25 janvier 2018 - 00:00
Unité Saint-Charles
Son fils est cloîtré à l’hôpital
Par: Rémi Léonard
Jacqueline Nadeau tente d’améliorer le sort de son fils hébergé à l’unité Saint-Charles. On voit ici la cour extérieure que les usagers de l’unité peuvent fréquenter.   Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Jacqueline Nadeau tente d’améliorer le sort de son fils hébergé à l’unité Saint-Charles. On voit ici la cour extérieure que les usagers de l’unité peuvent fréquenter. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Jacqueline Nadeau tente d’améliorer le sort de son fils hébergé à l’unité Saint-Charles. On voit ici la cour extérieure que les usagers de l’unité peuvent fréquenter.   Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Jacqueline Nadeau tente d’améliorer le sort de son fils hébergé à l’unité Saint-Charles. On voit ici la cour extérieure que les usagers de l’unité peuvent fréquenter. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

La mère d’un jeune homme autiste interné à l’hôpital Honoré-Mercier depuis 2008 peine à trouver un moyen de lui faire prendre l’air. Faute de cour convenable, il ne sort pas de son unité pendant des semaines et son état se détériore, déplore-t-elle.


Jacqueline Nadeau tente de corriger la situation depuis des années auprès du Centre de réadaptation en déficience intellectuelle (CRDI) de la Montérégie-Est, mais sans succès.
L’unité Saint-Charles, située dans le pavillon du même nom, n’héberge qu’une vingtaine d’usagers, souvent des cas lourds qui nécessitent une réadaptation complexe. Il s’agit de personnes qui présentent « une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme ainsi que des troubles graves du comportement dont le niveau de dangerosité est élevé et qui nécessitent un environnement hautement sécuritaire », précise Jade St-Jean, du service des communications du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest (CISSSMO).
Mathieu, le fils de Mme Nadeau, est confiné à cet environnement et ne sort pratiquement plus. « Avant, une éducatrice l’accompagnait chez moi deux à trois fois par été. Il pouvait se baigner dans la piscine, c’était son seul loisir. Puis, ils ont diminué le temps alloué à l’éducatrice et, l’été dernier, ils ont complètement coupé le service pour des raisons de santé et de sécurité au travail », a-t-elle raconté au COURRIER. Jacqueline Nadeau décrit son fils comme un « autiste sévère » avec une légère déficience et atteint d’épilepsie.
Une prison?
Les seules sorties qu’il lui reste sont celles dans la cour de l’hôpital, bordée par un stationnement et le boulevard Laframboise. Comme il n’y a pas de clôture, Mathieu ne peut sortir sans une surveillance serrée. L’homme de 29 ans ne quitte donc son unité qu’une fois par mois, sur un fauteuil gériatrique, soutient Mme Nadeau. « C’est pire que pour un prisonnier. Il faut lui donner au moins une certaine qualité de vie », revendique la mère.
En soulignant les considérations importantes de surveillance qui doivent être prises en compte, Jade St-Jean explique que « les sorties à l’extérieur pour les usagers sont balisées en fonction du plan d’intervention de chacun ». Elle rappelle également que « la majorité des usagers présente un degré de dangerosité et d’imprévisibilité comportementale qui pourraient compromettre leur propre sécurité, mais aussi celle d’autrui ».
Jacqueline Nadeau s’inquiète toutefois des conséquences pour son fils. En restant enfermé, « il a perdu tout intérêt et son état se dégrade », s’attriste-t-elle. Une très mauvaise nouvelle pour Mathieu, qui ne pourra quitter définitivement l’unité Saint-Charles, par exemple pour aller dans une résidence spécialisée, que si son état s’améliore. « Ce n’est pas sa place. Ils n’ont pas de solutions pour lui. La cour est inadéquate, je leur dis depuis le début et rien n’a changé », blâme Jacqueline Nadeau. Sur ce point, la porte-parole du CISSSMO répond que les intervenants doivent « tenir compte de plusieurs éléments avant d’envisager une sortie » et que « ces mêmes éléments devraient être considérés s’il y avait une cour extérieure clôturée ».
Pas la seule
Un autre parent, qui désire garder l’anonymat par crainte d’empirer la situation de son enfant, s’est aussi plaint au COURRIER du traitement réservé aux patients de l’unité Saint-Charles. Cette personne juge les méthodes de l’établissement inappropriées et ne parvient pas à faire changer la situation en abordant le problème avec les responsables. « Ils se disent les meilleurs au Québec. Ils savent tout et, nous, nous ne sommes que les parents », critique ce parent en déplorant le manque d’écoute.

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