« J’étais tellement fébrile que j’ai eu de la difficulté à lire mon texte », a lancé le conseiller municipal du centre-ville, Jeannot Caron, après la présentation de la résolution. Dans son allocution lors du tour de table des élus, il avait déjà fait part de tout le sens que prenait la concrétisation de ce projet. « Quelle fierté pour moi de parler d’une grande nouvelle pour notre grande ville. C’est le début d’un projet qu’on a rêvé un 7 novembre 2018 au Centre des arts Juliette-Lassonde alors que nous avions eu la présentation par la firme d’architectes Daoust Lestage de la belle promenade Gérard-Côté. Depuis toutes ces années, j’ai continué à rêver du moment où nous allions la commencer et c’est aujourd’hui que nous allons octroyer le contrat », a-t-il déclaré, visiblement émotif.
Ce moment a toutefois été un peu gâché lorsque le conseiller municipal de La Providence, Bernard Barré, s’est opposé à cet investissement qu’il juge beaucoup trop coûteux, ce qui a provoqué des discussions houleuses entre les deux élus.
« C’est sans surprise que je vais voter contre. Quand on regarde la promenade Gérard-Côté, on est tristes. Nous n’étions pas fiers et c’est pour ça que nous avions dit à Daoust Lestage que nous allions investir 20 M$ même si c’était beaucoup d’argent. Mais ensuite, ç’a été 25 M$, puis 30 M$ et, lors de la réactualisation de 2024, ç’a atteint 49,7 M$. Je suis un utilisateur de la promenade Gérard-Côté, mais quand ç’a monté à près de 50 M$, la chaîne a débarqué et moi aussi. Les citoyens veulent que ce soit agréable, sécuritaire et fonctionnel. Ils n’ont pas demandé les Jardins de Versailles et ils doivent avoir la capacité de payer. Là, c’est disproportionné et, ce soir, on se met le bras dans le tordeur », a-t-il affirmé.
Selon lui, même si le projet sera réalisé par phases et sur plusieurs années, il coûtera toujours plus cher. « Une fois parti, ce ne sera pas arrêtable. Ce soir, on met le monstre au monde. Ça fait 37 ans que je suis élu, et je vais être témoin d’une des pires décisions qui a été prise de ma carrière. Mes parents me disaient : “Si tu es pour foncer dans un mur, freine!” Il semblerait que nous n’ayons pas eu tous les mêmes parents. Nous mettons les citoyens comme passagers du Titanic », a-t-il renchéri.
Ces déclarations ont piqué au vif M. Caron et il lui a répondu du tac au tac. « La promenade Gérard-Côté, ce n’est pas seulement un sentier pédestre au bord de l’eau. Ça va faire en sorte que tout notre centre-ville, dont les personnes à mobilité réduite, va pouvoir y avoir accès », a-t-il répondu.
M. Caron a aussi réitéré, comme sa collègue du district Saint-Sacrement, Annie Pelletier, lors du tour de table, que la promenade est un mur de protection essentiel et que les correctifs nécessaires à lui apporter ont été inclus dans le projet. Il a aussi souligné que tous les projets majeurs dans la ville se font actuellement par phases. « C’est un projet qui va rendre le centre-ville agréable. C’est un incontournable. On a un joyau qui traverse notre centre-ville et il est sous-utilisé. C’est dommage que tu n’embarques pas dans le projet, Bernard, car tu es une partie importante du conseil depuis plusieurs années. On va de l’avant et on va continuer », a-t-il conclu.
« C’est vrai que nous avons le bras dans le tordeur pour les phases 1 et 2, mais pas pour les phases 3 et 4, dont les plans ne sont pas faits, a mentionné le maire André Beauregard pour clore la discussion. Nous avons présenté ce projet aux citoyens en 2018 et les gens étaient emballés. C’est vrai que les coûts ont explosé, mais on va essayer d’être intelligents dans la réalisation. Peut-être que certaines choses seront coupées éventuellement, mais ce sont les membres du conseil qui décident et il y en a dix pour et un contre, alors nous allons octroyer le contrat. »
Le maire espère que les travaux débuteront dans les prochaines semaines.