14 septembre 2023 - 07:00
Banc d’essai du COURRIER
Transport collectif vers Montréal : le REM perdant sur toute la ligne
Par: Zineb Guennoun | Journaliste de l'Initiative de journalisme local
L’arrivée du REM suscite de l’insatisfaction chez de nombreux usagers à cause des changements apportés au réseau des autobus. Plusieurs utilisateurs ont vu leurs habitudes chamboulées, en plus d’arriver plus tard à destination. Photo François Larivière | Le Courrier ©

L’arrivée du REM suscite de l’insatisfaction chez de nombreux usagers à cause des changements apportés au réseau des autobus. Plusieurs utilisateurs ont vu leurs habitudes chamboulées, en plus d’arriver plus tard à destination. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Bus, train ou REM? On a testé pour vous les trois parcours de transport collectif reliant Saint-Hyacinthe à la gare Centrale de Montréal. Avec la mise en service du Réseau express métropolitain (REM) qui a débuté officiellement le 31 juillet, les Maskoutains ont dorénavant plus d’options pour arriver à destination. Bien que plus nombreuses, elles ne sont pas toutes aussi intéressantes et rapides, selon ce que LE COURRIER a pu observer.

L’arrivée du REM ne fait pas l’unanimité. Cette nouvelle installation a chamboulé, d’une part, le réseau des transports en commun – qui a apporté plusieurs changements à ses circuits d’autobus – et, d’autre part, les habitudes des usagers – qui constatent que leur temps de parcours est prolongé puisqu’ils font plusieurs trajets au lieu d’un seul.

Autobus 300 – REM : des horaires fréquents, mais moins rapides

Depuis le 31 juillet, la ligne d’autobus 300, prisée des Maskoutains, ne se rend plus au terminus Mansfield de Montréal. Les usagers de cette ligne débarquent maintenant à la station Brossard du REM.

Ces nouveaux trajets impliquent également de nouveaux horaires. Plusieurs départs par jour ont été ajoutés sur la ligne d’autobus 300. Après avoir essayé ce nouveau trajet, LE COURRIER a constaté que le temps estimé pour arriver à la station de la gare Centrale est d’environ 1 h 45. Le REM permet d’être plus fiable en matière d’horaires puisque les départs sont plus fréquents et que le trajet permet d’éviter également la congestion routière pour les usagers qui prennent ce mode de déplacement pendant les heures de pointe, mais ce n’est tout de même pas l’option la plus rapide pour eux.

« Les usagers qui prenaient la 300 ne sont pas contents parce que le bus ne s’arrête plus au terminus Mansfield. Le parcours était parfait pour les gens qui travaillent à côté de cette station. On ne débarque plus à Montréal puisqu’on n’emprunte plus le pont Samuel-de-Champlain », a indiqué Huguette, chauffeuse d’autobus pour la ligne 300.

Elle précise toutefois que l’avantage du REM est qu’il permet d’éviter la congestion routière, à l’inverse du bus qui se retrouvait en plein milieu du trafic lorsqu’il passait par le pont.

Prendre le REM impose aussi un arrêt supplémentaire avant d’arriver à destination. LE COURRIER a interrogé des passagers qui déplorent que ce nouveau mode de transport implique un transfert de plus et donc un parcours moins rapide puisqu’ils passent plus de temps dans le transport en commun.

« Je suis déçu qu’ils aient retiré les lignes du bus qui allaient directement au centre-ville de Montréal. Le REM, c’est bondé et on débarque à la gare Centrale où il n’y a pas un accès direct au métro. Il y a toute une distance à parcourir à pied pour le prendre, ce qui n’était pas le cas auparavant avec le bus. C’est tout un détour et c’est beaucoup d’attente. Maintenant, c’est plus long pour se rendre à Montréal. J’aurais préféré qu’ils laissent le choix au lieu de retirer les lignes d’autobus de manière drastique », a critiqué un passager faisant ce trajet fréquemment.

