C’est ainsi que Grégoire Tremblay, l’ingénieur dont les services ont été retenus par le promoteur Stéphane Arès, affirme dans son rapport du 24 avril 2015 que les murs extérieurs de la E.T. Corset « sont faits de trois rangs de brique sans ancrage et reposent directement sur les fondations ».
Voilà qui ne correspond pas à la description des murs qui est faite par Josette Michaud, architecte du bureau Beaupré Michaud et associés, la firme que la Ville a mandatée le 25 mai pour procéder à une étude de conservation partielle de la E.T. Corset. Le mandat consistait à évaluer la faisabilité et l’intérêt que pourrait constituer la conservation de la tour de la E.T. Corset sous une forme ou sous une autre.
À propos des murs de brique porteurs, elle écrit que « l’enveloppe de l’immeuble est constituée de quatre épaisseurs de brique communes, posées avec des boutisses à tous les six rangs. Un vide distance les deux briques extérieures des deux briques intérieures ».
De deux choses, l’une : ou bien Mme Michaud a compté un rang de brique de trop, ou bien c’est elle qui a raison. L’ingénieur Tremblay a procédé à une inspection des lieux le 23 avril, à la demande de Stéphane Arès, et a produit son rapport le lendemain.
Quant à l’architecte Michaud, elle a visité la E.T. Corset le 29 mai avec un ingénieur en structure, Jacques Chartrand, de la firme NCK, en présence du promoteur Stéphane Arès, propriétaire de l’immeuble. Elle y est retournée le 17 juin, cette fois accompagnée de M. Arès et de son associé, Fernand Mathieu.
Dans son rapport du 18 juin, Mme Michaud souligne que « pour différentes raisons, les ailes de l’édifice ne font pas partie du projet de réappropriation ». Toutefois, elle attire l’attention du lecteur « sur la quantité importante de pièces de gros bois d’oeuvre qui s’y trouve ».
Elle note : quelque 125 colonnes d’environ 200 x 200 x 3500 mm, quelque 200 poutres d’environ 300 x 200 x 5000 mm, quelque 3000 madriers de 300 x 90 x 2700 mm. Elle signale également l’existence de quelque 250 000 briques, dont 40 % est vraisemblablement récupérable ou recyclable.
Si c’est l’ingénieur Tremblay qui s’est trompé dans son évaluation de l’épaisseur des murs de soutien, il a oublié de compter quelque 62 500 briques.
« Nous estimons qu’environ 100 000 $ de matériaux provenant de l’immeuble peuvent être recyclés. Il n’est pas impossible que les opérations de décontamination inhérentes à la récupération et au recyclage réduisent la rentabilité de l’opération; nous sommes d’avis que toute démolition de cet immeuble devrait se faire dans un esprit de développement durable comportant déconstruction et récupération de matériaux », écrit l’architecte.
Dans ses recommandations, elle faisait de la récupération des matériaux la première des trois conditions à poser pour l’émission du permis de démolition. La Ville n’a finalement retenu que les deux dernières, c’est-à-dire la réalisation d’un rappel formel de la tour et une récupération physique de la partie mansardée de la tourelle.