2 octobre 2014 - 00:00
Carte postale de Sébastien Benoit
Skier sur la face cachée de l’Alaska
Par: Jennifer Blanchette | Initiative de journalisme local | Le Courrier
Sébastien Benoit a skié plus d’une vingtaine de fois sur le mont Alyeska, la plus grosse montagne accessible en télésiège d’Alaska.  Photo Sébastien Benoit

Sébastien Benoit a skié plus d’une vingtaine de fois sur le mont Alyeska, la plus grosse montagne accessible en télésiège d’Alaska. Photo Sébastien Benoit

Sébastien Benoit a skié plus d’une vingtaine de fois sur le mont Alyeska, la plus grosse montagne accessible en télésiège d’Alaska.  Photo Sébastien Benoit

Sébastien Benoit a skié plus d’une vingtaine de fois sur le mont Alyeska, la plus grosse montagne accessible en télésiège d’Alaska. Photo Sébastien Benoit

Pays du soleil de minuit, l’Alaska trône tout au haut du continent Nord-Américain, alimentant sans relâche l’imaginaire des voyageurs en quête d’aventures immenses. Et ce qu’il y a d’immense dans cette contrée lointaine, ce sont les précipitations de neige et les monts pratiquement vierges sur lesquels un Maskoutain a eu la chance de skier.

Avec des chutes de neige cumulant en moyenne à 700 pouces par hiver, soit onze fois plus qu’au Québec, pas étonnant que Sébastien Benoit ait choisi l’Alaska comme terre d’accueil le temps d’une session universitaire.

« Notre programme était fait pour que l’avant-dernière session soit complétée à l’étranger. Puisque je voulais faire du ski, l’Alaska était un choix tout indiqué », explique l’ancien étudiant en génie de l’Université Sherbrooke.

Il n’aurait pu mieux tomber, car la University of Alaska Anchorage propose un cours optionnel intitulé Skiing Alaska’s Backcountry (Ski hors-piste en Alaska). « C’était presque un hasard si j’ai réussi à m’inscrire, car le nombre de places était très limité », se remémore celui qui a séjourné dans le 49e État américain de janvier à mai 2013.

« Le plus grand risque avec les hautes montagnes, ce sont les avalanches, raconte le skieur de 24 ans. C’est recommandé d’avoir sur soi un transpondeur pour faire du ski hors-piste. Sinon, t’es pas mal téméraire. Pour réduire les risques, les patrouilleurs font du déclenchement d’avalanche contrôlé. »

C’est donc armé d’un transpondeur et encadré par un enseignant expérimenté que Sébastien s’est attaqué à sa première expérience de ski hors-piste dans les Chugach Mountains, situées dans la région centrale sud de l’Alaska.

« C’est vraiment différent du ski sur les pistes balisées. Il y a du vent et parfois beaucoup de brume que l’on appelle « white out » en Alaska. Avec le white out, tu n’y vois plus rien et puisqu’en altitude il n’y a pas d’arbres, tu n’as aucun repère visuel », décrit Sébastien.

Les arbres ne sont pas les seuls absents dans ces montagnes sauvages, les télésièges le sont aussi. « Nous devions mettre des peaux sous nos skis pour monter vers le sommet. Ça nous empêchait de glisser, un peu comme des skis de fond. »

Des sorties en héliski ou en catski sont aussi disponibles dans la région sauvage, occasionnant des coûts supplémentaires.

Puisqu’il quittait le Québec pour six mois, celui qui travaille pour la firme d’ingénieur maskoutaine Consumaj avait choisi d’amener ses propres skis pour son séjour américain. Il s’est rapidement aperçu que ses spatules, déjà larges, étaient loin d’être assez larges pour lui permettre de flotter sur cette mer blanche de neige poudreuse.

« La grosse différence avec ici, c’est qu’il y a toujours de la nouvelle neige en Alaska! Au début, c’est plus difficile à skier parce qu’on n’est pas habitué à ce qu’il y en ait aussi épais. J’avais l’impression de ne pas avoir d’adhérence, comme si je skiais dans la mousse », compare Sébastien.

