Le juge Pennou a présenté les différents arbres décisionnels que les douze jurés doivent prendre en considération pour décider du sort de Labrecque, 37 ans. Comme le fait que l’accusé soit responsable de la mort d’Isabelle Lavoie dans la nuit du 12 au 13 septembre 2016 n’est pas contesté par la défense, trois options s’offrent au jury : coupable de meurtre au premier degré, thèse que soutient la Couronne, coupable de meurtre au deuxième degré ou coupable d’homicide involontaire, que soutiennent les avocats de Labrecque.
Question d’interprétation
Les deux parties, représentées par Me Claudie Gilbert (ministère public) et Me Martin Latour (défense), ont tenté de convaincre le jury que leur interprétation des témoignages entendus et des preuves présentées était la bonne. Dans sa plaidoirie finale, Me Latour a misé sur le manque de « crédibilité » de plusieurs témoins et a insisté sur le fait que les paroles violentes qu’aurait proférées l’accusé à deux de ses amis quelques heures avant le drame étaient des paroles en l’air lancées sous le coup de la colère. Jamais Labrecque n’avait eu l’intention de s’en prendre à son ex, il voulait simplement s’enlever la vie dans son logement pour lui envoyer le message qu’elle avait brisé sa vie et la famille, a-t-il défendu.
Au contraire, Me Gilbert doute fortement de la crédibilité du témoignage de l’accusé et considérait que ce dernier était « obsédé » par la peur de perdre Isabelle Lavoie, ce qui explique ses agissements harcelants. Elle souligne que seulement 44 minutes séparent le départ du Tim Hortons où l’accusé avait rencontré son ami, à qui il avait dit que son ex ne « pouvait pas rester impunie », et l’heure du crime dans la résidence d’Isabelle Lavoie. Elle doute également de son témoignage où il affirme avoir trouvé son marteau « par hasard » dans les ordures le soir du drame. « Y croyez-vous vraiment? », a-t-elle demandé au jury avant de mentionner d’autres faits qui prouvent selon elle que les gestes de Labrecque étaient bien prémédités.
Si Labrecque devait être reconnu coupable du meurtre prémédité d’Isabelle Lavoie, il fera face à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. Toutefois, si un « doute raisonnable » subsiste, il est possible qu’on le reconnaisse coupable d’homicide involontaire, qui n’est accompagné d’aucune peine minimale de prison.
Au moment de mettre sous presse, le jury ne s’était pas encore entendu sur un verdict et avait demandé un enregistrement du témoignage intégral de l’accusé.