7 juillet 2011 - 00:00
Un dernier coup de ciseau pour les Lachapelle
Par: Le Courrier
Guy Lachapelle, Lucille Bazinet et Gisèle Lachapelle.

Guy Lachapelle, Lucille Bazinet et Gisèle Lachapelle.

Guy Lachapelle, Lucille Bazinet et Gisèle Lachapelle.

Guy Lachapelle, Lucille Bazinet et Gisèle Lachapelle.

Gisèle et Guy Lachapelle font mentir tous ceux qui estiment que le marché du tissu est en voie d'extinction. Dans les locaux de leur commerce, Coupons & Tissage GG sur la rue Cartier à Saint-Hyacinthe, ça entre et ça sort comme dans un moulin! Bâtie à partir de rien, il y a 32 ans, l'entreprise maskoutaine s'apprête à changer de mains. LE COURRIER a rendu une dernière visite aux futurs retraités.

Gallon à mesurer autour du cou et sourire avenant, Gisèle Lachapelle, 71 ans, papillonne d’un client à l’autre. Malgré l’heure matinale, la couturière de formation mesure, coupe et tient la caisse. « Quand c’est ton magasin, tu n’as pas le choix », estime-t-elle.

Sans enfant, le couple de Saint-Hyacinthe a fait de Coupons & Tissage GG son bébé. Dans les temps les plus achalandés, Guy Lachappelle pouvait travailler jusqu’à 110 heures par semaine. « Maintenant, je ne fais que 70 heures », badine le jeune septuagénaire pétant de santé.Rien pourtant ne destinait le couple à un avenir d’entrepreneur. « Nous avons commencé avec une poche de laine et une poche de coton ouaté! », se rappelle Guy Lachapelle, lui-même incrédule de voir son entreprise toujours debout après tant d’années. C’était en 1979, alors que les usines pour lesquelles travaillaient les Lachapelle menaçaient de fermer leurs portes. « Nous avions une hypothèque à payer, alors nous nous sommes dit que la vente de tissus ferait un bon « side-line » en attendant de se trouver un nouvel emploi », résume-t-il.À l’époque, Gisèle et Guy Lachapelle recevaient la clientèle à domicile, le soir après le travail et passaient leurs fins de semaine dans les marchés aux puces. « Nous avons fait ça pendant six ans, à la fin, les gens n’appelaient même plus avant de venir à la maison », continue M. Lachapelle.Pour trouver suffisamment de tissus à prix compétitif, Guy Lachapelle faisait littéralement des pieds et des mains. « Nous n’avions pas pignon sur rue, alors c’était difficile de trouver des fournisseurs, j’allais donc me promener dans les rues de Montréal pour en trouver », explique-t-il.De fil en aiguille, ce qui ne devait être que temporaire a pris de l’ampleur. En 1985, Gisèle et Guy Lachapelle ont quitté leur emploi qu’ils avaient réussi à conserver et pour installer leur marchandise dans une première boutique sur la rue Sylva-Clapin et dans un entrepôt non loin de là. « Nous nous sommes acheté un job », indique Gisèle Lachapelle.En 2005, un incendie d’origine criminelle a bien failli avoir raison du couple qui gérait alors un magasin plein à craquer. « Je m’en rappelle comme si c’était hier, on a tout perdu », se souvient difficilement M. Lachapelle. Puisque l’entrepôt avait été épargné et qu’il contenait encore beaucoup de matériel, l’inépuisable duo, alors âgé de 66 ans, a relancé l’entreprise.« Nous avons loué ce local de la rue Cartier et engagé un employé afin d’écouler l’inventaire restant. Nous devions rester ici un an seulement, mais ça a fonctionné tellement bien que finalement nous sommes toujours là! », s’étonne encore M. Lachapelle.

Nouveau départ

En juillet, Coupons & Tissage GG ouvrira sous de nouveaux traits au coin des rues Papineau et Sainte-Anne. Après quelques décennies de travail acharné, Gisèle et Guy Lachapelle troqueront le gallon à mesurer et les ciseaux pour l’arrosoir et le marteau.TEXTE:« On va pouvoir jardiner, voyager, bricoler, mais on n’a pas encore eu le temps de vraiment penser à notre retraite », avoue Guy Lachapelle, soulignant qu’il n’oubliera pas son entreprise si facilement. « Je ne regrette pas notre décision, mais c’est sûr qu’on va y penser le matin en se levant. »Une chose est sûre, leur précieuse boutique survivra grâce à Lucille Bazinet. Employée par les Lachapelle depuis quatre ans, elle reprend les rênes de Coupons et Tissage GG avec enthousiasme. « J’ai vu le potentiel de l’entreprise », a mentionné celle qui souhaite conserver l’esprit familial et convivial de l’endroit.

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