Était-ce le nom d’un légionnaire romain, une taverne de Lutèce ou une phrase que déclamait Triple-patte le pirate une fois son bateau coulé, je ne sais plus exactement, mais c’est sûrement dans un album des aventures d’Astérix et Obélix, et pas dans les pages roses du dictionnaire, que j’avais découvert pour la première fois cette citation latine : le temps fuit. À l’époque, je ne l’avais pas trop comprise.
J’ai traversé mon enfance avec les BD d’Astérix, Lucky Luke, Tintin et les 33 tours de Disney sur un vieux tourne-disque « pick-up » qui serait aujourd’hui vachement « vintage ». Je suis né à l’époque d’une technologie qui est revenue à la mode. Le tempus fugit sur un moyen temps. C’est pour cela qu’il faut carpe diem (c.-a.-d. profiter de chaque instant) comme il était écrit devant un fonctionnaire romain endormi dans Le bouclier arverne. Ouais, celle-là, je l’ai retrouvée. Carpe diem en nous voyant à la Saint-Jean et dans les grands rassemblements sans restrictions ni distanciation. Je nous vois fêter, crier et danser dans les salles de spectacles et sur les grandes places comme s’il n’y avait pas de lendemain. C’est sans doute la meilleure chose à faire.
Car s’il y a un lendemain, de quoi sera-t-il fait? Une nouvelle souche d’un virus mutant et super-résistant qui nous fera éternuer par les yeux? L’essence à 58 $ le litre? Le Canadien qui gagne une 15e Coupe Stanley consécutive grâce à une équipe « juss québécoise »? Les cassettes 8 pistes qui reviennent à la mode? Grégory Charles premier ministre du Québec qui fait du latin la langue officielle? La Cour suprême américaine qui rend l’esclavage à nouveau légal?
Ne riez pas. Au moins une de ses prédictions a des chances de se réaliser. Alors, il ne reste qu’à carpe diem. Parce que tempus fugit. Et memento mori.