Le 5 juin, le maire de Saint-Liboire, Yves Winter, avait mentionné que des éléments « préoccupants » liés à la gestion administrative de la Municipalité avaient récemment été portés à l’attention du conseil, justifiant une analyse approfondie. Un consultant externe avait donc été mandaté pour faire la lumière sur cette situation. Ce sont les conclusions qui sont ressorties de cet examen qui ont mené à la récente décision de destituer le directeur général, confirme le maire.
« Le conseil a procédé, avec l’aide d’un consultant externe dûment mandaté, à une analyse approfondie, sérieuse et rigoureuse de la situation concernant le cadre (employé #5). En conséquence, il est proposé par le conseiller Claude Vadnais et résolu à la majorité absolue des voix des membres du conseil que la Municipalité de Saint-Liboire procède à la destitution immédiate du cadre (employé #5) », est-il écrit dans la résolution lue par le maire Yves Winter, lors de l’assemblée extraordinaire. Il a aussi mentionné que légalement, il ne pouvait pas mentionner qu’il s’agissait du directeur général, mais que le lien était facile à faire.
Cette résolution a été signée par le maire le 15 juillet, officialisant la destitution d’Alain Saint-Vincent-Rioux et mettant fin, du même coup, le jour même, à sa rémunération. Aucune indemnité de départ ne lui a été versée. La lettre de destitution devait être transmise à l’ancien directeur général par le biais d’un huissier de justice.
Le maire de Saint-Liboire n’a pas voulu fournir les détails de l’enquête ni la lettre de destitution au COURRIER.
Contacté par LE COURRIER le 15 juillet au matin, M. Saint-Vincent-Rioux a dit avoir pris connaissance de l’ordre du jour de la séance extraordinaire, mais n’a pas souhaiter commenter son renvoi pour le moment.
C’est Sylvain Laplante, directeur général adjoint depuis 2021 ainsi que directeur général des travaux publics, qui s’est vu confier la direction générale par intérim lors de la même séance extraordinaire. Il exerçait déjà ces fonctions pendant la suspension de son supérieur.
Une décision prise trop tard
Il aura fallu cinq mois après que LE COURRIER se fût penché sur une vague de démissions au sein de l’administration municipale à Saint-Liboire pour que le conseil prenne cette décision.
Pour les trois anciennes employées qui ont préféré quitter le navire que de travailler plus longtemps sous les ordres de M. Saint-Vincent-Rioux, il est clair que les élus auraient dû agir plus tôt.
C’est qu’environ un mois après l’embauche de M. Saint-Vincent-Rioux, en avril 2024, les trois employées avaient rencontré le maire Yves Winter pour discuter de la situation. M. Winter avait ensuite rencontré les conseillers municipaux pour discuter de la situation et demandé à son directeur général d’améliorer certaines choses.
Les employées ont lâché prise après plusieurs rencontres infructueuses avec le maire. L’adjointe administrative Annick Leblanc a remis sa démission en décembre 2024. Elle a été suivie par l’agente à la comptabilité Raymonde Plamondon, au début janvier, puis, quelques jours plus tard, par l’agente administrative et réceptionniste Monic Guérin, en poste depuis une quinzaine d’années. En février, le maire avait toutefois refusé d’attribuer ces démissions aux changements apportés par le directeur général et lui avait réitéré sa confiance.
« On a essayé de se faire entendre et nous n’avons pas été crues. Je pense que ç’a juste occasionné plus de difficultés pour les élus afin de se défaire du directeur général. S’ils nous avaient écoutés dès le départ, ça aurait été plus simple », a déclaré Annick Leblanc lorsque jointe par LE COURRIER.
En tant que citoyenne de Saint-Liboire, elle déplore également les frais encourus pour parvenir à cette décision. Elle se réjouit néanmoins que la boucle soit bouclée. L’ancienne employée, qui a trouvé un nouvel emploi, ne désire toutefois pas retourner travailler pour la Municipalité de Saint-Liboire pour le moment, d’autant plus qu’elle considère que plusieurs choses devront être remises en ordre.
Monic Guérin est aussi très contente de la décision qui vient d’être prise, mais ne comprend toujours pas pourquoi sa parole, en tant qu’employée de longue date, n’a pas été considérée. « C’est comme si ça ne pesait pas assez lourd dans la balance. Je ne comprends pas pourquoi ç’a été si long. »
« Nous trois, nous étions une belle et bonne équipe consciencieuse », a-t-elle mentionné, encore attristée par la tournure des événements.
Même son de cloche du côté de Raymonde Plamondon. « Je ne suis pas surprise du tout de cette conclusion. Nous savions qu’il y avait un problème, mais ce n’est pas nous qui décidions, alors nous avons dû nous adapter et faire notre travail », a-t-elle affirmé.
« Il y aurait eu des vérifications à faire dès que la situation a été soulevée. Ça aurait évité toutes les démissions. Quand, en tant qu’élus, on reçoit des échos de tout le monde que ça ne va pas, j’imagine qu’il y a des moyens que la Municipalité peut prendre », a-t-elle ajouté.