30 novembre 2023 - 03:00
Toyota Mirai : celle que vous ne verrez jamais
Par: Marc Bouchard
Photo Sylvain Bouchard

Photo Sylvain Bouchard

Jamais est un bien grand mot. Si on vous dit que vous ne verrez jamais un véhicule, vous savez que c’est une exagération. Disons simplement que les chances que vous croisiez une Toyota Mirai sur les routes de la Montérégie sont quasi nulles.

La situation serait peut-être différente dans la région de Québec. Mais ce n’est pas de la discrimination, plutôt un simple fait : il n’existe au Québec qu’une seule borne de recharge à hydrogène publique, et elle est localisée en plein cœur de la Capitale nationale.

Or, la Toyota Mirai a de bien beaux atouts, mais son carburant étant rarissime, elle n’est pas réellement très courante. Le gouvernement du Québec a bien tenté d’en faire un essai prolongé, allant jusqu’à se procurer plusieurs dizaines d’unités. Plusieurs ont toutefois été revendues, à bon prix, faute de possibilité de s’alimenter.

Tout ceci est bien dommage. Car la Toyota Mirai a de bien belles qualités, a un roulement agréable et offre un fonctionnement sans émissions polluantes. Ce qui, avouons-le, n’est pas sans intérêt.

Une voiture électrique

Petit rappel technologique pour ceux qui ne le savent pas : la Toyota Mirai est, essentiellement, un véhicule électrique. Elle est composée d’un moteur électrique et d’une batterie pour emmagasiner de l’électricité. Elle ajoute cependant tout un autre système destiné à recevoir de l’hydrogène.

En simple, l’hydrogène est inséré dans un réservoir comme vous le feriez avec un plein d’essence. Pour sensiblement le même prix d’ailleurs, ce qui est une bonne chose. La bonne nouvelle, c’est qu’il ne faut que quelques minutes, pas plus que pour un plein d’essence, pour remplir le réservoir qui vous offrira jusqu’à 647 kilomètres d’autonomie.

Une fois l’hydrogène à bord, en résumé, il traverse un électrolyte et se jumelle à l’oxygène. Ce procédé permet de produire l’électricité envoyée dans la batterie qui propulse le véhicule. Et le résultat, c’est de la vapeur d’eau, oxygène et hydrogène donnant H0. Cette vapeur est propulsée par un tuyau d’échappement standard, et un petit réservoir accueille les surplus d’eau. Il faut cependant le vider à l’occasion.

Alors, si tout est si simple, et si la voiture est si propre, pourquoi n’en voit-on pas plus sur les routes? Les raisons sont multiples. La production d’hydrogène exige de l’électricité en abondance et un réseau de distribution encore inexistant. Même si des projets d’hydrogène vert sont en construction, on est loin d’une réalisation. Il y a fort à parier que ce modèle s’appliquera davantage éventuellement aux camions lourds plutôt qu’aux voitures individuelles.

Et la voiture

Une fois ces choses dites, et que vous avez compris que vous ne pouvez pas obtenir la Mirai faute de carburant, il faut quand même parler de la conduite. Car la Toyota Mirai est surprenante, voire luxueuse, et sa conduite est étonnamment douce.

La berline offre un espace plus qu’abondant, et si ce n’était d’un coffre arrière un peu trop restreint, elle serait une berline intermédiaire parfaite.

Son tableau de bord mise sur un vaste écran d’infodivertissement et sur une planche de bord numérique faciles à lire et à utiliser. En fait, l’ensemble a des petites allures de Lexus, et la qualité des matériaux utilisés à bord n’y est pas étrangère. Un bon mot aussi pour les sièges des occupants avant qui offrent confort et support.

Petit bémol pour les places arrière. En fait, les places elles-mêmes ne sont pas un souci, mais l’accès est rendu compliqué par une ouverture de portière un peu limitée. On aurait aimé plus d’espace pour se glisser à bord.

En matière de conduite, la Mirai est sans véritable reproche. Elle n’est pas la plus véloce avec ses 182 chevaux, mais elle réagit bien et dans un grand silence, comme on peut s’y attendre.

La lourdeur de l’ensemble est perceptible, et on ne s’attend pas à des performances sportives quand on prend son volant. Il faut tout de même admettre que la conduite est sans souci.

Certaines questions sont cependant sans réponse. Notre essai s’est déroulé en période un peu froide, mais rien d’excessif. Or, jamais nous n’avons pu atteindre l’autonomie annoncée sur le tableau de bord, malgré une conduite assez sage. Nous avons même perdu quelques kilomètres affichés alors que la voiture était à l’arrêt depuis quelques heures.

Non, la Toyota Mirai n’est pas et ne sera pas une voiture de masse. Mais c’est une curiosité qui vaut bien qu’on s’y attarde et qui prouve que toutes les technologies peuvent encore nous surprendre.

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