16 mars 2023 - 07:00
À contre-sens sur l’autoroute 20
Un chauffard ivre arrache la vie d’un jeune Maskoutain
Par: Adaée Beaulieu
Un conducteur ivre qui roulait en sens inverse sur l’autoroute 20 ouest a provoqué un accident qui a fait un mort et quatre blessés, samedi soir, sur l’autoroute 20 à la hauteur de Sainte-Hélène-de-Bagot. Photo Adam Bolestridge | Le Courrier ©

Un conducteur ivre qui roulait en sens inverse sur l’autoroute 20 ouest a provoqué un accident qui a fait un mort et quatre blessés, samedi soir, sur l’autoroute 20 à la hauteur de Sainte-Hélène-de-Bagot. Photo Adam Bolestridge | Le Courrier ©

Les Mousquetaires junior B ont disputé leur partie en hommage à leur coéquipier décédé. Photo Adam Bolestridge | Le Courrier ©

Les Mousquetaires junior B ont disputé leur partie en hommage à leur coéquipier décédé. Photo Adam Bolestridge | Le Courrier ©

Mathis Filion a gradué de l’école secondaire Casavant en juin dernier. Photo gracieuseté

Mathis Filion a gradué de l’école secondaire Casavant en juin dernier. Photo gracieuseté

Une vague d’émotions mêlant colère et tristesse bouleverse depuis le week-end dernier l’entourage de Mathis Filion. Ce jeune Maskoutain de 18 ans a perdu la vie dans un tragique accident de la route survenu vers 23 h 30, samedi soir, à la hauteur de Sainte-Hélène-de-Bagot.

Le véhicule dans lequel il prenait place avec quatre copains a eu le malheur de croiser celle d’un chauffard ivre qui s’était engagé à contresens sur l’autoroute 20.

L’impact a été foudroyant et n’a laissé aucune chance au jeune homme qui a été éjecté de la voiture. Tous les autres occupants ont été blessés plus ou moins sérieusement. On parle de fracture ouverte, de blessures internes et de commotions cérébrales.

En entrevue au COURRIER de son lit d’hôpital, Vincent Landry, le conducteur de la voiture dans laquelle se trouvaient entre autres Mathis et sa copine, a raconté la conclusion malheureuse d’une soirée qui avait pourtant bien commencé.

Les cinq amis revenaient de Drummondville, en direction de Saint-Hyacinthe, quand l’impensable est survenu rendu à Sainte-Hélène. Surpris de voir surgir une camionnette avec les phares pointant dans sa direction dans la même voie que la sienne, celle de gauche, il n’a pratiquement pas eu le temps de réagir.

« J’ai regardé rapidement ses roues pour anticiper dans quelle direction il se dirigeait et j’ai donné un coup de volant vers la gauche afin de l’éviter. Sauf que l’autre a bifurqué à la dernière seconde… », s’est souvenu Vincent Landry, encore secoué.

Le choc inévitable s’est produit à la hauteur de la porte arrière du véhicule, là où se trouvait Mathis. Une fois que son véhicule s’est immobilisé et après avoir repris ses esprits, Vincent n’a pu que constater l’horreur. « La portière avait été arrachée et Mathis n’était plus là. J’avais le sang de mes amis sur moi », a poursuivi celui qui est resté conscient tout au long des manœuvres des policiers, pompiers et ambulanciers qui ont accouru sur place pour porter secours aux victimes.

Après s’en être voulu sur le coup et s’être demandé ce qu’il aurait pu faire autrement pour éviter pareille tragédie, Vincent Landry a réalisé qu’il était lui aussi une victime et qu’il n’y avait qu’un seul et unique responsable : l’autre conducteur, ivre de surcroît.

Ce dernier devra maintenant répondre de ses actes. Matthieu Veillette a d’ailleurs comparu une première fois au palais de justice de Saint-Hyacinthe, le 12 mars.

Il y a été accusé d’avoir conduit avec les facultés affaiblies et de conduite dangereuse causant la mort ainsi que des blessures corporelles. Il sera de retour le 29 mars dans le cadre de son enquête sur remise en liberté. Il reste détenu d’ici là.

Les proches de Mathis Filion souhaitent évidemment que justice soit faite. À commencer par la grand-mère de Mathis, Marie-Josée Houle, qui ne décolère pas.

« Mon petit-fils avait toute la vie devant lui et un brillant avenir. Il était tellement merveilleux et bon. Ce chauffard a pris sa vie et a brisé la nôtre. J’espère qu’il ne s’en sortira pas facilement. Je ne suis pas censée enterrer mon petit-fils. Il n’a pas mérité ça. C’est trop injuste », a-t-elle déclaré dans un mélange d’émotions.

Mme Houle souhaite aussi que ce drame permette d’en éviter d’autres en sensibilisant les conducteurs sur les dangers de l’alcool au volant et la conduite responsable. « Mathis est mort à 18 ans à cause d’un chauffard ivre alors, s’il vous plaît, avant de conduire, si vous avez consommé, donnez vos clés », clame-t-elle.