Il se souvient d’ailleurs « d’une grosse débarque » qu’il a prise lors d’une sortie en hors-piste avec son groupe. « Je suis arrivé au bout d’une petite falaise et plutôt que de sauter, j’ai figé et ralenti. En tombant, je suis disparu dans une montagne de poudreuse. Disons que me sortir de là et remettre mes skis n’a pas été évident », raconte le jeune homme en riant.

Pour ceux qui seraient tentés par une expérience de glisse en Alaska, mais qui n’osent pas s’aventurer en terrain inconnu, Sébastien recommande une sortie sur le mont Alyeska.

Située à environ une heure d’Anchorage, la ville d’adoption du Maskoutain, la station de ski offre un dénivelé de 760 mètres dans un décor des plus spectaculaires.

« C’est pas mal la seule montagne en haute altitude qui soit accessible en télésiège. Il y a quelques autres monts, mais ils sont très petits. Rien à voir avecAlyeska où j’ai skié une vingtaine de fois », explique Sébastien.

Il rassure également les skieurs qui craignent que l’Alaska ne soit que froid polaire et vent nordique. Le jeune homme affirme que les températures étaient clémentes durant son séjour, avoisinant les -10 ?C, à l’exception d’une fin de semaine où les grands froids s’étaient faits insistants.

Montagnes urbaines et soleil de minuit

L’Alaska est reconnu pour ses paysages grandioses et Sébastien n’a pas manqué de tomber sous le charme. « Les montagnes sont incroyables. J’étais en plein centre-ville d’Anchorage et partout autour, je voyais les montagnes », s’émerveille-t-il encore aujourd’hui.

Il est toutefois plus difficile de s’extasier devant la beauté des paysages durant l’hiver étant donné le faible nombre d’heures d’ensoleillement dont bénéficie la région. En janvier, le soleil plombe durant à peine cinq heures, un phénomène qui s’avère parfois plus déroutant que le décalage horaire.

« J’avais des cours universitaires qui débutaient à 8 h et qui se terminaient à 22 h. Puisque le soleil est levé entre 10 h et 15 h l’hiver, j’arrivais à mon cours à la noirceur et j’en ressortais aussi à la noirceur. C’est assez mélangeant! »

Le skieur maskoutain a aussi profité de son périple pour visiter les villes avoisinantes. Fairbanks, qui est située à près de sept heures de voiture vers le nord, n’a pas charmé notre voyageur. « Il n’y a pas grand-chose à faire là-bas », juge-t-il. Sébastien a toutefois eu la chance de contempler des aurores boréales, un spectacle magnifique qui ne s’apprécie que durant la période hivernale.

Il a également fait un détour par Seward, une ville plus au sud qu’Anchorage, qui propose une croisière d’une journée dans la Resurrection Bay pour observer la vie marine. Le trajet pour se rendre à cette baie permet aussi d’apercevoir les fameuses chèvres de montagnes, qui semblent toujours à un sabot de chuter dans le vide.

Évidemment, un séjour en Alaska ne serait pas complet sans une visite sur un glacier. Ce n’est pas le choix qui manque, mais Sébastien s’est déplacé du côté de Matanuska Glacier, le plus grand bloc de glace accessible en voiture en Alaska.

La Tony Knowles Coastal Trail, qui ceinture Anchorage en longeant la baie, en a aussi offert plein la vue à Sébastien en terme de glacier. « La marée fait en sorte que les glaces qui recouvrent la baie changent de côté, ce qui est assez impressionnant. Ça donne l’impression que ce sont de petits glaciers! »

Même si la saison touristique est à son plus faible durant l’hiver, une visite par temps froids en Alaska s’impose, ne serait-ce que pour constater que cette contrée lointaine a bien plus à offrir que des champs de glace.

image