On y apprend que, du 10 décembre 2015 au 9 décembre 2016, 46 personnes se sont vues administrer l’aide médicale à mourir au Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Est (CISSSME), alors que 55 demandes en ce sens ont été formulées.
Parmi les requêtes qui n’ont pas abouti, certaines découlent du fait que les patients ont retiré leur demande ou sont décédés entre-temps. Seulement quatre demandes ont été refusées parce que le patient ne répondait pas aux critères prévus par la loi.
Pour être admissible, il faut notamment souffrir d’une maladie « grave et incurable », afficher un « déclin avancé et irréversible de ses capacités » et éprouver des souffrances physiques ou psychiques « constantes, insupportables et qui ne peuvent être apaisées ».
Le patient doit également être pleinenement lucide pour donner un consentement libre et éclairé à la demande d’aide médicale à mourir. Les personnes atteintes de troubles cognitifs comme la maladie d’Alzeimer ou d’autres formes de démence n’ont donc pas accès à ce soin. Cette dernière contrainte pourrait toutefois être réévaluée prochainement par l’Assemblée nationale dans la foulée de l’histoire de l’homme qui aurait tué sa conjointe dans un centre d’hébergement de Montréal après qu’une demande d’aide médicale à mourir lui ait été refusée. La femme d’une soixantaine d’années ne pouvait pas exprimer son consentement puisqu’elle souffrait de problèmes de santé mentale sévères, ont rapporté les médias.
Plusieurs élus, dont le ministre de la Santé Gaétan Barrette, se sont dits ouverts à élargir cette clause pour permettre une demande anticipée pour les personnes atteintes d’une maladie dégénérative du cerveau. Il est déjà possible de formuler des directives médicales anticipées pour spécifier à l’avance les soins auxquels on pourrait consentir en cas d’éventuelle inaptitude, en excluant l’aide médicale à mourir.
Moins connue que l’aide médicale à mourir, la sédation palliative continue est aussi un soin de fin de vie pratiqué dans le système de santé québécois. Il consiste en l’administration de médicaments à une personne dont la mort est « imminente » dans le but de soulager ses souffrances en la rendant inconsciente, de façon continue, jusqu’à son décès naturel. Contrairement à l’aide médicale à mourir, ce soin ne provoque pas la mort du patient, mais il peut être autorisé par un proche dans le cas où la personne serait inapte à y consentir. Toujours pour décembre 2015 à décembre 2016, le nombre de sédations palliatives continues administrées a été presque identique à celui des aides médicales à mourir, soit 47.
Les soins palliatifs restent beaucoup plus largement répandus puisque 2 069 personnes en bénéficiaient au 9 décembre 2016, dont un peu plus de la moitié à domicile, le quart en CHSLD et le reste à l’hôpital ou en maison de soins palliatifs.