29 février 2024 - 03:00
Semaine des arts : les cégépiens se remémorent la tragédie de Polytechnique
Par: Zineb Guennoun | Journaliste de l'Initiative de journalisme local
Marie-Joanne Boucher avait 14 ans quand le massacre des 14 femmes de Polytechnique a eu lieu. Elle relève qu’une prise de conscience générale est requise pour que de telles tragédies ne se reproduisent plus. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Marie-Joanne Boucher avait 14 ans quand le massacre des 14 femmes de Polytechnique a eu lieu. Elle relève qu’une prise de conscience générale est requise pour que de telles tragédies ne se reproduisent plus. Photo François Larivière | Le Courrier ©

À l’occasion de la Semaine des arts, qui se tenait du 19 au 23 février au Cégep de Saint-Hyacinthe, une rencontre-conférence avec la comédienne Marie-Joanne Boucher a été offerte à l’ensemble des cégépiens à la salle Léon-Ringuet, le 21 février.

Profitant de son passage au cégep maskoutain, l’artiste a pu échanger avec les étudiants venus en grand nombre assister à cette rencontre. Au menu de cette activité, Mme Boucher a pu faire un retour sur son parcours de comédienne et a également parlé de son nouveau projet de théâtre documentaire, Projet Polytechnique, dont la première présentation s’est faite à l’automne 2023 au Théâtre du Nouveau Monde, à Montréal.

« Le 6 décembre 2018, pour rappeler la tuerie de l’École polytechnique en 1989, j’avais publié une photo de mon fils avec un court message sur la nécessité d’aiguiller la jeune génération pour que cet événement ne soit qu’un mauvais souvenir. »

Son ami, le comédien Jean-Marc Dalphond, a de son côté l’habitude tous les 6 décembre de publier les noms des 14 victimes, dont celui de sa cousine Anne-Marie Edward, sur ses réseaux sociaux.

À la suite de sa publication à la même date en 2018, M. Dalphond avait reçu un déferlement de commentaires haineux. Mise au courant de cet incident, la comédienne l’a convaincu de créer la pièce de théâtre documentaire Projet Polytechnique. « On a construit ce projet de façon lumineuse pour qu’il puise dans l’espoir. On a un message à véhiculer sans pour autant tomber dans la moralisation. On est plus dans la logique de prise de conscience. Venir assister à ce genre de pièce, c’est une manière de prendre part au changement. »

Marie-Joanne Boucher, qui a elle-même étudié à l’École de théâtre du Cégep de Saint-Hyacinthe, comprend parfaitement l’importance de l’art dans la narration de faits comme celui de 1989. Elle explique que la quête du récit de cette pièce est de comprendre pourquoi certaines personnes pensent que la haine envers les femmes, qu’elle soit verbale ou physique, est normale. « Pourquoi le port d’armes n’est-il pas contrôlé? Est-il normal qu’après 35 ans, la question des tueries de masse et des féminicides ne soit toujours pas abordée de la bonne façon? »

Selon elle, la loi du silence ouvre la porte à une dérive liée à la violence.

Mme Boucher souligne que la nécessité de créer un tel projet revient essentiellement à la répétition des féminicides qui font trop souvent la une des journaux. « Des événements comme ça ne peuvent plus passer sous silence. L’heure est à l’action, il faut prendre les choses en main. Au moins une femme par mois perd la vie au Québec. Depuis qu’on a commencé nos recherches, il y a 921 femmes à qui on a ôté la vie parce qu’elles étaient des femmes, pas plus. »

Le théâtre documentaire Projet Polytechnique sera présenté au Centre des arts Juliette-Lassonde de Saint-Hyacinthe le jeudi 28 mars.

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