J’ai poussé un soupir de soulagement. Fiou. C’est pas chez nous, ça ne nous touche pas. L’impression de regarder de loin un spectacle sur lequel nous n’avons aucun contrôle. Eux non plus d’ailleurs. Prisonniers d’un triste vaudeville où le public doit choisir entre deux candidats, l’un entouré de riches hommes d’affaires influents au service des intérêts de leurs entreprises, l’autre entourée d’entreprises servant les intérêts de riches hommes d’affaires influents.
Sauf qu’un des candidats traînait une persistante odeur de peste brune, lui donnant un air repoussant. Pourtant, c’est celui qu’ils ont choisi.
C’est leur choix. Et on se rassure comme on peut en se disant qu’on ne ferait pas le même choix, que nous sommes donc différents de nos voisins.
Mais presque pareil en même temps. Bien sûr, on n’a pas les guns, les chapeaux bizarres, les insultes, les mensonges et l’incroyable violence verbale polluant l’arène politique. Du moins, pas encore. Mais certains apprennent vite.
Ils savent que parler d’immigration et de baisses de taxes en vociférant insultes, menaces et mensonges rapporte plus de votes que parler d’environnement, de justice sociale et d’égalité avec nuance et civilité. Ici aussi rôde cette vague odeur brunâtre instillant la méfiance, le doute et la peur de l’autre, l’étranger ou celui qu’on connaît trop bien, notre propre voisin. « L’ennemi intérieur », comme dit leur nouveau président.
Loin et pourtant si près de nous demander à notre tour… comment allons-nous faire pour vivre ensemble?