Ironiquement, les effets de la pandémie ont contribué à atteindre ces chiffres inédits, analyse le directeur général et artistique du Centre des arts Juliette- Lassonde, Jean-Sylvain Bourdelais.
« Dans la dernière saison, on était encore dans la queue des retombées des spectacles qui avaient été reportés deux fois, trois fois ou quatre fois [en raison de la pandémie], a-t-il souligné en entrevue avec LE COURRIER. Maintenant, il n’y a plus de spectacles reportés, on a atteint le bout! »
Il s’agit d’un contraste frappant avec la saison précédente alors que le Centre des arts Juliette-Lassonde n’avait pas dépassé les 80 000 spectateurs.
Les anciens records du diffuseur maskoutain avaient été enregistrés lors de la saison 2018-19, soit tout juste avant la pandémie. Le Centre des arts Juliette- Lassonde avait alors franchi pour la première fois de son histoire le cap des 100 000 spectateurs et quelque 230 représentations avaient été offertes.
Outre la congestion au calendrier engendrée à la suite des nombreux reports de spectacles, d’autres facteurs ont contribué à rendre la saison 2022-23 historique pour le Centre des arts Juliette-Lassonde, indique M. Bourdelais.
« On remarque une montée impressionnante des inscriptions scolaires. Il y a beaucoup beaucoup plus d’écoles qui font des sorties culturelles obligatoires [en venant au Centre des arts], mentionne le DG de la salle de spectacles. Comme il y a des enjeux au niveau du personnel dans le transport scolaire et des coûts pour les écoles, le fait d’aller vers Montréal est devenu moins facile, donc ils privilégient davantage les sorties en Montérégie. Ça crée une bonne augmentation de la fréquentation et du nombre de représentations pour nous. »
En parallèle, plus de 150 ateliers ont été offerts aux jeunes de la région en plus de nombreuses autres activités de sensibilisation et de développement de la clientèle, des chiffres rarement vus pour le Centre des arts.
Une hausse de la clientèle provenant de la Montérégie est aussi observée, constate M. Bourdelais.
« On le voit dans les statistiques de provenance des clients, tout le corridor de l’autoroute 20 commence à venir plus chez nous », souligne-t-il.
La création du magazine Le Juliette, qui a été distribué à toutes les portes de la MRC des Maskoutains dans la dernière année et qui met en valeur différents spectacles à travers des entrevues et des reportages, peut aussi avoir contribué à faire rayonner le Centre des arts Juliette-Lassonde dans la région et à attirer de nouveaux spectateurs, estime le DG.
Les spectacles offerts par des artistes établis et bien connus du grand public ont connu particulièrement de succès dans la programmation, avec des salles combles – ou presque – à répétition. « Ça va même mieux que ça allait [avant la pandémie] », dit M. Bourdelais.
En contrepartie, certains spectacles ont peiné à attirer les spectateurs malgré cette saison record, se désole-t-il. « Là où ça a été plus difficile, ce sont les spectacles de découverte, que ce soit ceux en partenariat avec le Zaricot ou chez nous dans le cabaret André-H.-Gagnon et dans la salle Desjardins. On le voit que c’est plus difficile de faire découvrir des artistes présentement. »
L’envers de la médaille
« C’était une belle saison, on est très contents, se réjouit Jean-Sylvain Bourdelais. Mais là, l’enjeu, c’est la main-d’œuvre. »
Après une saison au rythme effréné, les équipes techniques ont besoin de souffler. Le moral reste bon au sein des troupes, affirme le DG du Centre des arts, mais l’épuisement commence à se faire sentir, même si le nombre d’employés à temps plein a doublé dans la dernière année, passant de trois à sept personnes engagées à temps plein.
« Les mêmes équipes de travail ne peuvent pas faire tous ces spectacles-là. L’enjeu actuellement, c’est la disponibilité du personnel à temps partiel. […] Quand on a des besoins temporaires, d’un coup de main pour le montage ou le démontage, c’est là que le bât blesse. Ce n’est pas juste ici, c’est un enjeu national », explique M. Bourdelais.
La prochaine saison s’annonce quant à elle comme un retour à la normale en matière de nombre de représentations. « J’ai l’impression qu’on va se situer entre les chiffres de cette année et ceux de la saison 2018-19 », mentionne le DG du Centre des arts.
« Bien honnêtement, ça serait difficile d’aller au-delà de ce qu’on a eu cette saison tant et aussi longtemps que le problème de ressources humaines ne sera pas réglé, poursuit-il. Un autre truc qui va s’ajouter aussi, c’est l’arrivée de la place des spectacles. La Ville de Saint-Hyacinthe aura des travaux à faire entre la fin juin et le mois d’août [2024], donc pendant un mois, on ne pourra pas faire de spectacles dans la salle Desjardins. »