5 janvier 2012 - 00:00
Un cégep trop riche?
Par: Martin Bourassa
Au cours des derniers jours, on m'a interpellé à deux reprises pour me parler du plus récent scandale dans le monde de l'éducation à Saint-Hyacinthe. Deux personnes se sont dit l'une étonnée, l'autre choquée, par la publication d'une pleine page de publicité de la Commission scolaire de Saint-Hyacinthe.

Au cours des derniers jours, on m’a interpellé à deux reprises pour me parler du plus récent scandale dans le monde de l’éducation à Saint-Hyacinthe. Deux personnes se sont dit l’une étonnée, l’autre choquée, par la publication d’une pleine page de publicité de la Commission scolaire de Saint-Hyacinthe.

Publiée dans Le Courrier du 22 décembre, elle présentait les voeux de Noël des commissaires. Autant que possible, je me tiens loin du département de la publicité, mais on parle d’une dépense de quelques centaines de dollars. « Tututu, ce n’est pas l’ampleur de la dépense, mais le principe qui compte, me disait-on. Notre commission scolaire devrait plutôt investir dans les services directs aux élèves. »Dans la mesure où l’on tient pour acquis que le fait de ne pas publier cette publicité aurait permis à une élève de plus de recevoir les services d’un orthopédagogue, je peux comprendre le raisonnement. Mais cette pub ne me choque pas pour autant.Pas mal moins que le retour du hockey junior AAA à Saint-Hyacinthe.Ce n’est pas tant de savoir qu’une équipe maskoutaine reviendra dans ce circuit après la disparition des Dragons (1996-2001) qui me contrarie, que le fait d’apprendre qu’elle reviendra et vivra par l’entremise d’une institution publique.La direction du Cégep de Saint-Hyacinthe a confirmé la nouvelle dans un bref communiqué transmis la veille du réveillon de Noël. Ce communiqué nous apprend que « l’arrivée de cette équipe contribuera à la persévérance scolaire des garçons ».On mentionne que cette équipe contribuera à contrer le décrochage et favorisera la persévérance. Dans la bouche d’un directeur d’école primaire ou secondaire, ça sonne bien. Mais dans celle d’un directeur général de collège, ça sonne un peu bizarre.Si le Cégep avait joint les rangs de la nouvelle Ligue collégiale comme elle le voulait à l’origine, je n’aurais pas eu les mêmes réserves compte tenu de sa structure. Peut-être quelques-unes, mais pas tant. Mais je me questionne sur la pertinence du plan B.Personne ne remettra en cause la noblesse d’encourager la persévérance et la réussite éducative. Le Cégep de Saint-Hyacinthe veut le faire, soit, mais à quel prix et par quel moyen? Pourrait-on avoir accès aux études et aux montages financiers qui ont été soumis aux administrateurs du collège qui ont donné leur bénédiction?Pour les intéressés, opérer une franchise dans la ligue junior AAA est une entreprise hautement commerciale, et non une démarche éducative. Toutes les autres équipes sont la propriété d’entreprises privées, d’un collège privé et d’un collège anglophone public. Il n’y a pas d’autre école publique francophone dans le lot, comme il n’y a pas d’école secondaire publique parmi les équipes de la Ligue de hockey midget AAA, à ma connaissance. Pour monter une équipe de hockey au cégep, il faudra y mettre du temps et surtout beaucoup d’argent provenant de vos taxes et de vos impôts. On situe le budget de fonctionnement annuel moyen des bonnes équipes autour de 200 000 $.Du temps des défunts Dragons, le budget oscillait autour de 135 000 $ et nous étions les parents pauvres de la ligue il y a 10 ans. Une telle équipe dans le junior AAA exigera que l’on embauche du personnel de soutien, des entraîneurs et des recruteurs. Il faudra repêcher des joueurs, faire signer des contrats, payer nos joueurs de 20 ans, assumer le coût des pensions au besoin, des déplacements, des heures de glace, etc.Décidément, le Cégep de Saint-Hyacinthe ne doit plus savoir quoi faire de son argent pour s’engager dans une si coûteuse aventure.Pour favoriser la réussite éducative, on aurait tout aussi bien pu raisonner autrement.Au lieu d’investir 200 000 $ par année dans un programme de hockey qui profitera à une vingtaine d’individus, on aurait pu réduire les frais afférents des 4 000 étudiants de 50 $ par année et défrayer ainsi le coût de leur passe d’autobus universelle.

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