16 avril 2015 - 00:00
Par Paul Foisy, membre du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe
Si Saint-Hyacinthe m’était conté (4)
Par: Le Courrier
Dessin des installations au Rapide Plat. Collection Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe

Dessin des installations au Rapide Plat. Collection Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe

Dessin des installations au Rapide Plat. Collection Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe

Dessin des installations au Rapide Plat. Collection Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe


Lors du dernier article, nous avons vu que Jacques-Hyacinthe Simon dit Delorme remonte le cours de la Yamaska en 1757 et s’arrête dans un lieu qu’il nomme le « Rapide-plat ». « C’est le premier lieu de défrichement » de la seigneurie, affirme l’historienne Diane Leblanc dans son ouvrage sur les 200 ans du Séminaire de Saint-Hyacinthe publié en 2011.

C’est Delorme qui change le nom de la seigneurie de Maska pour celui de Saint-Hyacinthe peut-on lire dans le livre « Saint-Hyacinthe 1748-1998 ». Les débuts sont difficiles affirme Hélène Hébert dans le chapitre consacré à la seigneurie publié dans le livre « Saint-Hyacinthe 1748-1998. »

Il faut dire que l’époque 1754 -1763 est tumultueuse au Québec. La guerre entre la France et l’Angleterre fait rage ici. Après la reddition de Québec, en septembre 1759, ce sera au tour de Montréal de capituler. Le 8 septembre 1760, le gouverneur Vaudreuil signe le texte final de la capitulation. La Nouvelle-France vit dès lors sous occupation militaire. Le traité de Paris, signé par la France et la Grande-Bretagne, le 10 février 1763, viendra confirmer que la France cède sa colonie et qu’un nouveau régime se met en place. L’historien Éric Bédard explique le contexte de l’époque dans son livre « L’Histoire du Québec pour les nuls » : « En 1754, les Canadiens de la vallée du Saint-Laurent sont encore des sujets français. Voilà qu’en 1763, ils font désormais partie d’un empire qui leur est étranger. Étranger… et hostile : à leur culture, à leurs lois, à leurs traditions et, surtout, à leur religion. Ce peuple, qui vient à peine de naître et de prendre conscience de lui-même, est donc confronté très tôt à la tragique possibilité de sa dissipation. »

Le Rapide Plat

Au cours de ces années tumultueuses, Delorme s’installe au Rapide Plat avec quelques colons. Mais le contexte politique est peu propice au développement. L’historienne Diane Leblanc, dans son livre sur les 200 ans du Séminaire de Saint-Hyacinthe, explique que : « … la guerre et le passage de la colonie de la France à l’Angleterre entre 1760 et 1763 freinent la colonisation; ce n’est qu’à la fin de l’été 1763 qu’une vingtaine de concessions sont notariées légalement. »

Il faut noter ici le travail de Jules Morgan conservé au Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe. Ce dernier dépouille les greffes de notaires et publie, en 1910, une série de documents sous le nom titre de « En marge du temps ». Morgan indique que « Dans bien des cas cependant, ces greffes sont, en ce qui concerne la seigneurie, d’une pauvreté tout à fait évangélique. Dans plusieurs documents, on découvre que la prise de possession par le concessionnaire est antérieure de plusieurs années à l’octroi du titre-nouvel. »

C’est donc dire que dès son arrivée au Rapide Plat, le seigneur Delorme s’active pour tirer profit de son investissement malgré un contexte politique peu propice au développement. Hélène Hébert poursuit : « Les débuts sont lents et difficiles. On entreprend la coupe du bois et l’installation des premiers censitaires. […] Un moulin à eau est rapidement construit sur la rivière Delorme afin d’actionner une petite scierie. Le nouveau propriétaire a en effet acheté la seigneurie dans le but de faire du commerce du bois ».

L’isolement du lieu et l’instabilité des censitaires [les colons à qui le seigneur concède des terres] ne favorisent pas un peuplement rapide. D’ailleurs à cette époque un brin reculée, les nouveaux colons préfèrent s’établir sur des seigneuries disposant de plus de services. « En 1769, l’ouverture du rang Salvail et du grand Rang attire toutefois des colons des villages voisins : Saint-Charles, Saint-Denis, et Saint-Ours », poursuit Hélène Hébert.

Laissons à Charles-Philipe Choquette, auteur du livre « Histoire de la Ville de Saint-Hyacinthe », le soin de conclure cette chronique sur le Rapide Plat : « C’est donc au Rapide-Plat, sur la rive sud de l’Yamaska, du côté de Sainte-Rosalie, où l’enclos d’un petit cimetière et les traces de quelques sépultures se voyaient encore il n’y a pas si longtemps [en 1930], que la colonisation de notre territoire fit ses débuts en 1757. Le seigneur y fixa sa résidence et les colons s’échelonnèrent au-dessus et au-dessous de lui, le long de la rivière. Ce poste ne dit rien aujourd’hui, mais il demeure historique. »

En effet Mgr Choquette ce que vous affirmiez à l’époque est encore vrai aujourd’hui : en dépit de son importance pour notre communauté, ce poste est bel et bien oublié.

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