28 mars 2024 - 03:00
Retraite du directeur du développement commercial de Saint-Hyacinthe Technopole
Simple comme Sylvain Gervais
Par: Martin Bourassa
Sylvain Gervais a toujours été plus à l’aise sur le terrain que derrière un bureau, lui qui connaît le centre-ville de Saint-Hyacinthe comme le fond de sa poche, pour l’avoir arpenté de long en large pendant une vingtaine d’années. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Sylvain Gervais a toujours été plus à l’aise sur le terrain que derrière un bureau, lui qui connaît le centre-ville de Saint-Hyacinthe comme le fond de sa poche, pour l’avoir arpenté de long en large pendant une vingtaine d’années. Photo François Larivière | Le Courrier ©

À 66 ans et après avoir orchestré le développement commercial de la ville de Saint-Hyacinthe pendant une vingtaine d’années, Sylvain Gervais s’en est allé comme il était jadis arrivé en poste : en toute simplicité, sans faire de bruit. Il était mûr pour la retraite et surtout très fier du terrain de jeu qu’il laisse à son successeur.

C’est d’abord Sylvain Gervais qui a communiqué avec l’auteur de ces lignes à quelques jours de son départ pour lui transmettre ses salutations et le remercier pour sa précieuse collaboration. Départ que nous n’allions certainement pas laisser passer sous silence tant l’impact de son travail ces dernières années a été important pour le développement économique maskoutain.

Et il a accepté de bon cœur, par amitié, de se prêter à une entrevue sous forme de bilan à sa toute dernière journée à titre de directeur du développement commercial de Saint-Hyacinthe Technopole, l’organisme qui fait office de bras économique de la Ville de Saint-Hyacinthe et de la MRC des Maskoutains. Il s’est arrêté au COURRIER en pleine tournée des commerces du centre-ville. Sa toute dernière.

Avec humour, il a raconté qu’il termine son mandat par cette ultime tournée, exactement comme il l’avait amorcé lors de son embauche à la direction de la Corporation de développement commercial (CDC) de Saint-Hyacinthe le 14 août 2000. Cet organisme relevait alors de la Ville de Saint-Hyacinthe. Bernard Forget, qui occupe toujours la présidence de Saint-Hyacinthe Technopole, et l’ancien conseiller municipal de Saint-Hyacinthe Réjean Pion siégeaient au comité de sélection qui a recommandé sa candidature. Ils peuvent se vanter d’avoir visé juste.

Titulaire d’une maîtrise en marketing de l’Université de Sherbrooke, promotion de 1985, Sylvain Gervais avait un bon bagage d’expérience dans le domaine, lui qui avait roulé sa bosse dans le secteur majoritairement privé, que ce soit au niveau commercial ou industriel, en œuvrant entre autres à la Brasserie Molson, chez Électrimat et aux Emballages Jacques-Cartier à Saint-Césaire. Le marketing et les études de marché n’avaient plus de secret pour le natif de Saint- Hyacinthe qui n’allait certainement pas laisser passer une si belle occasion de revenir à la maison.

« La CDC avait été créée deux ou trois années auparavant et le poste était vacant à mon arrivée; il n’y avait personne pour me montrer la job. Mon bureau était au troisième étage de l’hôtel de ville. Il n’y avait pas grand-chose dans les classeurs ou sur le bureau. J’ai enfilé ma veste et je suis parti me promener. J’ai visité les commerces un à un au centre-ville pour me présenter, voir si je pouvais aider les commerçants et comment. C’est toujours comme ça que j’ai travaillé. Présent partout sur le terrain, en favorisant le contact humain et direct avec les gens. »

Homme-orchestre de la CDC, il mènera de front tous les dossiers relatifs au développement et à la prospection commerciale pendant 15 ans, soit jusqu’à une fusion administrative entre la CDC, le Bureau de tourisme et des congrès et la Cité de la biotechnologie agroalimentaire et vétérinaire, un regroupement qui donnera naissance à Saint-Hyacinthe Technopole.

