Quelques jours après l’annonce, Mme Gagné n’avait encore reçu aucun appel de citoyens ou de promoteurs mécontents qui se trouvent dans la zone visée de 1,4 kilomètre carré où l’on trouve quelque 638 unités d’habitation aux mains de 266 propriétaires. Signalons que l’entreprise Jefo échappe de justesse à cette interdiction, elle dont les installations et les terrains de la rue Martineau se trouvent tout juste hors de la zone critique. Elle pourra donc poursuivre ses projets sans aucune contrainte en lien avec cette décision.
Cette dernière s’imposait, assure Mme Gagné. « Je suis contente que nous nous attaquions au problème en mettant à niveau l’usine d’épuration. Il est sage d’interdire la construction pendant trois ans, la prudence est de mise. »
Elle a néanmoins indiqué que le Centre de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Est a assuré que le gaz causant les odeurs désagréables ne représente pas un risque pour la santé, dans les proportions actuelles. « Par contre, les désagréments causés par les odeurs quand il fait très chaud ou qu’il y a de grands vents, c’est incommodant. C’était suffisant pour justifier cette décision. »
Selon elle, une majorité de promoteurs se montrent compréhensifs depuis l’adoption de règlement de contrôle intérimaire en 2023 qui limite la construction dans d’autres secteurs de la Ville également. À son avis, la Ville doit faire preuve d’extrême prudence dans sa gestion des eaux usées. « Nous avons cette préoccupation dès qu’un projet d’envergure nous est soumis. Dans l’avenir, nous allons continuer de traiter les dossiers à la pièce avec encore plus de vigilance. »
Enfin, elle ne croit pas qu’interdire la construction sur l’ensemble du territoire soit nécessaire, même si des ajustements pourraient être faits en cours de route.
L’Environnement à l’écart
Le ministère de l’Environnement a confirmé au COURRIER ne pas être impliqué dans le dossier à l’heure actuelle, même si la réglementation découle d’un problème de rejets malodorants dans l’air en lien avec des activités municipales.
Il n’a pas non plus donné de constats d’infraction à la Ville de Saint-Hyacinthe depuis les 11 qu’il lui a adressés pour des entorses à la Loi sur la qualité de l’environnement entre 2015 et 2018.
Cette année, la Ville a été condamnée à payer plus de 100 000 $ pour le déversement d’eaux usées ayant causé la mortalité de milliers de poissons dans la rivière Yamaska en juin 2016. En 2019, la Ville avait aussi reçu quatre sanctions de diverses natures.
Une députée en attente
Interpellée par LE COURRIER, la députée de Saint-Hyacinthe, Chantal Soucy, ne voit pas pourquoi le ministère de l’Environnement aurait besoin de s’immiscer davantage dans ce dossier à ce stade-ci.
Elle ne s’est pas non plus impliquée dans le dossier de la mise aux normes de l’usine d’épuration de Saint-Hyacinthe depuis juillet 2020 alors qu’une subvention de 25 M$ lui avait été octroyée pour des projets d’infrastructures d’eau, dont la mise aux normes de l’usine d’épuration. Il s’agit d’un investissement conjoint du provincial et du fédéral.
C’est un projet de 11 M$ qui avait été soumis en 2017 pour augmenter la capacité de traitement de l’usine d’épuration. Maintenant, les travaux majeurs de mise aux normes sont estimés à 110 M$ par la Ville. La députée indique que la Ville devra sortir l’argent de ses poches ou faire une demande de subvention dans un autre programme pour couvrir la différence. Jusqu’ici, Mme Soucy n’a pas été interpellée par la Ville pour l’accompagner dans de nouvelles démarches de financement.