9 mars 2023 - 07:02
Municipalisation de l’aéroport de Saint-Hyacinthe
Un jour, peut-être
Par: Martin Bourassa
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa

On savait depuis septembre 2021 que la Ville de Saint-Hyacinthe avait, à regret, fait son deuil de la municipalisation de l’aéroport de Saint-Hyacinthe, une idée à laquelle tenait beaucoup l’ex-maire Claude Corbeil. Mais on n’a jamais su trop pourquoi. Pourquoi il y tenait tant et surtout pourquoi la Ville n’y a pas donné suite.

Mais après avoir procédé à une vérification diligente et analysé rigoureusement des études indépendantes, les élus avaient estimé que le jeu n’en valait pas la chandelle. Les investissements requis étaient jugés trop élevés compte tenu du potentiel du projet et des retombées attendues. Un communiqué de quatre paragraphes avait mis fin à un long débat.

Sachez que l’idée de doter Saint- Hyacinthe d’un aéroport municipal en transformant l’aérodrome privé du secteur Douville remonte à une suggestion du maire Jacques Lafontaine… en novembre 1966! Le projet est revenu ici et là dans l’actualité, tantôt par l’entremise de la MRC des Maskoutains, tantôt de la Ville de Saint-Hyacinthe. Jusqu’à ce que la MRC y renonce définitivement à l’été 2021, suivie par la Ville de Saint-Hyacinthe peu de temps après. Fin de la discussion? Pas vraiment. Dès que la décision de la Ville de Saint-Hyacinthe est tombée, nous avions entrepris de connaître ses tenants et ses aboutissants en demandant les études sur lesquelles s’appuyaient nos élus.

La MRC a répondu favorablement à notre requête en nous transmettant l’analyse d’acquisition, de gouvernance et de relance de l’aérodrome de Saint-Hyacinthe réalisée par la firme Octant Aviation. Le document était presque complet et somme toute assez positif. On y disait que le propriétaire de l’aérogare avait « géré consciencieusement l’infrastructure » et qu’avoir un aéroport sur son territoire s’avère une richesse inestimable pour une MRC ou une municipalité. Octant Aviation confirmait son énorme potentiel et la solidité du plan de relance, mais cela n’a pas réussi à convaincre la MRC. Peu après, la Ville de Saint-Hyacinthe mandatait la même firme pour mener la vérification diligente préachat. Une transaction semblait imminente jusqu’à la réception dudit rapport au ton beaucoup moins positif que le premier. Il nous aura toutefois fallu patienter presque 18 mois pour obtenir cette analyse grâce à l’intervention de la Commission d’accès à l’information.

Comme vous le savez, il s’est passé beaucoup de choses entre l’envoi de notre demande et la réception du document tronqué de ses recommandations et de quelques passages qu’on devine délicats. Un organisme sans but lucratif formé de gens d’affaires mordus d’aviation a acquis l’aérodrome en octobre 2021 grâce à l’appui financier de la Ville de Saint- Hyacinthe. L’entente lie la Municipalité à l’OSBL pour plus de 2 M$ par année jusqu’en 2042, sans parler des 3,6 M$ que devra aussi investir la Municipalité pour la réfection des infrastructures. Voilà une maudite bonne raison de s’y intéresser.

À la lecture de la vérification diligente qui n’a pas été une partie de plaisir à réaliser, selon Octant Aviation, on ne peut s’étonner que la Ville ait renoncé à cette acquisition. L’analyse s’est déroulée sans une grande collaboration du propriétaire de l’aérodrome et avec énormément de résistance des propriétaires de hangars. Elle a révélé plusieurs anomalies, dont une tenue de livre à l’ancienne et une gestion archaïque, une facturation aléatoire, des ententes notariées et verbales contradictoires ou nébuleuses ainsi que des problèmes de servitudes et de zonage. Pas très vendeur comme rapport. Mais grâce à lui, on mesure aussi pleinement tout le défi qui attend ses nouveaux propriétaires. Un défi qu’ils ne pourraient jamais relever sans le support financier de la Ville de Saint-Hyacinthe. Je crois d’ailleurs que l’engagement annuel a été sous-estimé, qu’il faudra l’indexer rapidement et qu’il devra se poursuivre bien au-delà de 2042.

On ne souhaitera pas de malheur aux administrateurs de l’aéroport, mais les zones de turbulences sont nombreuses. En plus de la remise en état de la piste qu’ils ne peuvent qu’élargir, ils doivent aussi s’attaquer à des problèmes connexes comme la gestion des eaux usées. Est-ce que les subventions pourront servir à cela ou faudra-t-il une autre aide financière de la Municipalité?

Dans le pire des scénarios, il ne faudra pas se surprendre si la municipalisation devait se produire un jour par la bande lorsque l’OSBL aura épuisé toutes ses réserves et ses bénévoles. Cette conclusion est même prévue à l’entente…

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