17 décembre 2020 - 14:48
Sport et pandémie
Toute une gymnastique pour Gymnaska-Voltigeurs
Par: Maxime Prévost Durand
La directrice générale de Gymnaska-Voltigeurs, Nancy Houle. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

La directrice générale de Gymnaska-Voltigeurs, Nancy Houle. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Le club Gymnaska-Voltigeurs a beau être expert en gymnastique, celle que la pandémie engendre est plus complexe que n’importe quel mouvement de voltige. Malgré le passage en zone rouge cet automne, après une reprise réussie de ses activités cet été, le club maskoutain continue d’avancer comme il le peut, selon ce qui lui est permis. Mais il y a toujours la crainte que le pire soit à venir.

Une baisse d’inscription d’à peine 10 % a été enregistrée chez Gymnaska-Voltigeurs en vue de la nouvelle saison qui s’est amorcée cet automne, soutient la directrice générale du club, Nancy Houle. Quelques athlètes du niveau compétitif ne sont pas revenus. Mais là où on s’attendait à de grandes pertes d’inscription, c’était au niveau récréatif. On pensait même perdre la moitié de cette clientèle. Et au final, le club n’a affiché qu’une baisse de plus ou moins 5 % au niveau récréatif.

Cette petite victoire – puisqu’elle en est une – pourrait toutefois être de courte durée en raison de la mise sur pause forcée depuis le passage en zone rouge. « Là, on a vraiment peur que ceux qui s’étaient inscrits ne reviennent pas », se désole Mme Houle.

Des cours sur Zoom, misant surtout sur la flexibilité et la musculation, sont proposés, mais ceux-ci ne touchent qu’une partie de la clientèle. Et, bien qu’il s’agisse d’une des seules alternatives possibles en ce moment, on est loin de reproduire les éléments d’entraînement habituellement enseignés en gymnase.

« Ça crée une démotivation chez les jeunes. Même si on fait des Zoom, ce n’est pas pareil », mentionne la DG de Gymnaska-Voltigeurs.

On craint surtout de perdre des membres au niveau récréatif, là où il est plus difficile de rejoindre les plus jeunes et de garder leur intérêt sans pouvoir offrir des cours de groupe en gymnase.

Heureusement, plusieurs athlètes du niveau compétitif peuvent continuer de s’entraîner en gymnase, grâce aux cours privés mis en place par Gymnaska-Voltigeurs. Ceux-ci sont permis malgré la zone rouge. Les athlètes de niveau régional s’entraînent une fois par semaine, puis ceux de niveau provincial et national de deux à trois fois par semaine.

« Au moins, ils peuvent encore bouger un peu et conserver leurs acquis », affirme Mme Houle, ajoutant que cela apporte même certains points positifs. « En privé, l’entraîneur a plus de temps avec l’athlète [puisqu’il est seul avec lui ou elle] », fait-elle remarquer. Mais la formule n’est pas optimale pour autant.

Revoir ses pratiques

Gymnaska-Voltigeurs avait tout mis en œuvre pour que la reprise des activités, cet été, se déroule de la meilleure des façons. Et des mesures, il y en avait toute une liste, que ce soit la désinfection régulière de l’équipement ou le respect de la distanciation en affichant des marques au sol. « Ça fonctionnait bien », dit Nancy Houle.

Le seul point qui posait problème au départ, c’était la distanciation. Non pas entre les athlètes eux-mêmes, mais entre l’athlète et l’entraîneur.

« Les entraîneurs sont habitués d’aider les jeunes pour les replacer quand ils font un mouvement et là, on ne pouvait plus faire d’assistance manuelle. Ça a créé un mécontentement chez les entraîneurs parce que soit il y avait un plus grand danger pour l’athlète qui tentait un mouvement plus difficile pour la première fois ou ça retardait l’athlète dans sa progression parce qu’il ne tentait pas ce mouvement. Heureusement, en septembre, on a pu recommencer à faire de l’assistance pour garder un niveau de sécurité. »

Tout a dû être réajusté à nouveau en octobre lorsque la région maskoutaine est passée au palier orange. « On ne pouvait pas être plus de 25 personnes dans un local. Ça posait problème parce qu’on était beaucoup plus que ça. On a redivisé le plateau en trois [zones] et on a pu continuer. »

À peine quelques semaines plus tard, tous ces efforts étaient vains puisque le niveau d’alerte rouge était décrété et empêchait dorénavant les entraînements de groupe.

Des impacts

Comme pour bien d’autres clubs de gymnastique, la pandémie a des répercussions financières directes pour Gymnaska-Voltigeurs. Mais on est loin de la situation de certains clubs plus petits, dont la survie est carrément menacée.

« On n’est pas dans cette situation-là pour l’instant [où notre survie est en jeu], rassure Nancy Houle. Un avantage qu’on a comparativement à d’autres clubs, c’est qu’on a des frais de local moindres, alors qu’ailleurs, ça peut être élevé. »

Même si Gymnaska-Voltigeurs garde la tête hors de l’eau, le club maskoutain est tout de même affecté. Tous les cours annulés au printemps ont été crédités, parfois même remboursés pour ceux qui le demandaient. Avec la nouvelle suspension des cours cet automne, on espère éviter de revivre ce même scénario et pouvoir reprendre tous les cours manqués « un jour », souhaite ardemment la directrice générale.

Des impacts se font aussi sentir chez les entraîneurs. La poursuite de certaines activités grâce aux cours privés a permis de garder quelques-uns d’entre eux à l’emploi, mais ils n’ont pas tous eu cette chance. Gymnaska-Voltigeurs redoute d’ailleurs de perdre des entraîneurs qualifiés une fois que les activités pourront reprendre. « On a peur qu’ils se trouvent une autre job et qu’ils ne reviennent pas », soulève Nancy Houle.

À l’approche de 2021, on garde tout de même espoir chez Gymnaska-Voltigeurs de pouvoir recommencer à faire bouger les jeunes bientôt. « On espère vraiment pouvoir reprendre nos activités et que le gouvernement va entendre le message de SportsQuébec [de permettre la reprise des activités sportives] », souhaite Mme Houle.

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