C’est peu après ce regroupement forcé qu’il décidera d’aller se faire voir ailleurs en saisissant une opportunité du côté de Commerce Tourisme Granby et région à titre de directeur général. Il y restera trois ans avant de revenir à ses anciennes fonctions à Saint-Hyacinthe Technopole en novembre 2018. « Je suis revenu dans mes anciennes pantoufles, dit-il, avec en tête quelques bonnes idées à reproduire et à améliorer. »

Revitaliser le centre-ville

Parmi celles-ci, un ambitieux programme d’aide à l’implantation de commerces au centre-ville qui a été lancé avec faste le 22 janvier 2020. C’était sans compter sur une certaine pandémie qui viendra tout chambouler, oui, mais pas tant. « La pandémie a certes saboté notre élan, mais le programme avait sa raison d’être et il a été fort utile. Malgré la pandémie, on a quand même supporté l’ouverture de huit commerces dans la première année. La pandémie a fait mal, mais moins qu’on aurait pu le penser. Quand un entrepreneur est à la maison et qu’il a du temps, son cerveau n’arrête jamais et les idées originales surgissent. »

Lorsque le programme a pris fin le 31 décembre dernier, ses objectifs avaient été largement dépassés. Il avait favorisé l’implantation de 52 nouveaux commerces pour l’équivalent de 80 000 pieds carrés d’espaces occupés. Le taux de vacances des locaux commerciaux avait fondu de moitié, passant de 18 à 9 %. Les commerces aidés financièrement qui n’ont pas survécu trois ans occupaient l’équivalent de 2200 pieds carrés, estime M. Gervais.

« Ce programme a tenu ses promesses et j’aimerais bien qu’il se poursuive et qu’on le fasse évoluer. J’ai laissé quelques pistes sur la table à dessin. »

Bien qu’il ait été une véritable dynamo pour le centre-ville et pour le Marché public qui était sous sa responsabilité, son action s’est étendue à toute la ville. Il se félicite entre autres d’avoir facilité la venue, la relance ou la relocalisation de plusieurs commerces au fil des années, dont La Piazzetta, ADM Sport, Keisa, Vertige, Le Zaricot, Buropro Citation ainsi que le développement du M Rendez-vous marchands en facilitant une entente entre Robert Robin, Noël Lussier et la Ville de Saint-Hyacinthe sur des questions de zonage sur le boulevard Casavant.

« Parmi les moments forts, il faut retenir l’émergence du Sheraton et du centre de congrès qui a eu un impact énorme sur le tourisme d’affaires et le secteur commercial. Il ne faut pas sous-estimer l’impact des grues. Quand les gens passent sur l’autoroute et qu’ils voient deux ou trois grues en même temps dans le ciel de Saint-Hyacinthe, ils se disent qu’il se passe quelque chose et ont envie d’y être. »

Parmi ses souvenirs moins roses, il cite les nombreux incendies, dont ceux du restaurant Pépé, du magasin Sports Experts, de la Place Frontenac et de l’Hôtel Ottawa. Il regrette aussi l’expérience de la rue piétonne sur la rue des Cascades qui a scindé les commerçants en deux clans à l’été 2020. « Une rue piétonne sans masse critique et sans animation continue, sans attractions spéciales, ça ne peut pas fonctionner à long terme pour les commerçants chez nous. »

Invité à se projeter dans l’avenir, il se dit tout de même confiant pour l’avenir du commerce de détail et pour les commerçants qui tiennent boutique.

« Les défis sont énormes, bien entendu, avec le commerce électronique, la pénurie de main-d’œuvre et la confiance fragile des consommateurs. La relève n’a pas fini de travailler et elle a du pain sur la planche, mais nos commerçants restent motivés et passionnés par ce qu’ils font. C’est une race à part et on a besoin d’eux. »

Pour sa part, Sylvain Gervais quitte son poste avec la satisfaction d’avoir fait œuvre utile dans sa communauté. Devenu joueur autonome depuis le début du mois de mars, il entend s’offrir un peu de repos et voyager, tout en restant actif et disponible en cas de besoin, en acceptant peut-être ici et là des mandats qui le stimulent, mais en y allant à son rythme et selon ses envies du moment.

Il ne faut toutefois pas s’attendre à retrouver son nom sur un bulletin de vote aux élections municipales de novembre 2025. La politique, très peu pour lui.

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