« C’est un budget à la croisée des chemins. On sort d’une ère avec plusieurs gros projets discrétionnaires, comme la bibliothèque et le tunnel du boulevard Casavant. Ce qui s’en vient, ce sont des budgets qui seront influencés par des projets non discrétionnaires comme l’usine d’épuration. […] On ne sent pas une très grande rigueur budgétaire ni qu’ils se sont serré la ceinture. C’est le même sentiment que j’ai en regardant le Programme triennal d’immobilisations (PTI) », commente-t-il.
Les investissements en immobilisations l’inquiètent. Dans le PTI, on observe des sommes réservées pour une étude de faisabilité pour construire un cinquième pont et un projet de rénovation d’envergure de l’hôtel de ville. « Ça m’a laissé perplexe. Dans un contexte où les coûts de l’usine d’épuration n’en font pas partie, ça détonait. Il ne faut pas toujours passer par des projets spectaculaires. Il va falloir remettre en question des projets tels qu’ils sont présentés », poursuit-il.
Il s’inquiète, entre autres, de la marge de manœuvre restreinte dans le budget. Selon la directrice générale de la Ville de Saint-Hyacinthe, Chantal Frigon, la proportion des dépenses qui ne sont pas fixes représente 28,91 % du budget.
« Dans ce que je peux regretter, c’est que le conseil ne se donne pas assez de marge de manœuvre. On n’a pas beaucoup de place pour faire face à une récession. Est-ce que l’austérité est la clé? Ce dont on a besoin, c’est d’une plus grande flexibilité et de frugalité. Chaque dépense a du sens, mais quand on regarde l’ensemble des dépenses, on se rend compte du coût global à payer. C’est là que la pertinence d’un parti politique prend tout son sens. Plusieurs élus d’un même parti politique au conseil prendront des décisions globales au lieu de tirer chacun de leur côté », croit M. Cécyre.
Fidèle à ses habitudes, Saint-Hyacinthe unie remet aussi en question la gestion de la dette. En 2024, la Ville a réussi à faire diminuer sa dette de 5,5 %, qui devrait atteindre 68,61 M$ au 31 décembre. Le conseil municipal s’est aussi engagé pour des projets représentant des investissements d’environ 31 M$ qui apparaîtront sur la dette à l’ensemble de la population d’ici deux ans.
« C’est un répit conjoncturel. Malgré tout, je sens que le conseil municipal a conscience des enjeux d’infrastructures auxquelles la Ville devra faire face. Ça me rassure. C’était une de mes grandes inquiétudes que la Ville délaisse ce genre de dépenses et crée des déficits d’infrastructures. »
Le compte de taxes pour la maison moyenne (442 737 $) augmentera de 3,6 % en 2025. Loin d’être surpris, M. Cécyre estime qu’il était difficile de faire autrement. Il se rallie toutefois au conseiller municipal David Bousquet, qui a critiqué les hausses substantielles des comptes de taxes des commerces et industries, craignant que ces augmentations contribuent à l’inflation.
Il se montre aussi d’accord avec la vision de la majorité du conseil municipal concernant la masse salariale. « Il y aura peut-être des sacrifices à faire, mais ce n’est pas une pensée magique. Il ne faut pas croire qu’on peut équilibrer l’ensemble d’un budget sur le dos des employés. Les enjeux de main-d’œuvre sont de plus en plus complexes. Les villes ont de plus en plus de responsabilités et ça prend des employés. »
Saisir les opportunités
« Une chose que je souhaite… Il va falloir voir les nouvelles responsabilités des municipalités autrement que comme une fatalité. Il y a des champs de responsabilité qui viennent avec du financement. Il y a des opportunités au niveau local à saisir tout en nous assurant d’obtenir notre part du gâteau auprès des autres paliers de gouvernement. Je crois que c’est la clé d’une flexibilité budgétaire », mentionne-t-il.
Entre autres, il propose d’imposer des frais pour les logements vacants, d’élargir la taxe sur les surfaces minéralisées et de recourir davantage aux initiatives citoyennes, notamment pour la plantation d’arbres.