Ce sinistre est le plus récent rebondissement d’un dossier qui ne manquait déjà pas de zones grises et qui alimentait déjà toutes les conversations à Acton Vale depuis que la faillite de 23,8 M$ de l’entreprise avait été médiatisée il y a une semaine à peine.
Dans les circonstances, personne ne sera étonné d’apprendre que les autorités considèrent cet incendie comme « suspect » et que la Sûreté du Québec (SQ) a ouvert une enquête.
C’est vers 5 h 15 samedi matin que l’alerte a été sonnée par un passant. Les pompiers volontaires d’Acton Vale n’ont pas mis de temps à se présenter sur place puisque la caserne est située juste en face des locaux administratifs de Gaudet où se trouve également l’une des deux unités de production de la pâtisserie en sol valois.
Au cœur du centre-ville, le siège social est composé de cinq bâtiments collés les uns sur les autres. Il est entouré d’immeubles à vocation commerciale et résidentielle locative qui ont dû être évacués par mesure préventive lors de l’intervention.
À l’arrivée des premiers pompiers, sous la gouverne du directeur adjoint par intérim Mario Daragon, une intense fumée et des flammes sortaient déjà des fenêtres à l’étage et ravageaient le toit. Aussitôt, on a fait appel aux pompiers des villages environnants.
Ceux d’Upton et de Roxton Falls sont venus prêter main-forte à leurs collègues.
Ensemble, ils ont mené une intervention offensive dans l’espoir d’éviter une propagation générale à tout le pâté de maisons et tenter de limiter les pertes. Avec succès.
Au plus fort de l’intervention qui a nécessité la collaboration de 45 pompiers, une bonne quinzaine ont combattu les flammes de l’intérieur, se félicite le directeur par intérim du Service des incendies d’Acton Vale, Jean Fontaine. Aidé de son adjoint et par le directeur du Service de sécurité incendie d’Upton, il a réussi à renverser la vapeur et à maîtriser l’incendie sans avoir recours à de la machinerie lourde. Même si l’édifice est considéré comme étant une perte totale, le fait qu’il soit encore debout facilitera d’autant le travail des enquêteurs.
Selon nos informations, il n’y avait aucune trace d’entrée par effraction aux différentes portes et fenêtres de l’immeuble quand les pompiers se sont présentés. L’incendie aurait pris naissance dans les bureaux administratifs situés à l’étage, une information qui reste toutefois à être confirmée par la SQ.
Du côté du Service des incendies, on rapporte que l’alimentation en gaz de l’immeuble avait été coupée dans les jours précédant le feu et qu’il n’y avait pas d’alarme en fonction à leur arrivée sur place. Ce n’est que vers 18 h 30, en fin de journée samedi, que les pompiers ont pu terminer leur travail et remettre la scène aux enquêteurs de la SQ, sous le regard de nombreux curieux qui ont défilé sur place toute la journée durant.
La machine à rumeurs allait bon train et elle n’a pas dérougi depuis, tout particulièrement parmi les anciens employés qui se perdent en conjectures. « C’est un drôle de timing et c’est assez curieux tout ça. Je ne veux pas faire ma langue sale, mais nous ne sommes pas à une chose bizarre près. C’est malheureux quand même de voir cette usine brûler comme ça. J’ai plein de souvenirs qui y sont rattachés», a témoigné Ghislain Dumont, l’un des plus anciens employés de la Pâtisserie Gaudet avec ses 37 ans de services.
Son père y a aussi travaillé pendant 32 ans. La famille Dumont a même habité dans l’un des immeubles du siège social de la rue MacDonald jusqu’en 1979, avant de devoir quitter les lieux au profit d’un agrandissement. Ghislain Dumont connaît donc l’usine et ses rouages comme le fond de sa poche. « La bonne nouvelle si on peut dire, c’est que l’usine du centre-ville n’était plus vraiment fonctionnelle au moment de l’incendie. De la machinerie et des équipements avaient été sortis pour des fins de réparation et les fournisseurs refusaient de les ramener tant qu’ils ne seraient pas payés. L’usine B du parc industriel est encore debout et 80 % de la production pourrait reprendre rapidement. Quand tout va bien, on peut y produire facilement 10 000 tartelettes à l’heure. À mon avis, une relance est donc encore possible dans la mesure où des investisseurs seraient toujours intéressés. »