Parlons transparence. Aussi bien vous y faire tout de suite, car elle reviendra souvent et occupera beaucoup de place au cours de la prochaine campagne électorale à Saint-Hyacinthe. La transparence est le cheval de bataille de la cheffe de Saint-Hyacinthe unie, Marijo Demers, qui aspire à succéder au maire Claude Corbeil.
Mme Demers a souvent le mot « transparence » à la bouche. Quand elle l’utilise, c’est presque toujours pour se plaindre qu’il n’y en a pas assez à l’hôtel de ville et pour en promettre. À cet égard, elle n’est pas la première politicienne à s’en draper pour s’attirer la faveur des électeurs. Le maire Corbeil l’a fait avant elle. Oui, oui, dès la toute première entrevue qu’il a accordée pour lancer sa campagne à l’été 2013. Nos archives sont là pour en témoigner. Éthique et transparence étaient les deux valeurs qui, espérait-il, allaient assurer son élection à la mairie et dicter chacune de ses décisions par la suite. Avec le recul, disons qu’il devrait peut-être revisiter son vieux programme électoral. Au fil des années Corbeil, on dirait que cette volonté de transparence s’est érodée comme les falaises des Îles-de-la- Madeleine. Peut-être n’en a-t-il même pas conscience et qu’il ne fait que se laisser convaincre, comme les autres élus, que toute vérité n’est pas bonne à dire. Dans ce cas, nous aurions un maire sous influence, celle de la direction générale. Ce n’est guère mieux.
Notre Ville aime entretenir le mystère et elle le cultive dans bien des dossiers.
Des exemples? Pensons à l’entente secrète avec Beauward pour la construction du centre de congrès, puis à sa gestion déléguée à un opérateur privé, à l’entente secrète avec Exceldor en vue de la construction d’un abattoir et à l’entente avec Groupe Sélection pour la concrétisation de son complexe immobilier dans un stationnement municipal.
Que de mystères pour les contribuables maskoutains. Et on pourrait ajouter d’autres exemples, petits ou grands, où le mutisme de la Ville de Saint-Hyacinthe alimente la suspicion. Ces dernières années, il y a eu des règlements à l’amiable dans divers dossiers, certains pour mettre fin à des procédures judiciaires, d’autres pour se libérer d’employés devenus indésirables. Bien entendu, la Ville dira que, dans bien des cas, elle était soumise à des clauses de confidentialité auxquelles elle semble souscrire de bon cœur. Ces clauses n’ont pourtant pas lieu d’être quand de l’argent public est en jeu.
Les Maskoutains sont en droit de connaître les montants impliqués et rendre des comptes devrait être un réflexe naturel chez nos élus. Plus récemment, dans le dossier Groupe Sélection, le conseiller Jeannot Caron s’est fait passer un savon pour avoir révélé que la Ville allait compenser le promoteur jusqu’à concurrence de 100 000 $ pour les frais de décontamination du terrain qu’elle lui a vendu pour 1 M$. Le maire n’a pas apprécié cette sortie. Pas du tout. Cela vous donne une idée de l’obscurantisme ambiant.
Pas plus tard que le 21 juin, Mme Demers a profité de la période de questions précédant la séance du conseil pour questionner le maire sur des changements constatés dans les rapports mensuels des permis de construction. Depuis mars, on se contente de donner des bilans cumulatifs sans donner le détail de chaque permis. Le maire lui a répondu qu’il ne portait pas tellement attention à ces rapports, avant de refiler la balle au directeur général Louis Bilodeau. Ce dernier a pris acte de cette observation et dit qu’il allait vérifier le tout.
Le hic, c’est que M. Bilodeau a feint l’ignorance! Il savait très bien de quoi il était question, mais, de toute évidence, n’avait pas cru utile ou nécessaire d’en informer les élus. Il s’est donc acheté du temps. Car au terme de la séance, il a confié à quelques élus venus le questionner sur cette sortie de Mme Demers qu’il s’attendait à être questionné bien avant par LE COURRIER, et non par la candidate à la mairie. Il leur a expliqué que la décision de retrancher le détail des permis n’était pas étrangère à l’arrivée d’un nouveau directeur à l’urbanisme, un cadre rompu à d’autres pratiques en matière de reddition de comptes.
Voilà pour la vérification.
Cette histoire vous paraît bien anodine, mais elle en dit plutôt long sur la culture municipale en matière de gouvernance et de communication. Une culture qu’il ne sera pas simple à changer.