Récemment, des milliers de confinés se sont garrochés sur leur balcon, le visage illuminé, pour annoncer au monde entier que leurs semis avaient poussé! Fiers comme s’ils étaient les premiers humains à être témoins d’un boutte vert qui sort de terre.
Sur les réseaux sociaux, ils faisaient toute une histoire à coup de stories de leurs pousses en l’air et devant la germination de cette petite chose qui deviendra un plant de tomates, ils se mettent à rêver de récolte, de festin et de tablées, alors que leur balcon ne leur donnera peut-être qu’une entrée. Avec ben de la chance, pis un peu de feta.
L’engouement soudain, mais sincère, pour ce que la nature réalise chaque printemps, pandémie ou pas, nous fait aussi réaliser qu’on avait peut-être oublié quelque chose de fondamental sur la liste des « essentiels » à part manger : rêver.
On se met à rêver à notre manger, pis on réalise qu’il y a des gens dont c’est le métier. Que tout autour de nous, des entreprises horticoles et agricoles sèment, récoltent et traitent fruits et légumes du sol jusqu’à notre assiette. Et, qu’on aurait tout intérêt à les supporter en achetant localement. Valoriser le terroir québécois, tomate Savignac, maïs de Neuville ou agneau de Charlevoix. Panier bleu, mais aussi Panier vert! On se met à rêver d’autonomie alimentaire, d’indépendance énergétique, d’aider les productions en serre avec notre électricité, hein Hydro? Ou encore mieux, favoriser des pratiques biologiques afin de supporter les petites fermes, être moins dépendants d’énergies fossiles, d’intrants ou de produits chimiques de multinationales étrangères. En réalisant leurs semis, des confinés se sont remis à rêver.
Et en plus d’une semence, ils ont planté une idée qui pourra germer plus loin que leur balcon.