Parmi les grandes leçons de vie transmises par ma mère, j’ai toujours retenu celle-ci, comme un avertissement : « ça prend toute une vie pour se bâtir une réputation, mais seulement 30 secondes pour la perdre ».
De toute évidence, le commissaire de la Commission Charbonneau Renaud Lachance et moi n’avons pas la même mère, car l’ex-vérificateur général du Québec vient tout juste d’apprendre cette leçon à la dure.
Sans dire qu’il vient de perdre sa réputation d’homme rigoureux, minutieux et intègre, disons que son étoile vient de pâlir pas mal. En reniant une partie du rapport de la Commission Charbonneau par sa dissidence, on savait déjà qu’il saperait ces conclusions et la portée de cet exercice. On ignorait cependant que cette dissidence allait se retourner contre lui et lui faire perdre de son lustre, gracieuseté d’un bon vieux coulage en règle de la part, peut-on présumer, d’anciens compagnons de la Commission. Le reportage de l’émission Enquête sur les coulisses de la Commission Charbonneau, avec une partie de rapport préliminaire annoté par le commissaire Lachance et des échanges de courriel entre lui et France Charbonneau, était d’une redoutable efficacité, autant dans sa forme que sur le fond de l’affaire. Au chapitre de l’efficacité, disons que la défense de cinq pages fournie par le principal intéressé, lundi soir, n’était pas de taille et n’expliquait pas tout. Pas assez pour modifier la perception générale voulant qu’il ait peut-être cherché, de façon indirecte ou pas, à atténuer les reproches aux partis politiques, en particulier à l’égard du gouvernement libéral.
On a beau chercher, on peine encore à comprendre comment il arrive à conclure, par exemple, que seulement un témoin a confié avoir entendu dire que Marc Bibeau était le responsable du financement, quand six ou sept témoins ont décrit M. Bibeau comme le grand argentier et responsable du financement du PLQ durant les années Charest.
M. Lachance ne s’est pas expliqué sur ce point dans sa défense, pas plus que sur sa participation à un party de départ au ministère du Transport du Québec, au lendemain de sa nomination à la Commission Charbonneau. Si remettre en question sa rigueur, son intégrité et ses sentiments à l’égard du PLQ relève de l’hérésie, peut-être devrait-on limiter nos interrogations à son égard à la qualité de son jugement.