À Montréal, on parle de renommer l’avenue Christophe-Colomb, le gars qui s’est trompé de bord en voulant aller en Inde, car le notoire aventurier dont l’histoire a fait un héros serait plutôt un sale type qui a massacré, torturé, déporté et mis en esclavage des milliers d’autochtones pour s’en mettre plein les poches. Un Dollard des Ormeaux niveau élite.
Le changement se défend, on a enlevé Amherst pour moins que ça sans qu’il ne disparaisse des dictionnaires, des cours d‘histoire ou des musées. Pour se rappeler du Duce en Italie, pas besoin du boulevard Mussolini. Avoir une rue à ton nom, c’est un privilège que tu peux perdre si on découvre que t’étais une très mauvaise personne en fouillant ton historique de navigation. Hein, Colomb? Je suis sûr que les peuples autochtones auraient plein d’autres noms à suggérer. Facque, on peut laisser tomber les personnages louches, mais aussi ces « 3e rue », « 8e avenue » ou « boulevard des Écureuils ».
La toponymie, c’est aussi un outil pédagogique. Garde Christophe-Colomb sur un p’tit boutte, mais avant faut passer par Vikings, pis Athabaskans, pour souligner que Colomb n’a rien découvert qui n’existait pas déjà. En fait, je mettrais toute la matière d’examen du secondaire dans la toponymie : la géographie, l’histoire, la politique, les personnages importants féministes, syndicalistes, philosophes et poètes, les artistes ou les businessmen qui rêvent de l’être, mais aussi le tableau périodique et les formules mathématiques.
Quel plaisir ce serait de rester coin Molybdène et A2+B2=C2. Et je classerais les rues des éléments périodiques selon leur poids atomique, facque quand t’es sur Hydrogène, tu sais que Thorium va être loin en ta! Juste prendre des marches en ville, tout le monde passerait son secondaire!