29 février 2024 - 03:00
Étudiants étrangers en soins infirmiers
Sur la voie de la réussite
Par: Adaée Beaulieu
Les 24 infirmiers et infirmières étrangers qui termineront sous peu leur formation d’environ un an au Cégep de Saint-Hyacinthe. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Les 24 infirmiers et infirmières étrangers qui termineront sous peu leur formation d’environ un an au Cégep de Saint-Hyacinthe. Photo François Larivière | Le Courrier ©

C’est une cohorte tissée serrée et motivée de 27 étudiants étrangers en soins infirmiers qui achève son parcours d’environ un an au Cégep de Saint-Hyacinthe. Retour sur un projet pilote qui a fait ses preuves.

Presque tous les étudiants, âgés pour la plupart de 25 à 32 ans et originaires du Maroc, de la Tunisie, de l’Algérie et du Cameroun, ont persévéré et complètent graduellement leur attestation d’études collégiales. Une seule étudiante du groupe a dû quitter pour des raisons personnelles après trois semaines.

Déjà trois étudiants ont obtenu leur diplôme en décembre. Il ne leur reste que l’examen de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec à réussir pour reprendre officiellement la profession qu’ils pratiquaient dans leur pays. Entre-temps, ils travaillent comme candidats à l’exercice de la profession infirmière (CPI).

Les autres termineront leurs études en février, avril ou mai. C’est que l’Ordre a établi, en fonction de leur parcours individuel, s’ils doivent effectuer un, deux, trois ou quatre cours complémentaires dans des spécialités. Ceux qui sont encore sur les bancs d’école ont commencé en janvier leur 4e stage.

De plus, 18 étudiants de la cohorte travaillent une fin de semaine sur deux pour le Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Est (CISSSME). Ils ont commencé environ deux mois après leur arrivée. Selon Ariane Parent, agente de gestion du personnel au CISSSME, il s’agit d’une belle façon de les aider à consolider leurs connaissances, à acquérir le langage technique et à s’intégrer.

Une adaptation réussie

C’est le cas de Fatima Guelai, âgé de 24 ans et originaire du Maroc, qui a emménagé au centre-ville de Saint- Hyacinthe avec son conjoint en février 2023. Elle est bien heureuse du chemin parcouru, malgré les exigences d’un cours condensé et de son emploi en CHSLD. Elle terminera ses études en avril et le CISSSME l’accueillera comme infirmière au département mère-enfant, une spécialité qu’elle n’a pas pratiquée au Maroc, mais qui l’intéressait.

« Je ne pensais pas m’adapter aussi vite. Ça m’a pris environ trois mois. Ce que j’ai préféré, c’est l’été, a-t-elle raconté avec humour. C’est aussi à ce moment que j’ai eu ma voiture. Avant, je voyageais en autobus. J’ai aussi beaucoup apprécié les stages parce que ça permet d’appliquer les connaissances et d’en acquérir d’autres. Par contre, ici, il y a beaucoup plus de formulaires à remplir qu’au Maroc. »

Julie Latrémouille, conseillère pédagogique responsable du programme au Cégep de Saint-Hyacinthe, s’est dite impressionnée de la force avec laquelle les étudiants se sont investis dans le projet. Alors que les étudiants ont débarqué au Québec en plein hiver, elle s’attendait à entendre beaucoup de commentaires désobligeants sur la météo. Mais ce ne fut pas le cas.

La conseillère pédagogique ne s’attendait pas non plus à ce que leur niveau de français soit aussi bon et qu’ils soient tous fonctionnels en informatique. Ils ont donc pu pousser plus loin leurs connaissances.

Des mesures pour faciliter leur intégration avaient tout de même été prévues et cela a permis aux étudiants de réduire leur charge mentale. Par exemple, chaque professeur s’occupe de quatre ou cinq étudiants plutôt que de six. Au départ, pendant quelques semaines, une aide à la classe était aussi présente. De plus, leurs manuels et leurs uniformes étaient déjà prêts, ils se sont fait vacciner et ils ont bénéficié d’ateliers sur le Québec offerts par la Maison de la famille des Maskoutains.

« Ils ont dû s’adapter au rythme de la formation, mais je suis positivement surprise par ce groupe. Ce sont 27 belles pépites d’or. Ils ont une très belle complicité. Voir leur motivation et leur cohésion m’a impressionnée. Ils sont super motivés et là pour apprendre », a déclaré Mme Latrémouille.

Pour sa part, Mme Parent a souligné à quel point il ne s’agit pas d’un parcours facile pour les participants de recommencer leurs études dans un autre pays et de travailler dans des infrastructures très différentes. Cela demande aux étudiants de faire preuve d’une grande ouverture et d’une bonne communication.

Malgré le succès de ce projet pilote, Julie Latrémouille ne pouvait pas encore confirmer s’il y aura une seconde cohorte éventuellement.

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