Les candidats Chantal Soucy (CAQ), Daniel Breton (PQ), Marijo Demers (QS) et Annie Pelletier (PLQ) ont pu présenter à tour de rôle les propositions de leur formation politique sur chacun des thèmes sélectionnés à l’avance. La capacité d’écoute de l’assistance a été mise à rude épreuve, notamment par Mme Pelletier qui a essentiellement lu à voix haute le programme de son parti.
Au final, l’exercice ressemblait plus à un étalage des plateformes partisanes respectives qu’à un débat entre candidats sur des enjeux locaux, même si, à la toute fin, ils ont semblé ressentir le besoin d’interagir un peu plus. Dans les dernières minutes, Daniel Breton et Chantal Soucy ont chacun tenté de remettre en question la crédibilité de leur adversaire sur la question de l’exploitation des énergies fossiles. M. Breton a fait référence à un communiqué émis par la députée sortante en 2016, où elle demande au ministre de l’Énergie de « rassurer l’industrie en déclarant haut et fort que le Québec est intéressé aux investissements pétroliers et gaziers ». « Pas gaziers », a-t-elle tout de suite répliqué. Vérification faite, la citation était exacte. « C’est facile de prendre des citations très courtes, a poursuivi Mme Soucy, mais ce que je disais au gouvernement, c’est d’arrêter de mettre de l’insécurité économique parce que ce n’est pas bon pour le Québec à l’international », a-t-elle ensuite expliqué. Elle n’a pas manqué de rappeler à M. Breton son passage comme ministre de l’Environnement dans le gouvernement Marois. « Vous êtes responsable d’Anticosti, vous êtes responsable de la cimenterie McInnis, et vous essayez de me faire la leçon! », a-t-elle lancé. « Le Parti québécois a été favorable à des forages sur Anticosti. On a évolué et, maintenant, on dit que c’est terminé », a assuré M. Breton. Chantal Soucy a rappelé la position actuelle de la CAQ , qui est opposée à la fracturation hydraulique là où il y a une forte densité de population (ce qui inclut toute la vallée du Saint-Laurent) ou une absence d’acceptabilité sociale.
Éducation
Difficile de passer à côté du sujet des frais de scolarité dans un cégep, ce qui a permis à chacun d’exprimer sa vision des études supérieures. Marijo Demers a insisté sur le fait que la gratuité scolaire est avant tout un choix politique. « Mon adversaire caquiste va dire que c’est de la folie, que c’est pelleter des nuages. Moi je suis convaincue que ça ne l’est pas », a-t-elle affirmé, rappelant que les gouvernements ont choisi d’appuyer financièrement l’entreprise Bombardier ou la construction du Centre Vidéotron dans les dernières années.
Chantal Soucy a réitéré qu’il fallait limiter les frais afférents et les frais de scolarité à l’inflation en plus d’élargir l’accessibilité aux prêts et bourses. « Évidemment, dans un monde idéal, la gratuité scolaire serait au rendez-vous de tous les partis politiques, mais quand on est un parti responsable avec un cadre financier qui doit se tenir, on ne peut pas baisser les impôts, augmenter [sic] les frais de scolarité et faire des CPE gratuits. Il faut aussi être conscient que l’argent ne pousse pas dans les arbres », a rétorqué la députée sortante. Son parti souhaite aussi miser sur une « étroite collaboration » entre les universités et les entreprises.
Position similaire du côté de Mme Pelletier, qui a plaidé pour « maintenir l’indexation » des frais de scolarité afin d’assurer un « financement stable » du réseau. Pour favoriser l’accessibilité, « il y a des programmes très généreux de prêts et bourses qui existent », a-t-elle aussi soutenu. Considérant que le Québec a déjà les frais de scolarité les plus bas au Canada, il faut surtout valoriser l’éducation supérieure, croit la candidate libérale.
Pour Daniel Breton, « l’éducation est un investissement, pas une dépense », a-t-il clamé, plaidant lui aussi pour la gratuité scolaire. « Le premier but de l’éducation, c’est de former des citoyens responsables », a-t-il aussi soutenu, se disant en désaccord avec un certain discours selon lequel « il faut faire en sorte d’éduquer les étudiants pour qu’ils soient prêts à répondre aux besoins du marché du travail ».
Un moment gênant est survenu au tout début du débat lorsque Annie Pelletier a choisi de commencer sa présentation en évoquant un « malaise » à être présente. « J’ai eu comme information que Marijo Demers a fait venir Gabriel Nadeau-Dubois dans son cours. […] Ç’a passé très près que je dise non [à l’invitation] », a-t-elle lancé. « C’est faux. C’est de la désinformation », a immédiatement réagi l’enseignante de sciences politiques.
En faisant une petite recherche, on peut constater que Gabriel Nadeau-Dubois est effectivement venu au Cégep de Saint-Hyacinthe, mais en 2014, à l’invitation du département de philosophie, et en 2015, dans le cadre de la semaine des sciences humaines. Il n’a rejoint Québec solidaire que l’an dernier. Aux deux occasions, il a prononcé des conférences, d’abord à la salle Léon-Ringuet, puis à la salle Anne-Hébert. Mme Demers a fermement démenti être à l’origine de ces invitations.