Apprécié et connu de tous, il avait à coeur le bien-être de sa communauté.
« C’est un monument dans la région, un homme droit, engagé et disponible. C’était un grand entrepreneur et bâtisseur », estime l’animateur et ancien président de la Fondation Aline-Letendre, Marc Perreault, qui le connaissait depuis une douzaine d’années.
Originaire de Montréal, Roger Duceppe visait au départ le théâtre, mais s’est redirigé vers les communications au tournant des années 1960. Après un court détour à Victoriaville, il a fait véritablement ses classes à partir de 1962 à la radio locale CKBS (l’ancêtre de BOOM FM) où il était animateur et représentant commercial. Les auditeurs pouvaient entre autres entendre sa voix tous les matins à l’émission Du pep avec Duceppe.
Ce dernier a ensuite pris les rênes de la station à l’âge de 29 ans, en 1969, en devenant directeur, puis directeur général et actionnaire jusqu’en 1988. Sous sa gouverne, CKBS a pris son envol, lançant les carrières de Paul Arcand, Raymond Saint-Pierre, Pierre Arcand, René Pothier, Michel Viens et plusieurs autres. « M. Duceppe était un mentor pour bien des gens. Il a fait beaucoup de choses pour développer la radio, la faire évoluer. Il avait toujours plein d’idées, il innovait », poursuit Marc Perreault.
« J’ai toujours eu en tête de former de jeunes Maskoutains, souvent issus de la radio du Séminaire, de leur donner un tremplin. Je n’ai jamais ressenti de frustration de les voir quitter, au contraire. J’ai toujours eu une grande fierté de les voir apprendre leur métier ici et de les voir partir », racontait d’ailleurs Roger Duceppe au COURRIER en 2011, alors qu’on lui décernait le titre de personnalité du mois d’avril, puis de personnalité de l’année en juin.
L’homme au micro a également contribué à l’essor de la télévision locale maskoutaine en 1975, suggérant, avec Lucien Caron, l’idée de créer une nouvelle station aux actionnaires de Radio Saint-Hyacinthe, qui opérait CKBS à l’époque.
Il a continué à prêter sa voix à des émissions et pour des entrevues et des animations à la télévision, même après son départ de la radio. « Je n’ai jamais compté le nombre de téléthons que nous avons réalisés, mais je suis persuadé que nous avons battu des records. C’était un plaisir de travailler avec toi, tu vas me manquer », a réagi sur la page Facebook du COURRIER l’ancien directeur de la programmation de la télévision locale câblée, Jacques Bilodeau, à l’annonce du décès de son complice de longue date.
Ses années à l’Hôtel-Dieu
À la suite de la vente de CKBS à Cogeco en 1988, Roger Duceppe, à la recherche d’un nouveau défi, s’est alors tourné vers la Fondation Aline-Letendre. Après avoir passé 26 ans à la radio maskoutaine, le grand communicateur mettra pendant 22 ans ses talents au service des résidents de l’Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinthe ainsi qu’à leur qualité de vie.
« C’est une personne avec beaucoup d’empathie, il est tourné vers les autres. Il est tombé là-dedans comme un poisson dans l’eau. Il a bâti la Fondation à partir de rien, petit à petit », témoigne l’ancien directeur général de la Ville de Saint-Hyacinthe et ancien président de la Fondation Aline-Letendre, Alain Rivard, qui l’a côtoyé pendant 14 ans.
La Fondation, mise sur pied en 1984, n’était qu’à ses balbutiements à l’arrivée du radiophile, qui a réussi à recueillir au fil des ans un impressionnant montant de 5 millions de dollars. « C’était un homme d’un calme rassurant, avec une prestance naturelle, qui nous apaisait tous. C’était aussi un homme d’idées », soutient l’actuelle directrice générale de la Fondation Aline-Letendre, Christine Poirier, qui a pris la relève en 2011.
Des idées, Roger Duceppe en avait à profusion. C’est sous son règne que le Music-Hall des aînés, la course de P’tits canards, le Télé-Bingo, le Défi Vélo ou encore la loterie « Un p’tit 1000 $ + » ont vu le jour. « La réputation de la Fondation, plus de 30 ans plus tard, c’est à lui qu’on la doit », ajoute Alain Rivard. Ses nombreuses campagnes de financement sont devenues, édition après édition, des événements communautaires incontournables, comme le fameux mariage des mascottes canards Théo et Antoinette en juin 2001. Après avoir décidé de prendre sa retraite en 2011, Roger Duceppe est tout de même demeuré jusqu’à tout récemment à l’Hôtel-Dieu, s’occupant à temps partiel des dons planifiés.
La force de la parole
La grande expertise dans le domaine des communications et la qualité d’orateur de Roger Duceppe ont été soulignées dans tous les témoignages recueillis par LE COURRIER.
Le restaurateur Paul-Émile Parenteau, ancien responsable du comité organisateur de la course de P’tits canards, sera pour toujours reconnaissant envers son ami proche. « Il m’a aidé à parler en public, avant je mettais mes mains dans mes poches. C’est une chose que je n’oublierai jamais, c’est grâce à lui si je fais des événements aujourd’hui », signale-t-il. Même son de cloche du côté de Christine Poirier, qui a appris à mieux s’exprimer publiquement grâce aux bons conseils de son prédécesseur.
Celui qui avait beaucoup de flair pour dénicher de nouveaux talents est aussi reconnu pour son écoute, sa gentillesse et sa détermination. « Il avait toujours un projet en tête, se souvient Paul-Émile Parenteau. Il était impliqué dans tout. » Roger Duceppe avait même tenté de se présenter aux élections municipales de 1996 dans le district Notre-Dame, mais avait été finalement battu par Réal Saint-Pierre. Le modèle de nombreuses personnes aura été actif jusqu’à la toute fin de sa vie, organisant au Parvis au mois de mai des retrouvailles des anciennes têtes d’affiche des médias maskoutains.
Les funérailles de M. Duceppe seront célébrées le 4 juillet à 11 h à l’église paroissiale de Sainte-Rosalie.