23 janvier 2014 - 00:00
Acceptation de l'orgue Pierre-Béique à la Maison symphonique de Montréal
« Un événement unique dans l’histoire de Casavant »
Par: Maxime Prévost Durand
« Je confirme l'acceptation de l'orgue Pierre-Béique de l'OSM. » Après plus de 36 000 heures de travail acharné et un processus qui a duré près de huit ans, le grand orgue construit par Casavant Frères, de Saint-Hyacinthe, a joué ses premières notes à la Maison symphonique de Montréal à l'occasion de son acceptation par l'organiste émérite de l'Orchestre symphonique de Montréal (OSM) et titulaire des Grandes Orgues de Notre-Dame de Paris, Olivier Latry.

Il s’agit du plus grand orgue à traction mécanique jamais construit par le facteur maskoutain, un projet de 4,5 M$ qui a été réalisé grâce à un don de Jacqueline Desmarais, veuve de Paul Desmarais. « C’est un événement unique dans l’histoire de Casavant que d’avoir un grand orgue de salle de concert, chez nous, à Montréal, et d’en faire la réception devant les médias », a souligné Jacquelin Rochette, directeur artistique de Casavant Frères.

C’est avant tout un grand sentiment de fierté qui animait M. Rochette lorsque cet imposant instrument a joué ses premières notes devant public. « Avec l’acceptation, on nous dit : voilà, ça rencontre ce qu’on avait demandé, ce que l’on souhaitait. »Les défis ont été nombreux tout au long du processus. Surtout dans les contraintes de temps. Moins de huit mois pour dessiner l’orgue et construire sa façade afin qu’elle soit prête pour l’inauguration de la Maison symphonique de Montréal en 2011. « Un premier défi de relevé. »Seulement trois semaines pour procéder à l’installation des tuyaux se trouvant derrière la façade, non visibles du public. Tous les tuyaux doivent être installés en passant par l’ouverture de la console, même les plus longs mesurant 32 pieds de long. « Deuxième défi de relevé. »A suivi l’harmonisation des 6 489 tuyaux qui composent le Grand orgue Pierre-Béique. Un travail réalisé la nuit, après les spectacles prenant place à la Maison symphonique.Et voilà que le 16 janvier, tout était prêt. L’orgue a pu être entendu dans toute sa splendeur pour la première fois devant public. Il peut jouer très doux, tout comme il peut exprimer toute sa puissance, ce qu’Olivier Latry s’est fait un plaisir de démontrer. Des tuyaux à bouche et des tuyaux à anche ont été utilisés dans la fabrication. Les plus observateurs pourront remarquer sur la façade les tuyaux à bouche en position horizontale, alors que les tuyaux à anche sont positionnés de façon verticale, dirigés vers le public.Il ne reste maintenant plus que le rodage avec l’orchestre avant le concert inaugural du 28 mai. Pour l’occasion, l’organiste en résidence, Jean-Willy Kunz, créera une oeuvre commandée au compositeur canadien Samy Moussa.

Marquer les générations

L’instrument en soit est imposant, avec ses milliers de tuyaux, pesant plus de 25 tonnes au total. Il comprend également deux consoles, une première à action mécanique – celle située au balcon – et une seconde à action électropneumatique. Chacune de ces consoles travaille indépendamment l’une de l’autre. « Elles sont reliées aux mêmes soupapes, mais il n’y a aucune connexion directe entre les deux, ce qui fait deux orgues, deux mécanismes, qui agissent sur les mêmes tuyaux », explique Jacquelin Rochette.

Avec une telle prestance et un son aux mille et une possibilités, on souhaite ainsi avoir produit un instrument unique qui saura marquer les générations.« Dans les années à venir, je ne sais pas comment ce sera perçu, raconte le directeur artistique de Casavant. Aujourd’hui, on écoute d’une manière, alors que dans 50 ans, nos enfants et petits-enfants écouteront peut-être d’une manière différente. Ils vont peut-être juger qu’on a fait des choses qui sont complètement aberrantes, même si j’espère que non. J’espère juste qu’il en restera suffisamment pour qu’on dise que ce qu’on a fait, c’est beau et ça émeut encore. »

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