Le Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe (CSSSH) a confirmé avoir mandaté l’entreprise Arboriphil, gérée par Philippe Rhéaume, pour l’abatage d’un arbre et l’émondage de quelques arbres à l’école Douville.

« Pour le moment, nous en savons très peu sur les circonstances ayant mené à cette situation tragique. Le CSSSH est de tout cœur avec les proches et la famille de cette personne », a indiqué la régisseuse aux communications de l’organisation, Esther Charrette.

Selon ce que LE COURRIER a appris, une branche coupée qui devait tomber au sol s’est plutôt entremêlée dans un fil haute tension d’Hydro-Québec avant de heurter Philippe Rhéaume. La branche est alors devenue un véritable fil conducteur et l’émondeur aurait été électrisé pendant plusieurs minutes avant de pouvoir être descendu. La vigilance d’un chef monteur d’Hydro-Québec, qui résidait tout près, aurait permis de mettre fin à cette scène horrible au même moment où les secours accouraient.

« Bien des gens ne se seraient même pas rendus à l’hôpital dans un tel accident », a souligné Matthieu B. Laramée, meilleur ami et frère de cœur de Philippe Rhéaume, dans un généreux entretien accordé au COURRIER.

Vu l’intensité de la décharge électrique et la durée du choc, cela relève pratiquement du miracle que l’émondeur ne soit pas mort sur le coup. Son cœur s’est d’ailleurs arrêté durant l’accident, mais il a pu être réanimé. Le Maskoutain ne s’est toutefois jamais réveillé par la suite.

« Présentement, il est dans le coma, a confié Matthieu B. Laramée lorsque joint mardi. Il est branché de partout, mais son cœur bat normalement. Il n’a pas d’assistance cardiaque. »

À moins d’un changement dans son état, les médecins envisageaient d’essayer un réveil progressif mardi, a indiqué son ami, qui devait justement retourner à son chevet dans la soirée. « La grosse inquiétude, c’est au niveau du cerveau », a laissé tomber M. Laramée.

Certains signes sont tout de même encourageants. Le cerveau semble continuer d’envoyer des signaux au corps, notamment au moment d’uriner. « Les médecins sont agréablement surpris de la façon dont il réagit », a relaté l’ami de l’émondeur.

Toutefois, les séquelles physiques sont importantes. Sa peau a été grandement brûlée par le choc avec la ligne haute tension. « Il est loin d’être sorti du bois, mais c’est quand même encourageant dans les circonstances », a-t-il poursuivi.

« Philippe, c’est un solide, un tough. Dans nos chums, on est tous des gars de la construction et s’il y en a un qui est en mesure de surmonter ça, c’est lui. »

Philippe Rhéaume ne réalisait pas les travaux seuls. Un de ses amis l’accompagnait au sol pour recueillir les branches qui tombaient. Il a lui aussi été transporté à l’hôpital pour traiter un violent choc nerveux après avoir assisté à la scène d’horreur, impuissant.

Un émondeur d’expérience

Même s’il y a lieu de se demander si toutes les précautions ont été prises, Matthieu B. Laramée estime que Philippe Rhéaume a simplement été victime de malchance.

« Ça fait au-dessus de 15 ans qu’il travaille dans l’émondage. Il a toutes ses certifications. […] Ce n’est pas un amateur ou un jobineux, il sait très bien ce qu’il fait », a affirmé l’ami de l’émondeur.

Au registraire des entreprises, on peut constater que l’entreprise Arboriphil qu’il gère est en activité depuis 2022. Selon les informations qu’on y trouve, Philippe Rhéaume avait tenté de lancer son entreprise en 2010, mais l’aventure avait été de courte durée. Il s’est relancé en affaires l’an dernier, avec plus de succès.

« Philippe n’a pas eu le même parcours que bien des gens, mais depuis deux ans, ça allait du bon bord et il recommençait à voir la vie du bon côté. C’est vraiment triste qu’un accident comme ça lui arrive en ce moment », s’est désolé Matthieu B. Laramée.

La nouvelle de son accident a d’ailleurs créé une onde de choc dans la communauté maskoutaine. Plusieurs amis et connaissances lui ont témoigné du soutien et de l’appréciation.

« Hier, je lui ai parlé pendant quasiment une heure de temps même s’il est dans le coma. Je lui disais qu’il n’a pas idée à quel point il y a beaucoup de gens qui sont derrière lui. Je lui ai répété souvent en espérant que ça lui serve quand il va se réveiller », a partagé avec émotion M. Laramée.

À la suite de l’accident, la CNESST a ouvert une enquête, mais le dossier a rapidement été clôt puisqu’il a été statué que Philippe Rhéaume n’est pas un « travailleur » au sens de la loi, a fait savoir le porte-parole régional, Yvon Grégoire. Comme l’émondeur gère sa propre entreprise, il est considéré comme un travailleur autonome et n’est donc pas éligible à une indemnisation puisqu’il ne verse pas de cotisation à la CNESST. De plus, il était accompagné d’un ami pour l’exécution des travaux – et non d’un employé –, ce qui n’est pas considéré comme un « travailleur » par la CNESST. Il n’y aura donc pas d’enquête approfondie pour savoir si des précautions supplémentaires auraient dû être prises lors de la réalisation des travaux.