29 décembre 2022 - 07:02
Pour terminer l’année 2022 en santé
Très longue attente
Par: Martin Bourassa
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa

Pour conclure l’année 2022, j’ai décidé de prendre une pause d’affaires municipales, de sujets controversés et d’inflation pour embrasser un sujet plus consensuel et dont on ne fera malheureusement jamais le tour : les malheurs de notre système de santé.J’ai été inspiré par cette déclaration du premier ministre François Legault au sortir d’une visite de courtoisie à l’hôpital Sainte-Justine à Montréal.

Face à la situation aussi chaotique que dramatique dans nos hôpitaux en tout temps, et spécialement pendant la période des fêtes, M. Legault a invité les gens à ne pas faire exprès pour se ramasser à l’hôpital. Je ne me souviens pas de la dernière fois où j’ai fait exprès pour me ramasser à l’urgence de l’Hôpital Honoré-Mercier. Et vous?

Je touche du bois, car j’ai une santé de fer et, sûrement comme plusieurs d’entre vous, aucun médecin de famille. On ne le dira jamais assez, le problème majeur de notre système de santé n’a jamais été, de façon générale, la qualité des soins médicaux que l’on reçoit ni la prise en charge des malades une fois qu’on a mis le gros orteil dans le système. Le problème, c’est l’accessibilité aux soins de santé.

Au début de la cinquantaine, je suis un patient orphelin depuis quelque chose comme 20 ans, malgré mon inscription au fameux guichet de référence. Jusqu’ici, j’ai réussi à me tenir loin des hôpitaux pour moi-même et je suis pleinement conscient de ma chance. Je laisse les rares médecins à ceux et celles qui en ont le plus besoin.

Mais à quelques reprises ces derniers temps, j’ai eu à accompagner des proches qui ont dû se résoudre à se rendre à l’urgence. Des parents de 80 ans et plus à la santé vacillante qui ont perdu leur médecin de famille et qui attendent depuis plus de deux ans qu’un omnipraticien daigne les reprendre. Je pense aussi à ma mère, proche aidante au grand cœur et qui n’a jamais rien demandé de sa vie, qui attend depuis des semaines l’appel de son CLSC pour des soins à domicile. Elle payait encore jusqu’à tout récemment une cotisation annuelle à une coopérative de santé qui ne lui donne absolument aucun service, dans l’espoir fou que sa contribution aidera sa cause.

Notre système de santé est malade, M. Legault. Des exemples concrets? En voici quelques-uns qui ont retenu mon attention dans l’actualité locale et régionale en 2022.

Je commence avec l’urgence de l’Hôpital Honoré-Mercier où pas plus tard que mardi le taux d’occupation des 26 civières à l’urgence atteignait 157 %, avec un temps d’attente estimé à « Attente très longue » écrit en lettres rouges, le pire score en Montérégie. Je doute fort que tout ce beau monde ait fait exprès pour y être. Je pense que les gens qui y sont le sont majoritairement par obligation, faute de mieux ou d’options valables comme une clinique ouverte ou qui accepte les patients orphelins. Je vous rappelle également que la nouvelle urgence de l’Hôpital Honoré-Mercier n’est toujours pas accessible et fonctionnelle. Des déficiences liées aux travaux de construction qui sont pourtant terminés restent toujours à être corrigées.

Cette nouvelle urgence rendra l’attente des malades et le travail du personnel soignant plus agréable, mais on n’y ajoutera pas plus de civières pour autant. On soignera mieux, mais pas davantage, compte tenu des ressources manquantes.

Le manque de main-d’œuvre a aussi forcé des fermetures de lits au cours de la dernière année. On a fait état l’été dernier de certaines coupes temporaires dans des lits à l’Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinthe, dont des lits réservés à des personnes en fin de vie devant bénéficier de soins palliatifs. Si cette fermeture a été temporaire à Saint-Hyacinthe, la situation s’éternise du côté du CHSLD d’Acton où le seul lit – le seul et unique — de soins palliatifs est fermé depuis la mi-juillet, dans une indifférence vraiment honteuse. Je m’explique très mal le manque d’indignation des Valois et de leurs élus face à cette situation intolérable. S’il y a bien un service qui devrait être en tout temps considéré comme essentiel dans un établissement de santé, c’est certainement les soins palliatifs, et encore davantage si l’unité se limite à un lit.

Le couper devrait être interdit. Le tolérer pendant plus de 20 semaines, c’est honteux. Mourir dans la dignité, cela devrait impliquer le droit de mourir près de ceux qu’on aime le moment venu. N’êtes-vous pas d’accord avec moi, M. le premier ministre?

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