Reste à voir si toutes les promesses seront tenues et si un semblant de transparence sera au rendez-vous. Le temps nous le dira. Du temps, justement, il en a fallu pas mal pour arriver à la création de ce « guichet unique ». Trois bonnes années de gestation. Et on nous le présente comme étant ce que l’homme a pu faire de mieux depuis l’invention du pain tranché, alors qu’on a en somme revampé une ancienne formule.
On semble oublier qu’un guichet unique n’a rien de si nouveau chez nous. C’est la situation qui prévalait déjà dans les belles années du Centre local de développement (CLD) les Maskoutains, auquel était associée la Cité (secrète) de la biotechnologie. Relevant de conseils d’administration indépendants pas tant, ces deux entités logeaient au même endroit, sur un seul site, n’avaient qu’une seule direction générale et se partageaient la même équipe. Mais avec beaucoup de confusion pour les non-initiés, tellement les vases communicants entre le CLD et la Cité étaient nombreux.
Ce guichet unique de première génération a eu du bon et du mauvais, voire du très mauvais vers la fin, quand est apparu un laxisme certain au niveau de la gouvernance. Et au fil des années, l’ancien CLD avait aussi indisposé certains maires de la MRC par une vision centralisatrice. Ils reprochaient à l’ancienne direction de n’en avoir bien trop souvent que pour Saint-Hyacinthe et sa cité de la biotechnologie en émergence.
La nouvelle mouture promise par ce CLD 2.0 est plus simple, en théorie. On a fondu la structure qui avait pris la relève du CLD (Développement économique de la MRC des Maskoutains) dans Saint-Hyacinthe Technopole. Mais même s’ils seront réunis sous un même toit, certains employés de ce guichet unique sont payés par Saint-Hyacinthe Technopole, alors que d’autres demeurent sous le giron de la MRC.
Le partage des responsabilités n’est pas évident, mais la notion de guichet unique est la valeur ajoutée qu’on s’efforce de mettre de l’avant pour convaincre tout le monde, dont les élus de la MRC, de ne pas se soucier des petits détails. Comme le fait que, malgré l’apport de fonds publics pour assurer son financement, le nouvel organisme continuera d’être privé et de pouvoir dépenser en toute impunité, avec l’appui de son conseil d’administration.
La direction pourra continuer d’accorder des contrats de plusieurs millions de dollars pour la construction d’immeubles, sans devoir procéder par appel d’offres public. Elle pourra aussi continuer d’acheter des édifices si l’opportunité se présente.
Le montage financier confirmerait le caractère privé de Saint-Hyacinthe Technopole, nous dit-on sans le prouver. On s’est assuré que le financement public qu’elle reçoit soit moindre que les revenus autonomes qu’elle génère par la location d’espaces industriels.
Et à la question de savoir en quoi ce nouveau modèle de gouvernance sera à l’abri de la dérive qui a mené à la perte de l’ancien CLD, on nous assure qu’une attention particulière sera apportée à la composition du conseil d’administration. C’est à souhaiter.
Parmi tous les défis qui se présentent au directeur général de Saint-Hyacinthe Technopole, on retiendra la nécessité de ratisser large. André Barnabé devra démontrer qu’il est aussi préoccupé par le développement économique de la région maskoutaine que par celui de la ville-centre. Ses interventions prochaines du côté de Saint-Pie, qui souhaite se positionner davantage sur le plan industriel, et à Sainte-Marie-Madeleine, à l’égard de ce qu’il adviendra des installations de Semex, seront un bon indicateur pour la suite des choses. Le DG et ce CLD 2.0 seront jugés par leurs actions et leurs résultats. Les attentes sont élevées, car tous les regards sont maintenant concentrés au même endroit et sur les mêmes personnes. C’est l’avantage, et l’inconvénient, d’un guichet unique…