7 Décembre 2023 - 03:00
Plus de six ans après les faits
Trois hommes coupables d’un viol collectif à Saint-Pie
Par: Adaée Beaulieu
Après avoir tout tenté pour étirer les procédures judiciaires, trois hommes de la région ont finalement été trouvés coupables d’avoir agressé sexuellement une femme dans un spa extérieur d’une demeure de Saint-Pie, le 6 novembre 2016, lui laissant des ecchymoses sur tout le corps.

Il s’agit de Guyllaume Thibault, 30 ans, de Saint-Hyacinthe, de Vincent Jodoin Rodier, 32 ans, de Saint-Pie, et de Pierre-Luc Gosselin, 31 ans, de Saint-Damase. Ils ont reçu le verdict de culpabilité le 30 octobre au palais de justice de Saint-Hyacinthe. Ils étaient accusés d’agression sexuelle de groupe et agression sexuelle causant des blessures et ont subi leur procès en avril et octobre 2022. Ils avaient auparavant changé plusieurs fois d’avocats et demandé à ce que les procédures soient arrêtées pour délais déraisonnables en vertu de l’arrêt Jordan. Cela leur a été refusé à l’été 2021.

Une fête qui vire au drame

La victime connaissait Guyllaume Thibault, mais ne l’avait vu qu’une fois. Ils ne discutaient ensemble que rarement. Toutefois, dans les semaines précédant l’événement, il avait commencé à communiquer plus fréquemment avec elle. Le 5 novembre en soirée, il l’invite à une fête privée à Saint-Pie. « On a juste une vie à vivre. On s’est déjà vus, je ne suis pas un tueur voyons », lui a écrit Thibault. Elle décide de s’y rendre, mais en se sentant intimidée d’y rencontrer des inconnus. Finalement, à son arrivée après minuit, elle constate que ce sont six hommes qui prennent part à la fête.

Certains semblent avoir déjà consommé une bonne quantité d’alcool. Elle se met elle aussi de la partie en prenant quelques bières en deux heures.

Vers 3 h du matin, les trois accusés rentrent dans le spa et l’invitent à se joindre à eux, mais elle décline l’offre, car elle n’a pas son maillot de bain. Ils insistent en affirmant ne pas être « méchants » et ne pas vouloir lui faire du mal. Leurs demandes répétées sont l’objet d’un enregistrement présenté en cour par la poursuite, assurée par Me Marie-Claude Morin.

La victime finit par céder à la pression et entre dans le spa en sous-vêtements. Elle boit à même une bouteille d’alcool qui circule. Elle se sent ensuite nauséeuse et étouffée, mais retourne dans le spa quelques instants plus tard. Des rapprochements surviennent alors avec Guyllaume avec son consentement, selon les documents de cour que nous avons obtenus.

Mais, d’un instant à l’autre, la situation dégénère. Elle est retenue fermement et commence à subir des attouchements. Elle pleure et se sent étranglée et serrée. Elle ressent de la douleur à la vulve et aux fesses. On la pince, mord et claque et elle sent que ce sont les trois hommes qui agissent ainsi à son égard. Après avoir demandé qu’on ne lui fasse pas mal et de ne pas avoir de marques, on la relâche.

Elle ne se souvient pas bien de tout ce qui s’est passé, mais elle est certaine d’avoir entendu les mots : « Ça achève. »

Mais à ce moment, son supplice n’est pas fini, car Thibault lui demande de mettre les trois pénis des hommes dans sa bouche. Elle refuse et finit par réussir à se rendre à la salle de bain. À ce moment, Thibault lui demande de mettre un sourire sur son visage.

Une défense peu crédible

La défense a affirmé que la victime aurait eu des contacts affectifs et sexuels avec Pierre-Luc Gosselin et que les deux autres hommes les auraient laissés seuls.

Seul Guyllaume Thibault a témoigné lors du procès. Il a nié que lui et ses deux amis avaient posé les gestes qui leur étaient reprochés. La juge Louise Leduc n’a pas retenu sa version. « Sa crédibilité est grandement affectée par ses explications à l’égard de la rupture des contacts avec madame et son mutisme auprès de ses amis », a affirmé la juge. « L’ensemble de son récit semble inventé », a-t-elle dit.

La juge a aussi tenu à préciser que le « préjugé archaïque » selon lequel la victime avait pris le risque d’être agressée ne devait en aucun cas faire partie de l’analyse. Toutefois, elle a soutenu que les blessures de la victime, elles, devaient en faire partie, car M. Thibault a soutenu que la nuit s’est déroulée sans particularités. « Le Tribunal a reçu une preuve convaincante que madame a subi des lésions corporelles à la suite d’un traumatisme », a-t-elle écrit. « Elle a rendu un témoignage franc, sincère, exempt d’intérêt et crédible », a conclu la juge.

Les trois accusés ont porté appel du jugement le 15 novembre. Le dossier sera de retour aujourd’hui en cour d’appel.

image

Une meilleure expérience est disponible

Nous avons détecté que vous consultez le site directement depuis Safari. Pour une meilleure expérience et pour rester informé en recevant des alertes, créez une application Web en suivant les instructions.

Instruction Image