30 novembre 2023 - 03:00
carte blanche
Salut Jos
Par: Christian Vanasse


L’image date de la crise du verglas. À l’intérieur d’une célèbre cantine du boulevard Laurier, les génératrices tournent à plein régime pendant que, dans les cuisines, on s’affaire à préparer les repas chauds pour les sinistrés et les bénévoles.

Dehors, dans la tempête, l’enseigne de Jos se tient fièrement debout, souriant dans l’obscurité qui enveloppe la ville tel un phare guidant les affamés. L’image est presque héroïque, si ce n’était de ces longs glaçons qui s’étirent sous l’enseigne, faisant croire que l’effigie du pauvre Jos avait la guédille pendante au bout du nez.

Bon, c’est-tu vraiment arrivé comme dans mon souvenir? Ou l’ai-je imaginé de toutes pièces avec mon intelligence pas du tout artificielle? Qu’importe. Il en va ainsi des légendes, suffit d’un zeste de vrai et le reste est magnifié pour l’éternité. C’est à ça que j’ai pensé quand j’ai appris la nouvelle de la fermeture de ce restaurant resté si longtemps dans le paysage maskoutain, beau temps, mauvais temps. Sympathique. Pas compliqué, fiable et surtout reconnaissable entre tous grâce à cet objet d’un autre siècle, oserais-je dire millénaire, cette enseigne éclairée, caricature format géant du propriétaire qui a donné son nom à l’établissement et qui n’aura eu comme seul rival que le célèbre « Ben on s’bourre la bedaine » à Granby.

Et comme ces autres lieux mythiques de la bouffe rapide, Jos était devenu le partenaire de nos journées d’été, des rides de bateaux sur la rivière, de la p’tite frite après le mini-golf, comme il pouvait accompagner la soirée de hockey l’hiver, la première terrasse du printemps ou encore la réunion de famille « quand ça nous tente pas de cuisiner ».

Attendez-vous à voir des aficionados de la spéciale Jos aller se chercher une dernière patate, histoire de se lécher les doigts une ultime fois.

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