Des fois se taire, c’est une maudite bonne affaire pis s’il y en a un qui devait le savoir, c’est ben Carey Price. Il l’a fait si souvent de brillante façon. Et si dans son illustre carrière, le gardien de but numéro 31 a fait des arrêts extraordinaires, cette semaine, il a scoré dans son but en en laissant passer une grosse comme un ballon de plage.
Une publicité pour un lobby des armes à feu utilisant sans remords le code promo #poly pour offrir un rabais à ses membres… juste avant les commémorations de la tuerie de l’école Polytechnique, c’était maladroit.
Si seulement il s’agissait d’ignorance. Mais non. Il savait très bien ce qu’il faisait, ce qu’il visait. Il aura au moins prouvé qu’un bon chasseur n’a besoin que d’une chance pour toucher sa cible. Parce qu’au final, dans cette controverse médiatique, on aura plus parlé de la photo d’un homme et de son gun que des victimes de Poly. C’est sans doute ce qu’il voulait. Mais ça n’arrivera pas.
Je me souviens très bien de cette soirée du 6 décembre 1989. Où j’étais, ce que je faisais, ce que j’ai pensé, ressenti. Elles avaient mon âge. Je me rappelle l’horreur et la douleur qui m’ont envahi, mais aussi la peur dans les yeux de mes sœurs. Et même après tout ce temps, cette peur n’est jamais vraiment disparue. Alors, tant et aussi longtemps qu’il le faudra, je serai aux côtés de mes sœurs et quoiqu’en disent tous les Carey de la Terre, je vais me taire.
Pour que chaque 6 décembre, nous pensions à Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick, Barbara Klucznik-Widajewicz, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia Pelletier, Michèle Richard, Annie St-Arneault et Annie Turcotte.