Pour ce projet, Philippe Chagnon replonge dans l’univers de L’essoreuse à salade, roman phare de son catalogue, en renouant avec le personnage de Joanie, qui faisait partie du récit. Cette dernière se dissipait à la fin du livre, laissant du même coup un flou sur sa destinée.
« À la fin de L’essoreuse à salade, elle disparaît, mais ce n’est pas tant une disparition. On ne sait juste pas ce qui est arrivé avec elle », dit l’auteur en parlant de ce personnage pivot du triangle amoureux décrit dans son roman de 2019.
« J’ai plusieurs lecteurs qui m’avaient écrit pour essayer de trouver ce qui lui était arrivé. Je me suis dit : pourquoi ne pas sortir un livre à partir de ça. C’est né de ce désir de poursuivre l’histoire qui était déjà un peu sans queue ni tête et vraiment absurde. Ça m’ouvrait la porte pour faire un petit livre, comme une parenthèse », poursuit-il.
À partir de cette idée, Philippe Chagnon a décidé d’imaginer trois versions de ce qui aurait pu arriver à Joanie, avec humour et absurdité. Chacune d’elle est racontée sous un angle différent, nuançant l’autre ou changeant même carrément le cours de l’histoire.
Dans la première version, Joanie se réveille ligotée dans un endroit inconnu et doit collaborer avec ses ravisseurs qui voudront mettre la main sur une rançon afin qu’elle soit libérée. Dans la seconde, on suit plutôt l’un des ravisseurs dans ce projet d’enlèvement pour lequel Joanie est ciblée. Puis, la troisième version suggère plutôt que la jeune artiste disparaît volontairement dans le but de créer ses œuvres et de se faire oublier du public pour revenir en coup d’éclat avec son exposition.
« Je trouvais intéressant de jouer avec la perception des gens. Ce sont trois histoires différentes, mais en même temps, elles se complètent », raconte le Maskoutain.
« C’est un peu comme quand on lit les nouvelles. Dans La Presse et dans Le Journal de Montréal, la même histoire va être racontée, mais parfois, il y a juste un petit détail de différent que l’un mentionne et l’autre non et ça change notre perception, donne en exemple l’auteur. Je trouvais ça intéressant d’amener trois visions différentes de la même histoire. Au final, c’est un peu le lecteur qui se fait sa propre idée à partir de tout ça. »
De multiples projets
Toujours curieux d’explorer de nouvelles avenues dans ses projets littéraires, Philippe Chagnon planche également sur d’autres idées depuis quelques mois.
L’auteur a notamment entamé un projet de roman « plus long, avec beaucoup de recherche » qu’il a mis de côté momentanément pour rédiger Du côté du Szechuan. Il codirige également un collectif dans le cadre d’un projet qui devrait être partagé éventuellement, puis l’idée d’écrire pour le public jeunesse commence également à mijoter dans l’esprit de ce père de famille.
« J’essaie de continuer d’étendre mes tentacules, si on veut. Je prends tous les projets qui viennent à moi », conclut-il.