Des amis bouleversés

Tous ceux et celles qui ont eu la chance de connaître Mathis Filion et de croiser sa trop courte route déplorent la perte d’un jeune homme attachant et rempli de promesses. Son départ soudain laisse un grand vide autour de lui.

« C’était quelqu’un qui avait les valeurs à la bonne place. Il était authentique et avait un grand cœur. Il respirait la bienveillance et la confiance », a témoigné Vincent Landry avec admiration.

Benjamin Raymond, un ami et collègue de travail de Mathis dans un restaurant de Saint-Hyacinthe, a lui aussi vanté l’authenticité du disparu lorsque joint par LE COURRIER. « Il était fidèle à lui-même. Il suivait son chemin sans se laisser ébranler. Il avait un cœur pur et vaillant », a-t-il mentionné en disant qu’il ne réalise pas encore qu’il ne reverra plus jamais son grand copain avec qui il s’était entraîné pas plus tard que le 10 mars.

« Il n’y en aura pas de prochaine fois. C’est la personne à qui ça ne devait pas arriver »,a-t-il ajouté avec émotions.

Une des amies de Mathis depuis le primaire, Rose Chaaban Giard, a raconté combien il a marqué sa vie et les nombreux souvenirs qu’elle conserve de leurs moments ensemble. « C’est le genre de personne avec qui tu ne t’ennuyais jamais. Il avait toujours le sourire aux lèvres et un avenir prometteur. »

Selon ses amis, Mathis rêvait de devenir professeur d’éducation physique et c’est pourquoi il s’entraînait autant.

Frôler la mort

Tout indique que Mathieu Veillette, le chauffard ivre responsable de l’accident mortel survenu samedi soir dernier, a roulé un certain temps et sur une certaine distance à contre-sens avant la collision fatale survenue à Sainte-Hélène-de-Bagot.

Des automobilistes qui ont croisé sa camionnette blanche et qui ont réussi à l’éviter se sont manifestés sur les réseaux sociaux. LE COURRIER a pu s’entretenir avec un couple qui dit avoir vu la mort de près sur l’autoroute Jean-Lesage, entre Saint-Liboire et Saint-Simon.

« Le véhicule circulait à une vitesse folle, a raconté la dame qui était passagère de la voiture conduite par son conjoint. Nous circulions dans la voie de gauche, la voie rapide, quand la camionnette a surgi dans un nuage de fumée. Mon chum a eu le réflexe de braquer vers la droite et nos véhicules se sont frôlés. En regardant vers l’arrière, j’ai vu que l’autre n’a jamais freiné ou cherché à s’arrêter après ça et j’ai vu au loin deux autres véhicules réussir à l’éviter de peu par la suite. Ébranlés tous les deux, il nous a fallu un certain temps avant d’arriver à reprendre nos esprits. C’est épouvantable. »

Ce n’est qu’en arrivant chez elle qu’elle a pris connaissance du drame qui s’est joué peu de temps après.

« Je vis trois émotions en même temps. Je suis heureuse d’être en vie, je suis triste qu’il y ait un décès et je suis en colère que l’alcool soit impliqué. C’est la première fois que je vis pareille expérience et j’espère que ce sera la dernière. Je ne souhaite pas ça à personne. »

Une victoire pour Mathis

Sportif accompli et grand amateur de hockey, Mathis Filion faisait partie de l’équipe des Mousquetaires Junior B de Saint-Hyacinthe. Si le destin en avait décidé autrement, il aurait disputé un match des séries éliminatoires avec ses coéquipiers, dimanche soir dernier, à Saint-Basile-le-Grand, face aux Cougars.

Après avoir songé à reporter ce match et discuté avec les proches de Mathis, les entraîneurs et les joueurs ont convenu de se présenter au match afin d’honorer la mémoire de Mathis, conscients que c’est ce qu’il aurait lui-même souhaité.

Les émotions étaient pourtant vives dans le vestiaire des Mousquetaires et sur la patinoire. La formation maskoutaine a tout donné dans une victoire de 4-1. Une petite cérémonie en toute simplicité et bien émotive s’est tenue au centre de la patinoire à la fin de la rencontre.

« Le chandail de Mathis a été accroché au centre de la patinoire où les joueurs se sont recueillis un moment. L’équipe adverse a aussi été solidaire et respectueuse. Les poignées de main ont été chaleureuses », a indiqué l’entraîneur des Mousquetaires, Ghislain Leblanc.

Comme tous les autres, il s’est dit dévasté par le décès de Mathis. « On entraîne les jeunes bénévolement et on souhaite toujours les recroiser plus tard dans leur vie. Avec Mathis, ça n’arrivera malheureusement pas. C’était un petit gars toujours souriant, mais réservé. L’hommage qui lui a été rendu a été à son image, je crois. On ne l’oubliera pas. »

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