centre des arts Juliette-Lassonde, n’a pas été soumis à l’approbation des personnes habiles à voter contrairement au projet d’Anthony Marcil et de David Pion près de l’hôpital. La Ville de Saint-Hyacinthe a eu recours à ses nouveaux pouvoirs afin d’adopter les plans du complexe immobilier lui permettant de les soustraire au processus d’approbation référendaire.
Visant à accélérer la construction de logements abordables, Québec a accordé de nouveaux pouvoirs aux municipalités en matière d’habitation par le biais du projet de loi 31 adopté en février 2024.
Pour le projet d’Anthony Marcil et de David Pion au 2800, boulevard Laframboise, la Ville n’a pas utilisé ce super pouvoir. « On voulait savoir ce que les gens en pensaient. C’était la première fois que ce projet était présenté à la population, alors que le projet Biophilia était connu bien avant l’adoption des plans. On avait senti une belle réception du projet. On estimait donc qu’il y avait une acceptabilité sociale dans le cas de Biophilia », explique le maire.
Le plan d’urbanisme révisé de la Ville de Saint-Hyacinthe devrait être présenté à la population en septembre.