Il s’est dit en colère contre la mise en circulation du REM, qui n’est certes pas une amélioration en ce qui le concerne. « Avant, je prenais uniquement la 300 qui m’amenait directement au centre-ville de Montréal. Avec le REM, c’est un arrêt supplémentaire à faire. C’est devenu compliqué et les horaires du bus ont changé et ne sont plus comme avant. Je prendrai dorénavant la 200 où je pourrai faire la correspondance avec le métro, c’est plus simple pour moi. »

Après avoir testé le REM, il a remarqué qu’une fois arrivé au terminus, il faut compter au moins six minutes avant de prendre d’autres correspondances. Selon lui, l’accès au métro n’est ni accessible ni fluide. Il critique aussi qu’il y ait un manque d’indications.

Un retraité qui a essayé le REM pour la première fois s’est dit surpris du nombre de marches qu’il doit franchir afin de prendre le bus puisqu’il n’y a pas d’escalier mécanique. « Si seulement le bus avait continué de desservir le centre-ville de Montréal. On était très bien servis avant. C’est bien dommage », a-t-il commenté.

Autobus 200 – Métro : une bonne option

Mario, chauffeur d’autobus de la ligne 200, constate que le REM n’a pas vraiment changé les habitudes des usagers de cette ligne de bus. « Rien n’a changé même après l’entrée en service du REM, il y a le même achalandage qu’avant. »

En ce qui concerne ce trajet, une fois les usagers arrivés à Longueuil, une correspondance avec le métro est disponible pour se rendre à Montréal. En matière de durée de parcours, il faut compter un peu plus de 1 h 30 en moyenne pour rejoindre la gare Centrale de Montréal à partir du centre-ville de Saint-Hyacinthe. Après avoir testé les trois parcours, ce mode de déplacement s’avère être un bon compromis. Les horaires de cette ligne d’autobus sont assez nombreux et la durée est plus ou moins rapide, selon l’heure d’embarquement.

Autobus 25 – train de banlieue : un bon compromis

Pour utiliser le service du train de banlieue, soit la ligne reliant la gare Centrale à la gare de Mont-Saint-Hilaire, les usagers maskoutains prennent d’abord le circuit d’autobus 25 pour se rendre à la gare ferroviaire la plus près de Saint- Hyacinthe. Ce parcours vers la gare Centrale de Montréal se fait en un peu moins de 1 h 20 en moyenne.

Avec cette durée de parcours, le train est idéal pour les passagers qui travaillent à Montréal aux heures de bureau habituelles, car les heures d’opération sont concentrées tôt le matin vers Montréal et en fin de journée pour le retour vers Saint-Hyacinthe.

Après avoir habité Montréal pour rester proche de son travail, un Maskoutain rencontré dans le cadre de ce reportage a décidé de retourner vivre dans sa ville d’origine, Saint-Hyacinthe. Selon lui, malgré la mise en service du REM, le moyen de transport parfait demeure sans aucun doute le train de banlieue.

« Le train de banlieue est très agréable. Avant, je prenais chaque matin l’autobus 300 qui allait jusqu’au centre-ville et j’arrivais à temps à mon travail plus facilement. Avec le changement de trajet imposé par le REM, les horaires ont changé et le bus s’arrête à présent à Brossard. »

Après avoir essayé le REM une première fois, il précise qu’il y a eu une panne qui a duré pendant une heure sans aucun avertissement. Selon lui, il n’y a eu aucune communication de la part de la société de transport. « C’est sûr que je ne vais pas refaire l’expérience. Pour moi, le train est plus confortable, ne fait pas beaucoup d’arrêts et, surtout, m’amène directement à destination. Tandis qu’avec le REM, je dois faire une longue marche une fois arrivé à Brossard pour prendre un autre moyen de transport. C’est un transfert de plus et ce n’est pas très pratique pour moi », a-t-il conclu.

Notons que l’option la plus rapide de toutes pour aller de Saint-Hyacinthe à la gare Centrale de Montréal est de prendre le train VIA Rail puisque le temps de l’itinéraire est estimé à 38 minutes, mais il faut être prêt à débourser une somme importante puisqu’en matière de coût, ce moyen de transport n’est pas accessible à toutes les bourses.

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