8 septembre 2011 - 00:00
Toujours debout
Par: Le Courrier


Voilà comment le conseiller de La Providence, Bernard Barré, a résumé la décision du conseil municipal, qui a refusé, mardi, que le couvent de la Métairie soit rasé par le pic des démolisseurs. Les élus emboîtaient ainsi le pas au comité de démolition, qui s’était déjà opposé à la demande du Groupe Robin à cet effet, plus tôt cet été.

Du coup, une nouvelle page a été tournée dans cette saga qui perdure depuis déjà plus de deux ans. Cette ultime décision du conseil municipal vient clore le débat sur la possible démolition du vieil édifice pour laisser le champ libre à celui qui porte sur sa valeur et, éventuellement, sur son acquisition par la Ville. Avant de lire la résolution, le conseiller Barré, qui soutient le projet de sauvegarde de la Métairie pour y déménager les organismes culturels, a tenu à rappeler le contexte dans lequel s’inscrit la décision.Dans son bref laïus, il a souligné l’héritage collectif que représente le couvent dont le caractère « éminemment patrimonial » a été établi par un rapport de la firme Patri-Arch. Invoquant de lointaines statistiques tirées de la consultation publique qui avait précédé l’adoption de l’ancien plan d’urbanisme, en 1991, le conseiller a rappelé que 97,8 % des citoyens de La Providence avaient alors établi l’importance de conserver le patrimoine architectural et naturel de la rue Saint-Pierre.« Avec cette décision, le conseil municipal s’assure de garder en mémoire à jamais l’oeuvre des Soeurs de la Charité à Saint-Hyacinthe », a-t-il souligné avant de s’adresser directement à la communauté religieuse. « Je comprends très bien l’exaspération des Soeurs face à la lenteur de ce dossier et j’ai bon espoir que notre décision fasse avancer les choses rapidement. »

Et après

La décision qui règle une partie du litige qui persistait entre la Ville et le Groupe Robin ne scelle toutefois pas le destin du vieux couvent.

« Je suis déçu que la Ville refuse un beau projet, sur l’un des rares terrains encore disponibles à Saint-Hyacinthe, pour faire passer son propre projet de déménagement des organismes culturels d’abord », a commenté Jonathan Robin, qui dénonce vivement que le conseil municipal soit à la fois juge et parti dans la décision. « On demande aux mêmes personnes qui ont exprimé la volonté d’acquérir le couvent à des fins municipales de décider si je peux obtenir un permis de démolition. C’est particulier. »Tel qu’il l’avait annoncé lors de son ultime plaidoyer, le Groupe Robin consulte actuellement ses conseillers juridiques afin d’établir la meilleure avenue pour se sortir de cette impasse. « Je sais que le conseil veut acquérir le couvent, mais je sais aussi que personne ne m’a appelé à ce sujet au cours des six derniers mois, a-t-il affirmé. Je suis déçu parce que j’ai l’impression d’être le seul à avoir fait mes devoirs. »Le directeur général Louis Bilodeau a pour sa part réitéré que la Ville souhaite entreprendre des négociations avec le Groupe Robin afin de se porter acquéreur du couvent.Mais M. Bilodeau espère d’abord mettre un terme définitif au flou qui subsiste quant au rôle du Groupe Robin dans les négociations. Sans remettre en doute l’entente qui existe entre les Soeurs de la Charité et le Groupe Robin, le directeur général et les conseillers municipaux ont exprimé la volonté d’obtenir copie d’un document notarié et de connaître la date d’échéance de cette entente. « Avant de négocier, on va éclaircir le rôle de chacun autour de la table. Ensuite, nous allons essayer de régler le dossier ensemble », a-t-il laissé tomber, sans fermer la porte à ce qu’un tiers se joigne à la table pour trancher la valeur du couvent, qui est l’objet d’un profond désaccord entre la Ville et l’entrepreneur. Pour la première fois depuis le début de cet épineux dossier, le directeur général a évoqué la possibilité que la Ville se prévale de son droit d’expropriation à des fins municipales. « Ce sera en ultime recours seulement. »

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